homoparentalité

Une étude scientifique parue au début de l’été remet radicalement en cause la ligne officielle qui prévalait jusqu’ici accréditant la thèse selon laquelle il n’y aurait aucune différence en terme de santé mentale entre les enfants élevés par des couples homosexuels et ceux qui le sont par des parents hétérosexuels[1].

« No difference ». Telle était la sempiternelle conclusion de l’ensemble des travaux Outre-Atlantique comparant l’épanouissement psychique des enfants issus de couples homosexuels et hétérosexuels. Un célèbre article de la psychologue Charlotte Patterson de l’Université de Virginie recensant au début des années 90 près de 30 études allant toutes dans le même sens représentait l’argument scientifique infaillible pour faire taire les opposants à l’homoparentalité et tenter d’influencer les choix politiques jusque dans les enceintes internationales[1]. Reprenant la compilation de Patterson, une seconde enquête publiée en 2005 par la prestigieuse American Psychological Association (APA) concluant qu’« aucune étude n’a montré que les enfants de parents gays ou lesbiens étaient désavantagés par rapport aux enfants de parents hétérosexuels » fut ainsi versée au dossier de l’affaire E.B. c. France par les lobbys gays et lesbiens pour défendre l’adoption « homoparentale » devant la Cour européenne des droits de l’homme[2].

Les recherches du professeur Mark Regnerus de l’Université du Texas tordent le cou à ce discours convenu en s’appuyant sur l’examen de 3000 enfants devenus adultes éduqués au sein de 8 structures familiales différentes à partir de 40 critères sociaux et émotionnels[3]. Les résultats les plus positifs concernent les adultes provenant de familles « traditionnelles » qui se disent plus heureux, sont en meilleure santé mentale et physique et consomment moins de drogues que les autres.

A l’inverse, les enfants élevés par des lesbiennes sont les plus mal lotis avec une augmentation statistique inquiétante des dépressions dans leur groupe. Les adultes  interrogés disent également avoir été plus souvent victimes d’abus sexuels (23% contre 2% chez les enfants issus de couples hétérosexuels mariés) et souffrent plus de précarité économique (69% dépendent de prestations sociales pour 17% de ceux élevés par leurs père et mère)[4]. Ces travaux sont d’autant plus intéressants qu’ils viennent contredire la théorie en vogue chez certains psychanalystes qui ont mis l’accent ces derniers mois sur l’importance de la « triangulation psychique », c’est-à-dire le fait d’avoir deux parents homosexuels plutôt qu’un seul parent hétérosexuel, pour assurer une croissance normale de l’enfant.

Pourquoi une telle divergence dans les résultats de ces études de psychologie comportementale ? L’explication tient à la qualité de la démarche de Regnerus qui jette indirectement une lumière crue sur les biais méthodologiques des précédentes études. Le professeur texan a pris soin d’effectuer son enquête sur une large cohorte d’adultes contrairement aux anciennes études portant sur des échantillons ridiculement faibles de 11 à 38 personnes maximum[5]. Par ailleurs, Regnerus s’appuie sur les réponses des enfants eux-mêmes devenus adultes et non sur celles données par les « parents », – la plupart du temps volontaires et non tirés au sort – quand ce n’étaient pas des informations émanant de très jeunes enfants avant l’adolescence instrumentalisés pour valider a posteriori les choix des adultes. Enfin, les études jusqu’ici utilisées comparaient le ressenti des enfants élevés par des lesbiennes à celui d’enfants élevés dans des familles « recomposées », voire « monoparentales ».

Après analyse de l’ensemble des réponses, la conclusion du professeur Mark Regnerus est imparable : le modèle familial reposant sur l’ « union conjugale stable du père et de la mère biologique » – lequel ressemble de plus en plus à une « espèce menacée » (« like an endangered species ») ajoute-t-il avec un brin de malice –, demeure « l’environnement le plus sécurisé pour le développement de l’enfant »[6]. Toute autre combinaison, selon l’universitaire américain, porte préjudice à moyen et long terme à l’équilibre émotionnel de l’enfant, quelles que soient par ailleurs les qualités humaines et éducatives des personnes homosexuelles.

Cette publication – qui confirme le bien-fondé de la structure éthique et anthropologique de l’alliance conjugale entre un homme et une femme pour assurer le plein développement du petit d’homme –  ne saurait être plus longtemps passée sous silence alors que le gouvernement s’apprête à ouvrir l’adoption et l’assistance médicale à la procréation aux couples homosexuels. S’engager dans cette voie reviendrait en effet à heurter de front le principe reconnu par la Convention internationale de l’ONU sur les droits de l’enfant selon lequel l’intérêt supérieur de celui-ci, partie la plus faible et sans défense, doit toujours passer avant toute autre considération.

[1] Charlotte J. Patterson, “Children of lesbian and gay parents”, Child Development 63 (1992), 1025-1042. Article publié en ligne le 28 juin 2008.

[2] Dans son arrêt du 22 janvier 2008, la Cour européenne a donné raison à la requérante contre la France par 10 voix contre 7.

[3] Mark Regnerus, “How different are the adult children of parents who have same-sex relationships? Findings from the New Family Structures Study”, Social Science Research 41 (2012), 752-770.

[4] Wendy Wright et Lisa Correnti, « L’homoparentalité n’est pas l’égale de la parenté fondée sur le mariage hétérosexuel », www.c-fam.org, 15 juin 2012.

[5] Xavier Lacroix, « Homoparentalité », Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques, Conseil pontifical pour la famille, Téqui, p. 595-609.

[6] « The biologically-intact, stable nuclear family (biological mother and father and their marital stability) remains the most secure environment for child development » in Mark Regnerus, “Response to Paul Amato, David Eggebeen and Cynthia Osborne”, Social Science Research 41 (2012) 786-787.