Vote du pacte de stabilité à l'Assemblée nationale, ce mardi 29 avril : Manuel Valls a du mal à composer avec sa majorité. La forte abstention des députés PS lors du vote montre que la fronde n'a jamais été si proche.

On n’est jamais si bien trahi que par les siens : un groupe de députés socialistes très marqués par l’idéologie inhérente à l’ADN de leur parti a singulièrement compliqué la tâche du nouveau Premier ministre de l’Etat-PS Manuel Valls lors du vote décisif de sa politique économique à l’Assemblée nationale. Il a fallu serrer les rangs, et amorcer un début d’ouverture au centre, affaire de se frayer un avenir possible, et donc un avenir certes moins socialiste.

 

Les idéologues déçus

En amorçant le tournant « social-libéral » admis par le président « normal » François Hollande, Manuel Valls a déçu les militants socialistes les plus idéologues. Parmi eux, on remarque les disciples de Martine Aubry, la grande prêtresse de l’orthodoxie socialiste érigée au rang d’une religion révélée aux dogmes d’autant plus intangibles qu’ils ont toujours été facteurs d’échec, voire de faillite.

A leurs côtés, toujours agités comme pour qu’on les remarque encore, les Verts ont eux aussi pris leurs distances, dès qu’on a prononcé le mot « responsabilité »… Et d’après un hebdomadaire libéral, le Premier ministre aurait eu à leur sujet ce mot désabusé : « Les Verts, c’est comme un bébé, tu les berces toute la journée, mais le soir, ils finissent toujours pas te pisser dessus… » Des ex-alliés bien encombrants.

 

Un virage politique en trompe l'œil ?

Cependant, le virage politique contrôlé de Manuel Valls reste d’une ampleur limitée, comme il se doit quand on passe de l’appellation de « responsabilité » à celle de « stabilité » : le nouveau Premier ministre épargne toujours plusieurs grands tabous du socialisme à la française, comme le nombre de fonctionnaires, notamment les effectifs pléthoriques de l’Education nationale, le plafonnement horaire contreproductif des 35 heures hebdomadaires, ce totem autrefois enfanté par ladite Martine Aubry du vivant de François Mitterrand, et le pourcentage des prélèvements obligatoires dans le Produit intérieur brut d’un pays en cours de désertification industrielle chronique.

Un pays à la fois rose et vert. Rose comme un bébé qui dort à poings fermés sur des pétales fanés, et vert comme un malade qui souffre, sans forcément sans rendre compte, mais au point de dépérir.

 

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