Source [Boulevard Voltaire] : On les surnomme parfois gentiment « les judokas », parce qu’ils vont en soutane blanche et ceinture noire. Ils surprennent par leur jeunesse et par leur dynamisme. Ils viennent à votre rencontre sur le marché, au café du coin, sur les plages en été.
À la dernière fête de la Musique – celle d’avant-Covid –, ils ont battu tous les records d’affluence : des prêtres en soutane qui jouent (bien !) du Pink Floyd sur le parvis de l’église, ça n’est pas très courant.
Ce sont les Missionnaires de la Miséricorde divine, une communauté fondée en 2005 par l’abbé Loiseau. Ils remontaient hier, mercredi des Cendres, le cours Lafayette à Toulon. Encadrée par des militaires en armes, une longue procession s’étirait depuis l’église Saint-François-de-Paule jusqu’à la cathédrale où tous s’en allaient concélébrer la messe chrismale.
Il faut fréquenter le cours Lafayette pour comprendre ce qu’est, aujourd’hui, le sud de la France (et pas seulement le sud, hélas). Le joli « marché de Provence » chanté autrefois par Gilbert Bécaud est une sorte d’enclave dans la ville où les terrasses de café ne sont occupées que par des hommes, où la moitié des femmes qui font le marché sont voilées, où les jeunes filles sont passées en quelques mois du crop-top à l’habaya ouvertement militante et viennent vous donner des leçons de décence quand vous remontez du bain sur la plage… Quant à l’accent « qu’on vous donne en étrenne », celui « qui se promène et qui ne finit pas », c’est un accent méditerranéen, certes, mais de l’autre côté de la Méditerranée. Bref, en terme de pratique, la langue française est ici loin derrière l’arabe.
Alors, au-delà de la question religieuse, cette procession rythmée par le chant des litanies, fermée par l’évêque mitre sur la tête et crosse en main, est apparue à ceux qui s’étaient massés là comme une démarche de « reconquête culturelle ». Tout comme la bénédiction des rameaux sur le port, le dimanche précédent.
Dans une Église qui a depuis longtemps viré à gauche et fait de l’immigré l’intouchable figure christique, la communauté des Missionnaires de la Miséricorde divine n’a pas bonne presse. On n’ose pas traiter ouvertement ses membres de fachos mais on sent que ce n’est pas loin. Ainsi la revue Golias qui, en 2022, se réjouissait de ce que les dix ordinations prévues fin juin à Toulon soient annulées à la demande du Vatican, et écrivait : « Cette décision met en lumière la méthode particulière du baron local (sic), Dominique Rey, à la tête du diocèse depuis vingt-deux ans, dont les dérives ont été dénoncées par Golias à maintes reprises, et jamais relayées par la presse catholique : La Croix, en particulier… »
Et de dénoncer, chez l’évêque, « une certaine propension à ordonner des profils que d’autres diocèses auraient "remerciés" ». Golias oublie de préciser que « les autres » n’ont à remercier personne, faute de candidats ! Bref, Mgr Rey trouverait dans ce vivier de vocation une manière de « compléter les mouvements qu’il a contribué à mettre en avant, comme la communauté des Missionnaires de la Miséricorde divine qui pratique la messe en latin, soutane blanche et ceinture noire, et a pour mission première d’évangéliser les musulmans façon processions de rues, chapelet et prières en arabe… » Une horreur pour Golias, qui préfère sans doute la méthode islamiste…
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