Source [Conflits] : La fin programmée des bases permanente françaises en Afrique marque la fin d’une ère. Ce qui peut apparaître à court terme comme un revers pour Paris constitue surtout une véritable libération stratégique.
Le complexe de la tâche rose
Les relations entre Paris et l’Afrique ont commencé sur un malentendu. Les Français craignaient de se faire distancer par les Anglais, alors ils ont colonisé l’Afrique par mimétisme. Londres avait un plan stratégique et colonisait pour s’enrichir. Paris l’a fait un peu par hasard. Il fallait donner du sens à l’empire inutile. On a trouvé le prosélytisme des « valeurs ». Et le rayonnement.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les Britanniques se sont retirés quand les charges impériales ont menacé d’excéder les bénéfices. En revanche, liés par ce qu’ils jugeaient être leur devoir moral et par une illusion de grandeur, les Français ont conservé à grands frais des liens étroits avec leurs anciennes dépendances, qui ne demandaient pas mieux.
La présence militaire française a servi d’assurance-vie aux pays-hôtes. Paris y a également trouvé son compte, qui n’était pas de sécuriser l’accès à des ressources limitées que l’on trouvait ailleurs. L’Afrique francophone ne comptait, et ne compte toujours aujourd’hui, pour rien dans l’économie française. Même le fameux pétrole du Gabon n’est que marginal pour Total, par rapport à celui du Nigéria ou de l’Angola.
L’intérêt de la France pour la région était statutaire. Sa place en Afrique appuyait ses prétentions de puissance globale et donnait du poids à sa diplomatie.
Avec les années, les bases en Afrique sont ainsi devenues le village Potemkine de la puissance française. Elle lui donnait un sentiment de grandeur tout en cultivant indirectement le complexe de la tache rose, la couleur de l’empire sur les vieilles cartes coloniales.
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