Source [Le Salon Beige] Ancien secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples et proche du cardinal Joseph Zen, Mgr Savio Hon Tai-fai, religieux salésien, occupe le poste de nonce apostolique en Grèce depuis 2017.
Sa prise de parole, le 6 août 2021, à l’occasion de la vingt-huitième rencontre internationale de l’association catholique Chine Etats-Unis n’est pas passée inaperçue, c’est le moins qu’on puisse dire.
L’archevêque a brossé sans ménagement un tableau en trois étapes de la situation que vit l’Eglise catholique en Chine depuis l’avènement du totalitarisme communiste en 1949.
La première étape, qui couvre la période 1949-1980, se résume en deux termes, selon lui : « résistance et division ».
Durant ces années de plomb, « de nombreux dirigeants catholiques ont été arrêtés, l’Eglise a été divisée entre une myriade de communautés certaines clandestines, d’autres reconnues par le Parti communiste chinois (PCC) », explique Mgr Hon.
L’intention du PCC était alors de « diviser le peuple afin de le contrôler plus facilement ».
A cette époque, le Saint-Siège « s’efforce de normaliser les relations diplomatiques, tout en encourageant les catholiques à demeurer fidèles à Rome, insistant sur le fait qu’une église autocéphale ne saurait être catholique », explique l’actuel nonce en Grèce.
Sous Deng Xiaoping, une nouvelle ère, relativement paisible, s’ouvre pour les catholiques de l’empire du Milieu, résumée par les termes de « croissance » et « réconciliation » : « les deux communautés divisées ont commencé à adopter une attitude conciliante l’une envers l’autre », précise Mgr Hon, qui ajoute que le Vatican a alors cherché à établir « un dialogue avec le régime, et à promouvoir la réconciliation entre l’Eglise souterraine et les communautés reconnues par le PCC ».
L’année 2013 marque un véritable tournant, avec l’arrivée concomitante du pape François et de Xi Jinping, sur le devant de la scène internationale. Ici commence ce que l’ami du cardinal Zen dénonce comme « l’aveuglement du Vatican ».
Désormais « l’Eglise souterraine se sent abandonnée par le Saint-Siège » déclare Mgr Hon, qui compare, avec une certaine hardiesse, la situation actuelle de l’Eglise en Chine, à l’épidémie de Covid-19 : selon lui, l’accord signé en 2018 entre le Vatican et la Chine, impliquant la reconnaissance d’évêques chinois excommuniés car affiliés au PCC, constitue un premier « virus ».
Lorsqu’en 2019, le Saint-Siège laisse libres les catholiques chinois de s’enregistrer dans les structures officiellement reconnues par le pouvoir communiste, le nonce en Grèce parle de « mutation du virus ».
Et l’archevêque de conclure : « dans le drame qui se joue, à quoi ressemblerai-je ? A un roseau qui plie sous l’effet du vent, ou à ‘un homme pour l’éternité’ ? », demande Mgr Hon, faisant référence à la pièce de théâtre éponyme, évoquant la figure du martyr saint Thomas More, qui n’a pas hésité à verser son sang en s’opposant au roi Henry VIII, afin de défendre la doctrine et la liberté de l’Eglise.
Et de répondre : « Je préfère ce dernier ».
Né de parents païens – il demanda le baptême à l’âge de dix ans, et entrera au petit séminaire deux ans plus tard – Mgr Hon a reçu à sa naissance le prénom de Tai-Fai, qui signifie en cantonnais « grande lumière ». Tout un programme de vie…
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