La façon dont évolue la situation des rapports entre l’Union européenne et la Grèce tourne au cauchemar. Si, depuis des années, sur ce sujet, tout est dit et son contraire, la seule certitude que l’on peut avoir aujourd’hui tient en quelques mots : plus dure sera la chute.

Le bon sens, qui semble aujourd’hui la chose la moins bien partagée, permet d’affirmer sans risque d’erreur qu’un pays dont la dette publique est supérieure à  300 milliards d’euros, et n’ayant aucune possibilité de rembourser cette dette, ne pourra évidemment en aucune façon rembourser une dette portée à plus de 400 milliards d’euros.

Du côté du prêteur, c’est-à-dire de l’Union européenne, le même bon sens permet d’affirmer que celle-ci, pour prêter à la Grèce une centaine de milliards d’euros supplémentaires qu’elle ne possède pas, ne pourra le faire qu’en faisant tourner de façon frénétique sa planche à billets : elle va donc « offrir » une somme astronomique par une création monétaire dénuée de toute contrepartie, c’est-à-dire par la création de ce que l’on appelle vulgairement de la « monnaie de singe ».

À cette aberration financière, s’ajoute un scandale politique. La désinvolture avec laquelle est bafouée l’expression démocratique passe la mesure. En signant un accord qui prolonge l’illusion, les dirigeants du pays et de l’Union européenne ont détricoté le non des Grecs aux diktats de Bruxelles, sans l’ombre d’un scrupule.

Le vent du boulet

Mais le vent du boulet n’est pas passé loin. Un tout petit pays peut ébranler de façon extraordinaire une Union européenne qui s’avère bel et bien un colosse aux pieds d’argile. La construction européenne, conduite par une idéologie faisant fi de toutes les connaissances politiques, économiques, sociales, culturelles patiemment constituées au fil des siècles, révèle au grand jour son extrême fragilité.

Les décideurs politiques, parce qu’ils ne peuvent s’extraire du processus idéologique dans lequel ils se sont engouffrés et emprisonnés, et parce que l’organisation actuelle de l’Union représente pour eux, à titre personnel, une véritable poule aux œufs d’or, continueront d’agir de façon idéologique. Il est à peu près certain, cependant, que le principe de réalité s’impose rapidement à tous. La réorganisation de l’Union qui s’ensuivra, et qui semble désormais inéluctable, ne se fera malheureusement pas sans « du sang et des larmes » pour les peuples qui la composent.

 

François Billot de Lochner

 

 

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