
Source [Aleteia] : Dans le domaine du scandale politique ou religieux, ce qui provoquait il y a cinquante ans est d’une banalité lassante aujourd’hui. Notre chroniqueur Henri Quantin a vu la reprise de la pièce de Jean Genet, “Les Paravents” : dans un monde sans mystique, la mystique même inversée ne parle plus.
Cinquante-huit ans après. Ce n’est ni un bon pastiche d’Alexandre Dumas, ni un anniversaire marquant. Juste un micro-événement pour le micro-milieu culturel. Cinquante-huit ans après la mise en scène des Paravents de Jean Genet à l’Odéon par Roger Blin, Arthur Nauzyciel reprend la même pièce (dans une version raccourcie) sur la même scène. On a beau savoir à quel point la société a changé à marche forcée, on reste étonné par le scandale politique suscité par le spectacle en 1966, quand Jean-Marie Le Pen et quelques futurs ministres, alors au groupe Occident, firent le coup de poing avec le service d’ordre de l’Unef parmi lesquels figuraient Daniel Cohn-Bendit, Patrice Chéreau et quelques autres. Pris lui-même à partie à l’Assemblée nationale, le ministre Malraux dut justifier que l’argent du contribuable subventionnât une pièce qui ridiculisait l’armée française. Sa réponse ne convainquit sans doute pas tout le monde, mais elle témoignait incontestablement d’une lecture rigoureuse : “Quiconque a lu cette pièce sait très bien qu’elle n’est pas antifrançaise. Elle est antihumaine. Elle est anti-tout. Genet n’est pas plus antifrançais que Goya anti-espagnol.”
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