[Avec Zenit] — Benoît XVI a confié la délégation polonaise se rendant à Katyn et qui a péri dans le crash de son Tupolev, à la bonté de Dieu miséricordieux . Au moment du 70e anniversaire du massacre de Katyn, la classe politique polonaise est décapitée par le tragique accident d'avion près de Smolensk qui a fait, samedi 10 avril, 96 victimes et aucun survivant. En hommage à la Pologne, cette patrie soeur déchirée par le sort de ses fils , nous publions un extrait du dernier poème de karol Wojtyla, Stanislas, écrite juste la veille de son départ pour Rome, quelques jours avant son élection au siège de Pierre.
APPRENANT la tragédie, le pape Benoît XVI, très ému, a immédiatement fait parvenir un télégramme de condoléances au président du Parlement de la République de Pologne, M. Bronislaw Komorowski, qui assure l'intérim. Le pape a également évoqué l'accident de nouveau en italien après la prière du Regina Caeli de ce dimanche puis en polonais.
Je confie toutes les victimes de cet accident dramatique — les parlementaires, les responsables politiques, les représentants de l'armée et des familles de Katyn, et toutes les autres personnes — à la bonté de Dieu miséricordieux. Puisse-t-il les accueillir dans sa gloire , écrit Benoît XVI dans son télégramme.
Le pape dit sa profonde douleur à la nouvelle de la mort tragique du président Lech Kaczynski, de sa femme, et des personnes qui l'accompagnaient dans ce voyage à Katyn , ce lieu du massacre de milliers de Polonais.
Une tragédie que Staline avait fait mettre sur le compte de l'Allemagne nazie. C'était le fait de la police politique de l'Union soviétique (le NKVD) au printemps 1940 dans une forêt russe près de Smolensk, ce que les Russes admirent en 1990.
Parmi les autres victimes, le pape nomme spécialement M. Ryszard Kaczorowski, ancien président de la République en exil à Londres, l'évêque catholique Tadeusz Ploski, ordinaire militaire, l'archevêque orthodoxe aux armées Miron Chodakowski et le pasteur évangélique aux armées Adam Pilsch.
Une bénédiction spéciale
Benoît XVI présente ses condoléances aux familles des victimes et à tous les Polonais, leur disant sa proximité spirituelle .
En ce moment difficile, ajoute le pape, j'implore pour le peuple polonais une bénédiction spéciale du Dieu tout-puissant .
En italien, le pape a voulu redire qu'il priait de tout cœur à la fois pour les victimes et en soutien à la bien-aimée nation polonaise .
Ils sont morts, a souligné le pape en polonais, en évoquant la fête de la Miséricorde divine, dans leur voyage à Katyn, le lieu du supplice de milliers d'officiers de l'armée polonais assassinés il y a 70 ans. Je les confie tous au Seigneur de la vie miséricordieux. Je le fais en m'unissant avec les pèlerins rassemblés au sanctuaire de Lagiewniki et avec tous les dévots de la Miséricorde de Dieu dans le monde entier .
Parmi les autres victimes figurent aussi des membres des familles d'officiers polonais exécutés, le président de la Banque centrale de Pologne Slawomir Skrzypek, le vice-ministre des affaires étrangères Andrzej Kremer, le chef d'état-major polonais Franciszek Gagor.
Le 7 avril dernier, les Premiers ministres polonais et russe, Donald Tusk, et Vladimir Poutine, ont participé ensemble au soixante-dixième anniversaire de ce massacre stalinien.
En 2007, Katyn [1], le film d'Andrej Wajda, dont le père, Jakub Wajda, capitaine au 72e Régiment d'infanterie, est mort dans le massacre, a rendu hommage à la vérité historique de cette tuerie programmée et impunie, cachée pendant toute la Guerre froide.
[1] Disponible désormais en DVD, cf. Décryptage, 12/03/10.
En hommage à la Pologne
PAYS DECHIRE DANS LE SORT DE SES FILS
Extrait de Stanislas, le dernier poème de Karol Wojtyla*
II- 1. La terre suit son cours devant nos vitres, et de même les arbres et les champs. Et la neige scintille sur les branches, puis tombe au soleil.
Et tout redevient vert, d'un jeune vert, puis d'un vert mûr, et finalement le vert s'éteint comme une chandelle.
La terre polonaise défile, avec ses verts, ses automnes et ses neiges.
Un promeneur les admire il est difficile de les voir d'un bout à l'autre.
Et un oiseau ne peut pas voler si facilement, mais un avion traversera cet espace en une heure — la patrie le contiendra en elle.
2. Pays d'une unité difficile. Le pays de gens cherchant leur propre voie.
Pays d'une longue division entre les princes d'une seule famille.
Pays assujetti à la liberté de chacun à l'égard de tous.
Pays, enfin, déchiré pendant près de six générations,
Déchiré sur les cartes du monde... et bien plus encore dans le sort de ses fils
Pays à travers cette déchirure uni dans le cœur des Polonais ! Comme aucune autre terre.
*D'après George Weigel qui le tenait de Jean Paul II lui-même, ce poème est le dernier de Karol Wojtyla, écrit durant les heures qui ont suivi la mort de Jean Paul 1er, pour s'acquitter de sa dette envers Cracovie (conversation de George Weigel avec Jean Paul II, 20 mars 1997 et 23 octobre 1998). Jean Paul II dédia ce poème à son successeur, le cardinal Fransciszek Macharski, en le nommant archevêque de Cracovie le 29 décembre 1978 et lui offrit le manuscrit original.
Le poème, extrait de Wojtyla, Poèmes, est cité par George Weigel dans sa fameuse biographie : Jean Paul II, témoin de l'espérance, JC Lattès, 1999. Texte intégral dans Liberté politique n° 30, juillet 2005, Jean Paul II, un maître pour l'histoire .
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