Alors que La France Insoumise fait volontiers commerce électoral de la guerre en Palestine, les droites ont engagé une course à qui sera le plus sioniste. Un marqueur idéologique incontournable dans les appareils de parti où aucune voix dissonante ne se fait entendre.
La condamnation unanime des chefs de file des trois principales formations de droite après l’émission d’un mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par la Cour Pénal Internationale contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou illustre une vision uniforme et simpliste d’un conflit complexe.
Quand le gaullisme des droites s’arrête où commence le Jourdain
Dans l’actuel jeu des trois familles qui composent la droite française, toutes se revendiquent du gaullisme. En matière de politique internationale, toutes penchent cependant, à des degrés divers, plus vers l’atlantisme. Là où la position historique de la France était celle de l’équilibre, toutes ont préféré la tutelle de Washington. Hier, Chirac et Villepin, qui ne sont pourtant pas des grands modèles de courage, avaient tenu bon et ferme préservant un semblant de singularité dans la diplomatie française et permettant ainsi de peser un peu sur la scène internationale. Aujourd’hui, ce que proposent les droites en matière de politique internationale consiste en un alignement sur les Etats-Unis, une position similaire à celle de la majorité macroniste.
En s’en tenant à une position de principe, celle des deux États en Palestine, les droites ne prendraient pourtant pas un grand risque.
Azerbaïdjan, l’incohérence fatale des droites françaises
Le soutien inconditionnel des droites françaises n’est pas seulement une rupture avec l’équilibre de la position historique de la France en Terre Sainte ; elle constitue également une terrible incohérence avec leur soutien ostentatoire à l’Arménie. Ainsi, Les Républicains sont directement liés à Ursula von der Leyen qui a signé des contrats gaziers avec Bakou, finançant indirectement l’attaque de l’Arménie. Quant à Reconquête, parti qui parle sans cesse de civilisation, il avait organisé un déplacement en grande pompe en Arménie lors de la campagne présidentielle d’Éric Zemmour. Aujourd’hui il soutient Tel Aviv qui a armé Bakou contre Erevan… Enfin si le RN, s’est montré discret vis-à-vis de l’Azerbaïdjan, tenant une position plutôt favorable à l’Arménie mais apporte aujourd’hui un soutien inconditionnel à Israël au risque de la contradiction pour laver un passer « lepénien » jugé probablement encore trop encombrant.
Comme la gauche, la droite importe le conflit
Lorsqu’il est question d’importation du conflit israélo palestinien, on évoque souvent le cas de la gauche insoumise et de son racolage agressif à destination de l’électorat musulman sensible à cette question. Il serait néanmoins malhonnête de ne pas considérer l’importation du conflit vue de droite. Des maires de droite pavoisent en France avec le drapeau de l’Etat hébreux pendant que cet Etat commet des crimes de masse contre des femmes et des enfants. Comment ne pas voir dans le soutien sans faille en faveur de Benjamin Netanyahou autre chose qu’un signal politique envoyé en direction d’électeurs qui voient dans cette guerre un conflit de civilisation entre l’Occident et l’islam pris comme un bloc ? Cette simplification du conflit fait le jeu de positions extrêmes d’un côté comme de l’autre de l’opinion. Par ailleurs croire que l’Etat hébreux est un rempart de la civilisation chrétienne relève de la plus pure vue de l’esprit. Israël n’a pas combattu l’Etat Islamique qui d’ailleurs ne s’est pas montré franchement hostile à Tel Aviv, Israël a armé l’Azerbaïdjan contre l’Arménie chrétienne (elle, soutenue par l’Iran chiite).
Cette rupture avec le positionnement équilibré de la France témoigne d’une uniformisation de la pensée à droite en matière de relations internationales mais aussi d’une approche simpliste d’un conflit complexe.
Un élément inquiétant réside également dans l’absence de contradiction à droite sur ce sujet. Autrefois cohabitaient des courants dans les mouvements de droite et des opinions divergentes s’opposaient sur une question comme celle du conflit israélo palestinien. Il n’y a désormais plus qu’une voix sur ce sujet, celle du Likoud.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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