Dans un peu moins d’un mois débutera le mondial de football au Qatar. Un événement qui fait scandale depuis déjà douze ans, notamment à cause de l’attribution de la compétition à cette petite monarchie du Golfe.

A l’origine était la corruption

Que l’on soit amateur de football ou non, la Coupe du monde peut être intéressante à plusieurs titres. Le temps d’un mois, des pays s’affrontent dans un sport devant des foules enthousiastes et ces agapes sportives permettent de découvrir ou redécouvrir un pays à la manière des Jeux Olympiques. Pour la Coupe du monde de football, les ingrédients ne sont pas réunis. Le pays a une histoire très récente et ne revêt un intérêt culturel que très partiel. L’interdiction de participation qui frappe la Russie pour le tournoi est quant à elle scandaleuse, en ce qu’une telle sanction n’a jamais été formulée contre les Etats-Unis pourtant habitués aux guerres… A cela s’ajoute une donnée qui déplaît aux amateurs de ballon rond : le Qatar n’est pas un pays de football. Enfin, il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que le Qatar a acheté son organisation auprès des instances de football et de certains chefs d’État. Si les dessous de table sont légion en matière d’attribution de compétition, ici, l’organisation du tournoi dans ce territoire trois fois plus petit que la Normandie relève de l’absurde, ce qui amplifie le caractère inutile de l’événement.

 

Une Coupe du monde de scandale

Cette « grande fête du football », comme aiment à l’appeler les commentateurs niais, se déroulera sur un cimetière. Celui de plusieurs milliers de travailleurs venus du Népal, d’Inde, du Pakistan et du Sri Lanka. En détournant le mécanisme juridique d’adoption islamique (la kafala), la monarchie du Golfe a exploité des milliers d’êtres humains dans ce qui s’apparente à de l’esclavagisme. Cet aspect inhumain du pays hôte est le pire scandale de la compétition mais il est loin d’être le seul. Dans une période d’obsession écologique, l’organisation de la Coupe du monde se fait dans un pays où il faudra climatiser les stades et les terrains, affréter des bateaux de croisière pour les spectateurs faute de nombre suffisant d’hôtels … A l’heure de la sobriété énergétique, ces éléments apparaissent en contradiction avec les initiatives environnementales prises par de nombreux pays.

La contradiction ultime des progressistes réside cependant ailleurs, avec les fameux « droits humains » : droits des femmes, des homosexuels… Des droits évidemment peu compatibles avec l’islam pratiqué dans le pays. Que le pays ne se renie pas sur ces sujets est compréhensible, mais que les pays occidentaux d’ordinaire si prompts à se mobiliser sur le sujet ne se soient pas ou peu mobilisés (pour éviter d’être taxés de racisme (?)) peut étonner.

 

Une stratégie étatique

Le Qatar, en obtenant l’organisation du Mondial et en passant entre les mailles du filet de tous les scandales, fait preuve d’une capacité étonnante à défendre ses intérêts. Après avoir mis la main sur des biens culturels et acquis des clubs de football comme le Paris-Saint-Germain, le pays s’est offert une vitrine exceptionnelle lui permettant de lisser son image en dépit de ses rapports controversés avec des organisations islamistes. Le Qatar a raison de faire ce qu’il fait, d’utiliser ses richesses naturelles à des fins d’influence ; ce n’est pas Doha qui est en tort mais les pays qui courbent l’échine devant lui et lui passent tous ses caprices… Quand ils ne pratiquent pas une collaboration active pour permettre à ce pays d’atteindre ses objectifs.