Le dernier moine de Tibéhirine, s'est éteint ce dimanche

Source [Le Figaro] Dernier survivant de la communauté de Tibéhirine dont sept moines furent enlevés et assassinés en 1996, Frère Jean-Pierre s'est éteint ce dimanche 21 novembre 2021 au Maroc.

Il était le dernier survivant de la communauté de Tibéhirine, dont sept moines furent enlevés puis assassinés en 1996. Frère Jean-Pierre, 97 ans, est décédé ce dimanche 21 novembre 2021 au Maroc, où il continuait de vivre et de perpétuer l'esprit de sa communauté d'origine.

Né le 15 février 1924 en Lorraine, Jean-Pierre Schumacher avait été un «Malgré-nous», c'est-à-dire l'un des jeunes Alsaciens et Lorrains enrôlés de force dans la Wehrmacht. Il va toutefois échapper à l'envoi sur le front de l'Est grâce à un certificat médical faisant état d'une tuberculose, peut-on lire sur Vatican news, le site d'information officiel du Saint-Siège.
Il embrasse la vie religieuse après la guerre. Après avoir étudié chez les pères maristes, il est ordonné prêtre en 1953 puis rejoint ensuite le monastère de Timadeuc, en Bretagne. C'est à la demande de l'évêque d'Alger qu'il part en 1964 dans le village de montagne de Tibéhirine, dans une Algérie indépendante depuis deux ans, pour y «construire une petite communauté implantée en plein milieu musulman, vivant pauvre parmi les pauvres ». Il y demeurera plus de 30 ans, y apportant un témoignage chrétien en terre musulmane, tout en favorisant sans relâche un dialogue islamo-chrétien.

Ce désir de dialogue sera mis à mal au cours de la décennie noire des années 1990. L'Algérie est alors meurtrie par de nombreux massacres entre groupes islamistes djihadistes et forces de sécurité. En dépit des menaces explicites dont ils font l'objet, les frères de Tibéhirine choisissent de rester dans leur monastère.

Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, frère Jean-Pierre échappe par miracle, tout comme le père Amédée - décédé en 2008 - à l'enlèvement de sept moines de la communauté, dont leur prieur, par un commando d'une vingtaine d'hommes armés. «Le soir de l'enlèvement, j'étais dans la pièce du portier, racontait-il, il y a dix ans, au Figaro . (...) J'ai entendu une voix qui disait: «Qui est le chef?». Et j'ai reconnu Christian (Christian de Chergé, prieur de la communauté, NDLR). Je me suis dit: «Il les a entendus avant moi, il leur a ouvert et va leur donner ce qu'ils veulent.» Au bout d'un quart d'heure, j'ai entendu la porte qui donne sur la rue se fermer et j'ai pensé qu'ils étaient partis. Un peu plus tard, le père Amédée a frappé et m'a dit : «Les frères ont été enlevés !» Ils étaient donc sortis par derrière, sinon je les aurais entendus.»

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