Marlène Schiappa dans Playboy: «Le service de l'État n'est pas une émission de télé-réalité»

Source [Le Figaro] : Le professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne Arnaud Benedetti estime que le choix de la secrétaire d'État d'intervenir dans le magazine Playboy est inopportun voire indécent. Cette opération de communication n'aidera en rien à faire avancer la cause des femmes, explique-t-il.

FIGAROVOX. - La secrétaire d'État chargée de l'économie sociale et solidaire a accepté de poser pour le magazine Playboy. Cette opération de communication vous semble-t-elle opportune ?

Arnaud BENEDETTI. - Il faudrait traiter par l'indifférence ce mauvais «carnaval». Nous ne devrions même pas en parler, car en parler c'est se faire le supplétif d'une opération dont le seul but consiste à faire parler... Mme Schiappa gère sa marque, sans autre intérêt que le sien. Son autonomie est une autonomie de marketing sans aucune base politique, encore moins sociale. Elle est le symptôme de l'hyper-virtualité. Elle accroche furtivement une lumière artificielle sans autre effet que de flatter une visibilité empreinte de narcissisme et de «coup de com'» éphémère.

L'expression de cette communication est un indicateur supplémentaire de la dégradation du politique ; celui-ci a vu s'abimer sa fonction stratégique et régalienne depuis plusieurs décennies, le voilà désormais atteint dans sa fonction symbolique fortement mise à mal. Le service de l'État n'est pas une émission de télé-réalité. Que dire si ce n'est considérer qu'une opération de communication de ce format suscitera immanquablement un fort sentiment de désinvolture au moment où des millions de Français manifestent dans les rues, se confrontent à la «vie chère», estiment qu'ils ne sont pas entendus ? Inopportune au mieux, indécente au pire, c'est selon, mais on peut aussi noter qu'Emmanuel Macron à lui-même ouvert la voie à ces exercices de communication qui prétendent à la «transgression». Comment pourrait-il réprouver ce qu'il a lui même favorisé ? Il l'a néanmoins fait en faisant «fuiter», via Matignon, le mécontentement de la première ministre. Elle aurait fait savoir à sa ministre que son initiative était «inappropriée».

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