L'étude du Lancet : une escroquerie intellectuelle

[Source : Blog de Mediapart]

"La Science, c’est un peu comme Dieu, certains parlent en son nom quand ils veulent croire que leur argument est « définitif ». Las, les choses sont un peu plus compliquées. L’idéal scientifique existe bien entendu, dans toute sa noblesse, et on le défend ici. Mais la seule réalité tangible, ce sont les chercheurs. Et ils ne sont pas toujours incorruptibles.

Ce week-end de l’Ascension aura été marqué par une nouvelle vague de discours commentant l’idée selon laquelle une publication majeure démontrerait que le protocole thérapeutique de l’équipe du professeur Raoult serait non seulement inefficace, mais de surcroît dangereux. On peut parler d’une sorte d’offensive industrialo-médiatico-politique majeure et réussie tant la couverture donnée à un article de la revue médicale anglaise The Lancet a été totale, ultra-rapide, uniforme et immédiatement suivi d’un effet politique. A cela quatre raisons majeures. La première est le « coup scientifique » parfaitement réussi par quatre médecins financés par des industriels. La seconde est la machine à copier-coller qu’est devenue le journalisme contemporain. La troisième réside dans le mélange de couardise et d’hypocrisie de tous celles et ceux qui sont prêts à sauter sur n’importe quel argument pour conforter leur opinion initiale, sans jamais la questionner ou la mettre à jour. La quatrième raison est que le ministre de la Santé, Olivier Véran, en a profité pour annoncer tout de suite (sur twitter, le 23 mai à 12h47) : « Suite à la publication dans The Lancet d'une étude alertant sur l'inefficacité et les risques de certains traitements du #COVID-19 dont l'hydroxychloroquine, j'ai saisi le @HCSP_fr pour qu'il l'analyse et me propose sous 48h une révision des règles dérogatoires de prescription ». Comme s’il n’attendait que ça, et en passant par-dessus l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament dont c’est pourtant la fonction. Une précipitation étonnante, d’autant qu’on a connu le même ministre beaucoup moins rapide sur d’autres sujets importants, la question des masques par exemple..."

Épisode 14 (actualisation au 28 mai)

 

La Science, c’est un peu comme Dieu, certains parlent en son nom quand ils veulent croire que leur argument est « définitif ». Las, les choses sont un peu plus compliquées. L’idéal scientifique existe bien entendu, dans toute sa noblesse, et on le défend ici. Mais la seule réalité tangible, ce sont les chercheurs. Et ils ne sont pas toujours incorruptibles.

Ce week-end de l’Ascension (décidément !) aura été marqué par une nouvelle vague de discours commentant l’idée selon laquelle une publication majeure démontrerait que le protocole thérapeutique de l’équipe du professeur Raoult serait non seulement inefficace, mais de surcroît dangereux. On peut parler d’une sorte d’offensive industrialo-médiatico-politique majeure et réussie tant la couverture donnée à un article de la revue médicale anglaise The Lancet a été totale, ultra-rapide, uniforme et immédiatement suivi d’un effet politique. A cela quatre raisons majeures. La première est le « coup scientifique » parfaitement réussi par quatre médecins financés par des industriels. La seconde est la machine à copier-coller qu’est devenue le journalisme contemporain. La troisième réside dans le mélange de couardise et d’hypocrisie de tous celles et ceux qui sont prêts à sauter sur n’importe quel argument pour conforter leur opinion initiale, sans jamais la questionner ou la mettre à jour. La quatrième raison est que le ministre de la Santé, Olivier Véran, en a profité pour annoncer tout de suite (sur twitter, le 23 mai à 12h47) : « Suite à la publication dans The Lancet d'une étude alertant sur l'inefficacité et les risques de certains traitements du #COVID-19 dont l'hydroxychloroquine, j'ai saisi le @HCSP_fr pour qu'il l'analyse et me propose sous 48h une révision des règles dérogatoires de prescription ». Comme s’il n’attendait que ça, et en passant par-dessus l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament dont c’est pourtant la fonction. Une précipitation étonnante, d’autant qu’on a connu le même ministre beaucoup moins rapide sur d’autres sujets importants, la question des masques par exemple...

Le grand concert médiatique

L’offensive débute vendredi 22 mai en fin d’après-midi, veille de week-end et au milieu d’un « pont » (donc il y a moins d’infos et moins de journalistes dans les salles de rédaction), probablement comme d’habitude par des dépêches d’agences de presse, ensuite reprises en boucle sur le thème « Covid: hydroxychloroquine et chloroquine pas efficaces et même néfastes, selon une étude ». Les articles tombent les uns après les autres sur les sites des grands quotidiens : Libération (22 mai, 18h36), Le Figaro (22 mai, 19h30), Le Parisien (22 mai, 19h35), Le Monde (22 mai à 21h19). Les radios ne sont pas en reste dans la soirée (par exemple RTL 22 mai à 21h55).

Dès le lendemain matin (23 mai), le relais est pris par les radios-télévisions...

Retrouvez l'intégralité de l'article de Laurent Mucchielli sur https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/260520/fin-de-partie-pour-l-hydroxychloroquine-une-escroquerie-intellectuelle