Source [Le Figaro] Même pour les experts, les motifs de stupéfaction de manquent pas.
Il y a une dizaine d’années, un infectiologue américain, Kent Sepkowitz, évoquait «la prévisible nature imprévisible des agents infectieux». Le Pr Anne-Claude Crémieux, elle aussi infectiologue et auteur de Gouverner l’imprévisible: pandémie grippale, Sras, crises sanitaire (Lavoisier, 2009), le reprend à son compte: «On est toujours surpris par un nouvel agent infectieux émergent, la question est comment réagir devant ces surprises». Elle fait partie du «groupe Covid» de l’Académie de médecine. Et des surprises il y en a eu avec le Sars-CoV-2. Elles expliquent pourquoi certaines décisions des pouvoirs publiques ressemblent, a posteriori, à des erreurs.
La première surprise est la conquête planétaire de ce virus. Elle ne va pas de soi et les premières données ne plaidaient pas pour une telle propagation. L’erreur est d’avoir cru que l’essentiel de l’épidémie resterait sous contrôle en Chine. Après tout, le Mers-CoV, un autre coronavirus apparu en Arabie saoudite en 2012 ne s’est jamais répandu dans le monde, ne persistant finalement qu’au Moyen-Orient? À la décharge de nombre d’experts, les chiffres officiels fournis par la Chine pouvaient en donner l’illusion. Seuls ceux qui connaissaient bien le pays ne s’y sont pas laissés prendre. «J’y ai mené plusieurs missions d’études, explique le Pr Christian Géraut, membre de l’Académie de médecine. Quand j’ai vu les images de ce qui se passait, j’ai su que la situation était plus grave qu’on ne le disait.» Le correspondant du Figaro en Asie, Sébastien Falletti, lui aussi rompu au langage de Pékin, commentait ainsi les chiffres officiels en ces termes: «Je ne les crois pas… parce que ce sont des chiffres officiels!».
La deuxième surprise est en fait liée à la première. C’est d’avoir pensé que ce coronavirus, comme son cousin le Sras en 2003, se transmettait essentiellement par des patients symptomatiques. Autrement dit qu’il était possible de casser rapidement les chaînes de transmission autour d’un cas identifié. Cette stratégie, qui consiste à multiplier les tests diagnostiques sur les personnes qui ont été en contact avec un cas avéré pour tenter de circonscrire la flambée épidémique, a donné l’illusion aux autorités sanitaires qu’elles maîtrisaient une situation en réalité hors de contrôle. «Cette stratégie avait fonctionné en 2003, mais à l’époque, les Chinois ne venaient pas en masse en France et certainement pas aussi facilement qu’aujourd’hui», remarque le Pr Jeanne Brugère-Picoux, la spécialiste des zoonoses du Groupe Covid. La découverte des personnes asymptomatiques ou avec peu de symptômes, mais contagieuses, fait voler en éclats le plan d’attaque qui avait été si efficace contre le Sras en 2003.
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