Source [Info Catho] De passage dimanche dernier à la cathédrale de Saint-Malo, je fus témoin d’un moment de la vie d’une église paroissiale et touristique.
Ce moment où les visiteurs ne comprennent pas les us et coutumes des autochtones. Laissons les Japonais pris au piège par le début d’une procession qui fondait sur eux, les contraignant à se ranger sur le banc le plus proche, effarés, mais appareil photo prêt à dégainer. Ce qui finalement fut surprenant dans les réactions, aussi « mitraillantes » que les appareils japonais, des fidèles de passage, c’est qu’en réalité il n’y avait rien de surprenant dans la messe de Monsieur le curé qui appliquait à la lettre les normes prescrites par le missel romain dit de Paul VI. Et donc, le français excepté, tout fidèle pouvait aisément se repérer et « se retrouver » dans cette liturgie universelle. Pourtant, quelques fidèles s’offusquèrent à l’agenouillement de leurs voisins au point de ricaner entre eux ( en toute charité cela va sans dire). Le notre Père en latin devint l’occasion d’une bouderie commentée, laissant la prière de côté, même en français, pour fusiller du regard cette foule d’un autre âge. Ne stigmatisons pas trop vite ! Il n’est pas impossible que des fidèles Paul VI latinisants bombardent de leurs yeux non moins excédés une messe plus « moderne ». Mais ce qui fut le plus frappant et donne la matière de cet édito ce fut la suite qui porta l’exaspération de nos visiteurs à son comble. C’est en latin que le célébrant invita à la Paix du Christ. Là le Rubicon était franchi, l’odieux n’était plus supportable. Mais après le regard ulcéré échangé entre eux, c’est avec le plus beau sourire qu’ils allèrent se mêler à la foire d’empoigne, partageant une poignée de main d’apparence chaleureuse avec ceux qu’ils avaient tant pris de haut. Alors cette paix du Christ était-elle sincère ? Hypocrite ? Une coutume à honorer ? Ou bien l’effort fait sur soi pour dompter son irritation par amour du Christ ? Dieu sonde les reins et les cœurs. Des cœurs parfois peu unanimes qui témoignent au fond combien il est difficile pour des frères d’être unis et de vivre ensemble.
L’occasion de remarquer combien la liturgie est source de tension parce qu’elle n’est pas comprise, parce qu’on oublie la nécessaire cohérence entre le geste, le signe, le sens et la réalité spirituelle que le geste profane recouvre lorsqu’il devient sacré.
Pierre Selas
(Pour comprendre le sens de la paix du Christ voir ici)
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