L’hiver démographique que traverse l’Italie nous offre une perspective vertigineuse : la disparition pure et simple d’une nation. A l’heure où les milliards des plans de relance s’accumule, la classe politique italienne ne semble pas avoir pris la mesure du drame qui se joue.
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Le Plan national de relance et de résilience (PNRR) a été présenté au Parlement italien à la fin du mois d’avril par le Président du Conseil Mario Draghi. On a beaucoup parlé des sommes astronomiques que l’Italie va recevoir de l’Union européenne : 191 milliards viendront de fonds européens, dont 122 milliards de prêts à rembourser d’ici 2058. Or, l’impensé, le tabou de la politique italienne, est l’hiver démographique que le pays traverse depuis les années 1990. Comment rembourser cette pharamineuse dette européenne si la génération qui doit naître aujourd’hui n’existe tout simplement pas ?
« Un pays qui ne fait pas d’enfants n’a pas d’avenir (…) Moins de capital social entraine moins de capital économique ». Paroles de bon sens, lapalissade même : ces propos de Matteo Salvini tenus en 2018 ont aujourd’hui, après un an de pandémie, la même urgence. La natalité italienne est catastrophique ET il faut, bien au-delà des échéances électorales et des idéologies du moment, une quinzaine d’années pour inverser la tendance négative en matière de démographie. Un rapide tour d’horizon permet de mieux comprendre l’ampleur de cette crise démographique que traverse l’Italie.
Depuis 1977, le taux de fécondité est passé sous la barre des 2,1 enfants par femme, nécessaires pour assurer le renouvellement des générations. Il est aujourd’hui dramatiquement bas, autour de 1,27 enfants par femme.
Et depuis 1993, le solde naturel (nombre de décès par rapport aux nombres de naissances) est négatif. De -5 559 personnes en 1993, il est aujourd’hui, selon les dernières données de l’Istat, (Istituto nazionale di statistica) de -342 042, pour une population totale de 59 millions d’habitants. Du jamais vu depuis l’Unité de l’Italie (1861).
Les chiffres produits par l’Istat en mars 2021 donnent une photographie inquiétante de la santé démographique italienne : avec 746 146 morts au total, soit une augmentation de 17,6% du nombre de décès, pour 404 104 naissances, soit une diminution de 3,8% du nombre de naissances, cette évolution négative se poursuit. Songeons qu’en plein baby-boom, en 1964, on comptait plus d’un million de naissances, pour un solde naturel positif de 526070 personnes. Le modèle italien de la famille nombreuse, omniprésent dans l’imaginaire populaire, a vécu…
La population italienne vieillit, et cela est dû autant à l’augmentation de l’espérance de vie (près de 14 000 centenaires !) qu’à la baisse des naissances : en 2020, l’âge moyen de la population est de 45,7 ans (42,1 ans en France). 7 727 554 Italiens ont moins de 14 ans, 38 054 844 italiens appartiennent à la classe d’âge de 15-64 ans et 13 859 090 ont plus de 65 ans. Une pyramide des âges qui a pris la forme d’une toupie : si rien ne change, selon un rapport publié en 2017 établissant les projections faites par la Cour des Comptes et Bankitalia, en 2060 l’Italie aura perdu 9 millions d’habitants. En 2044 il y aura 8 millions d’italiens de moins de 54 ans en moins, mais 6 millions d’italiens de plus de 65 ans en plus.
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