Faut-il et comment abroger un texte qui postule un changement de civilisation ? Dans une société relativiste dominée par l’idéologie du progrès, revenir sur une loi injuste prétendant créer arbitrairement de « nouveaux droits » ne va pas de soi. Le sens de l’histoire veut rendre toute évolution législative en matière de mœurs quasi-irrévocable. Cependant, renoncer aux principes fondateurs de la société humaine, comme celui des liens publics du mariage entre l’homme et la femme, conduirait à brouiller les consciences et entretenir la confusion, ce à quoi le chrétien ne saurait se résoudre. Si le principal obstacle à l’abrogation de la loi Taubira est culturel, la priorité consiste à préserver la lumière et la vérité sur l’anthropologie du mariage. Cette priorité doit engager des mesures législatives proportionnées et immédiates. Liberté politique explore les champs d’action possibles, à la fois culturels et politiques, pour préserver, promouvoir et protéger le mariage après la loi Taubira.
« L’esprit du 11 janvier » est une gigantesque méprise. Célébrer l’outrance de l'athéisme militant comme un symbole de la liberté d’expression, renforce l’appel à la violence. La liberté ne peut grandir que dans la paix, la paix est impossible sans le respect des consciences.
Un rapport parlementaire sur l’euthanasie qui ne dit pas son nom préconise un « nouveau droit à mourir ». Il s’agit d’assister les malades demandant une sédation continue jusqu’à leur décès. La médicalisation politique de la mort est une invention largement partagée du xxe siècle, et pas seulement par les nazis, au nom d’une conception dévoyée de la compassion et de la dignité de la mort.
À nos lecteurs Conduire un peuple par Thibaud Collin
L'ENVIRONNEMENT MORAL ET CULTUREL
Michel Pinton — La loi Taubira est la traduction politique d’une croyance collective qui s’apparente à un néo-catharisme. Son abrogation définitive ne pourra s’envisager sans de nombreuses mesures législatives d’accompagnement, mais aussi par des actions d’ordre moral et culturel.
Fr. Sébastien Perdrix, op — L’enjeu de l’abrogation de la loi Taubira n’est pas d’abord politique ou juridique, mais bien moral et culturel. Dès lors, quelles sont les modalités concrètes de la résistance politique pour renverser la situation ?
Roland Hureaux — L’enjeu de l’abrogation du mariage libertaire s’enseigne par l’histoire des civilisations : seul le modèle de mariage chrétien garantit la dignité des femmes, l’autonomie des enfants et la liberté politique.
LES OPTIONS JURIDIQUES ET POLITIQUES
Joël-Benoît d’Onorio — Abroger la loi Taubira sur le « mariage pour tous » pour réécrire un autre texte reviendrait en réalité à la proroger avec des correctifs marginaux qui ne remettraient pas en cause le principe initial.
Anne-Marie Le Pourhiet — L’abrogation de la loi Taubira rendrait son sens normal au mariage. Mais il serait prudent de le mettre à l’abri des changements de majorité en hissant sa définition au rang constitutionnel, de façon à la rendre « inaltérable ».
Entretien avec Philippe Gosselin — L’abrogation de la loi Taubira n’est pas seulement une question juridique, c’est aussi un problème politique posé aux parlementaires, avec un double piège à éviter : l’illusion d’un simple retour en arrière et la résignation.
DOCUMENT
Congrégation pour la doctrine de la foi — Note argumentaire pour protéger en raison la dignité du mariage et éclairer l’action des hommes politiques chrétiens confrontés à la reconnaissance légale des unions homosexuelles.
DOSSIERS
Yves Meaudre — L’hymne à la liberté d’expression de la « marche républicaine » du 11 janvier est une gigantesque méprise. Dans ses gènes, le radicalisme de l'athéisme militant est un appel à la violence. La liberté ne peut grandir que dans la paix, la paix est impossible sans le respect des consciences.
Charles-Eric de Saint-Germain — Condamner ouvertement le « fondamentalisme religieux » sans remettre en cause ce qui dans une société laïciste et matérialiste peut générer la violence chez ce fondamentalisme ne fera pas reculer le terrorisme islamiste.
Laurent Sentis — La liberté d’expression illimitée n’est pas une condition de la démocratie. Elle en est même le contraire, a fortiori si c’est l’État qui s’attribue le pouvoir d’en fixer les principes. Car c’est ainsi qu’on passe très facilement d’une liberté illimitée à la tyrannie d’une politique liberticide.
Jean-Michel Castaing — Un peuple libre ne résiste pas au terrorisme sans identité, ni sans la volonté de durer et de résister aux pressions délétères du politiquement correct. Seule une résistance spirituelle posera les bons diagnostics, et osera les réponses justes.
Henri Hude — Un rapport parlementaire sur l’euthanasie qui ne dit pas son nom préconise un « nouveau droit à mourir ». Que savent-ils de la mort, ces partisans de « l’assistance aux malades demandant une sédation continue jusqu’à leur décès » ?
Jean Chaunu — La médicalisation politique de la mort est une invention largement partagée du xxe siècle. Le programme Aktion T4 des nazis procédait autant d’un projet eugéniste que d’une compassion dévoyée, habilement exploitée par les dirigeants du Reich.
REPERES
Christophe Foltzenlogel — Quarante ans après la loi Veil, plus de contraception, toujours autant d’avortements, plus d’infertilité et une dénatalité qui se poursuit. Terrible engrenage : l’exception est devenue un droit, le droit est devenu une obligation sociale.
QUESTIONS DISPUTEES
À propos d’Henri Hude, La Nouvelle Philosophie du décideur, par Emmanuel Tranchant
À propos de l’Afrique, la guerre en cartes, par Bernard Lugan
À propos du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte, par Stanislas de Larminat
FEUILLETONS
Le feuilleton politiqueRéforme territoriale : un projet sans rime ni raison, par Roland Hureaux
Le feuilleton internationalL’Europe de Giscard ou l’Europe du pape François, par Michel Pinton
Le feuilleton économiqueTravail dominical : loi Macron, loi de Carnaval, par Hélène Bodenez
Le feuilleton bioéthiqueGPA : derrière les droits de l’homme, l’exploitation, par Gregor Puppinck
L’esprit du tempsFace à la menace djihadiste, quel dialogue interreligieux ? parJean-Michel Castaing
La revue des images« Timbuktu », un acte de résistance aux accents poétiques, par Bruno de Séguins-Pazzis
REVUE DES LIVRES ET DES IDEES
Les idéesLes livres
Avec les critiques d’Annie Laurent, Emmanuel Tranchant, Laurent Ottavi, Philippe de Saint-Germain, Jean Choisy, Guillaume Lenormand, Georges Leroy, Jean Voisin…
Revue : "Abrogation" : protéger le mariage après la loi Taubira
Prix de la revue seule : 20,00 €