Élections : la question du repos dominical est-elle clivante ?
En France, la loi l’appelle « repos dominical », repos hebdomadaire dû le dimanche. C’est gravé dans le marbre mais certains, à droite comme à gauche, voudraient que ce marbre ne fût pas si dur, songeant de plus en plus à effacer le noyau d’un ordre social historique. On réaffirme le principe dans une nouvelle loi, mais c’est pour mieux le bafouer en généralisant ce qu’on nomme un peu vite dérogations. On emploie les mots positifs d’« assouplissement », de « rénovation » pour ne pas dire tout de go qu’on veut banaliser ce temps hors marchand. Faire main basse sur un droit.
Le jour fixe de l’abstention du travail, tous ensemble, repos dominical depuis des siècles est pourtant un pilier, pilier du modèle social et culturel européen. Il pourrait tout aussi bien être appelé « dimanche chômé » ou « dimanche sans travail ». C’est l’appellation que l’Alliance européenne pour le dimanche a retenue pour sa première journée d’action, ce dimanche 4 mars 2012.
Le dimanche ne ressemble pas aux six autres jours de la semaine. Jour à part, il a un visage tout autre. Jour cardinal, amont et aval des autres jours, il est jour spécial dans une vision du temps ordonné, jours des liens, jour d’élévation spirituelle comme l’écrivent dans leur Constitution les Allemands que nous prenons pour modèle.
Depuis la bataille de la loi Mallié en août 2009, du nom du député (UMP) qui l’a portée, rien ne va plus. Loin d’avoir réglé des situations absurdes, le vote a jeté de l’huile sur un feu qui ne s’est pas éteint. Loin s’en faut. Raviver la flamme de la querelle à quelques jours d’échéances majeures relève d’une imprudence que bien des députés de la majorité n’ont pas manqué de relever, comme Marc Le Fur. À gauche, on n’est pas moins inquiet.
La journée européenne pour un dimanche sans travail
Question de justice fondamentale, le repos dominical, quoi qu’on dise, n’est pas clivant. Nicolas Sarkozy par la voix de Frédéric Lefebvre a réaffirmé à Annecy sa position libérale, celle de continuer ces fameux « assouplissements ». François Hollande ne dit pas autre chose quand il promet « une souplesse » supplémentaire. Ce n’est pas un « non » catégorique comme les assènent d’autres candidats, de Marine Le Pen, à Nicolas Dupont-Aignan en passant par Jean-Luc Mélenchon, ces candidats des indignés, des invisibles, des anonymes. Et pour cause. Les choses ne viennent-elles pas de plus haut ? de la commission Attali qui décide en ses propositions 136 et 137 de généraliser le travail le dimanche ? Jacques Attali, l’homme de gauche appelé au secours au lendemain des élections de 2007. Sera-ce la même chose au lendemain de 2012 ? Les abstentionnistes, le premier parti à convaincre, a de la mémoire.
L’Association pour la Fondation de Service politique, membre de la première heure de l’European Sunday Alliance, suit désormais l’actualité du dimanche depuis trois ans et demi. Pour la Journée européenne d’action en faveur de d’un dimanche sans travail, elle vous propose un dossier spécial « repos dominical » aux quatre dimensions : théologique, politique, sociale et artistique. Et s’associe aux initiatives de laCFTC et du Collectif des Amis du Dimanche qui préparent des actions devant des magasins ouverts illégalement, comme en Ille-et-Vilaine, avec le relais du diocèse de Rennes. Les chrétiens se mobilisent : enfin !
Hélène Bodenez
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