[Source : Le Salon Beige]

Suppléant de Benoît Hamon pour son siège parlementaire des Yvelines, Jean-Philippe Mallé l’a représenté à l’Assemblée nationale de 2012 à 2014. Critique du « mariage pour tous », il a pris ses distances avec le Parti socialiste. Il livre à Pierre Jova dans Famille Chrétienne ses impressions sur le triomphe de Benoît Hamon. Extraits :

''[...] Si vous reprenez l’ensemble de ses discours, vous remarquerez que Benoît Hamon entretient le flou sur ce qu’il pense réellement de l’islam politique et du communautarisme. Il a tendance à essentialiser les musulmans. Au fond, ne voyant plus la nation comme point de départ, rien n’empêche de lui préférer une juxtaposition de communautés. Benoît Hamon n’est plus dans ce continuum historique de la citoyenneté nationale, ouverte et exigeante, qui accueille indifféremment de la couleur de peau, mais qui fait respecter l’histoire de France et ses principes. Lors de son discours de victoire, il a déclaré que « chaque génération est un peuple nouveau » : il n’est plus dans la conception républicaine historique de la nationalité. Je dirais que Benoît Hamon est l’aboutissement parfait de la gauche Terra Nova, pour le meilleur et pour le pire ! Pour le meilleur, il crée une dynamique, car il s’adresse à des segments de la société et fait du marketing. La limite est ce qui a coûté l’élection présidentielle américaine aux démocrates : ne s’adressant plus à la nation, mais à des clientèles, ils ne produisaient plus de commun. C’est pourtant une des fonctions essentielles du politique. Le problème de la gauche est d’avoir oublié que l’intérêt général s’est souvent confondu avec l’intérêt national, et que cela suscitait de la cohérence. Aujourd’hui, les politiques nationales rentrent dans un cadre européen, même s’il n’y a pas un seul peuple européen, mais plusieurs ! Le reste du politique est réduit à de « l’économisme » par les keynésiens à gauche et les libéraux à droite, qui transforment en idéologie ce qui ne devrait être que du pragmatisme, selon les besoins de l’intérêt national.

En 2013, Benoît Hamon avait été le seul ministre à venir saluer les manifestants contre la loi Taubira sans les mépriser. Sur le plan sociétal, a-t-il plus de réserves, ou est-il « suiviste » ?

Benoît Hamon, en grand politique, a toujours pris soin de ne pas insulter ou mépriser ces gens. En revanche, il a des convictions bien établies en faveur du mariage et de l’adoption pour tous, et de la PMA, même s’il s’oppose à la GPA. Il y a chez lui une forme de libertarisme qui le rapproche d’Emmanuel Macron. Là encore, on revient au problème fondamental de la gauche : lorsqu’on a abandonné la nation et le travail, on en arrive à la fabrication d’un homme nouveau, moderne, qui doit maîtriser sa vie et sa mort, avec le suicide assisté, que défend Benoît Hamon. C’est aussi une des raisons pour lesquelles je ne me retrouve plus dans cette proposition. Le politique, c’est penser les limites et les frontières. Tous les désirs ne se transforment pas en droits. [...]"

 

Michel Janva