En Grèce, le voyage très politique du pape François

Source [Le Figaro] Inquiet «du recul de la démocratie», il a plaidé pour une politique européenne «concertée» en faveur des migrants.

Dimanche, devant des réfugiés sur l'île de Lesbos, en Grèce, où le pape termine ce lundi un voyage très politique, François a lancé un appel désespéré à toute l'Europe pour « débloquer » la situation des migrants quasi prisonniers dans des camps aux portes du Vieux Continent, plaidant pour une politique migratoire ouverte et européenne afin d'éviter un « naufrage de la civilisation ».

Visiblement ravi de saluer, presque une à une, les familles de réfugiés, essentiellement des Afghans et des Africains - « Aidez-moi, aidez-moi, aidez-moi », lui a lancé l'un d'eux en français -, le pape a même demandé à son secrétaire de prendre ici et là les coordonnées de migrants pour les faire sortir. Mais il s'est subitement assombri quand il a pris la parole, autour de quatre axes.

L'air grave il a tout d'abord plaidé pour une politique européenne « concertée » et « de grande envergure » en faveur des migrants. Devant la présidente du pays, Katerina Sakellaropoulou, il a reconnu qu'une nation comme la Grèce ne pouvait pas « supporter à elle seule une telle charge ». Il a donc appelé à une ­politique migratoire européenne, fondée sur « l'hospitalité », cette « “filoxenia” qui a imprégné la culture classique ». Elle permettra de « surmonter les ghettoïsations et de favoriser une intégration lente et indispensable ». Connaissant les résistances, il a comme supplié : « cessons le renvoi constant des responsabilités, ne déléguons pas toujours la question migratoire aux autres, comme si elle ne comptait pour personne ».

Deuxième message : la situation à l'intérieur de ces camps. Sur un ton plus posé que lors de son improvisation, vendredi, à Chypre, où il s'était fâché publiquement contre l'existence de « Lagers », il a de nouveau dénoncé les « conditions indignes de l'homme » de ces zones désormais fermées. « Combien de hotspot où les migrants et les ­réfugiés vivent dans des conditions à la limite de l'acceptable, sans entrevoir de solutions. »

Troisième accent, le pape a fustigé ceux qui proposent « l'utilisation de fonds communs pour construire des murs avec des fils barbelés » contre les migrations. « Notre époque est celle des murs et des barbelés », a-t-il déploré. Il a dit « comprendre les peurs et les insécurités » mais « ce n'est pas en élevant des barrières que l'on résout les problèmes ». D'où son « amertume », car c'est une « illusion de penser qu'il suffit de se préserver soi-même, en se défendant des plus faibles qui frappent à la porte ».

 Quatrième dimension encore plus ­politique, François a repris sa critique des « nationalismes » menée, samedi, devant les autorités du pays. Il avait alors dit son « inquiétude » devant le « recul de la démocratie » avec la montée d'un « autoritarisme expéditif » et la « tentation des assurances faciles offertes par les populismes ». Et « pas seulement sur le continent européen ». Rappelant que « la bonne ­politique » donne « la priorité aux plus faibles de la société », il s'était érigé contre les « prétentions nationalistes excessives ».

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