[Source : Boulevard Voltaire]
Si ce discours n’était pas consacré exclusivement aux échéances électorales, la plus grande partie du propos s’y référait directement ou indirectement.
La montée constante du Front national lors des récentes élections et les sondages qui placent Marine Le Pen au second tour de la présidentielle provoquent, au sein de l’épiscopat français, un malaise palpable. Traditionnellement hostiles au parti de Jean-Marie Le Pen, dont ils pouvaient sans risque dénoncer les outrances, les responsables de l’Église de France hésitent désormais à condamner un mouvement auquel nombre de catholiques donnent leur voix sans complexe.
Réunis à Lourdes en assemblée plénière le 28 mars dernier, les évêques ont subi le discours très politique de leur président, Mgr Georges Pontier. L’homme qui a succédé au charismatique cardinal Vingt-Trois est discret et peu connu du grand public. C’est un « centriste ». Son propos en porte la marque. Alors que, comme les autres, les catholiques apprécient les paroles fortes et les positions fermes, le patron des évêques leur a livré un condensé de politiquement correct.
Si ce discours n’était pas consacré exclusivement aux échéances électorales, la plus grande partie du propos s’y référait directement ou indirectement. Comme d’habitude, la France n’est jamais citée en tant que telle, sauf en qualité d’adjectif. Mgr Georges Pontier préfère parler de la République. Ce qui est, en soi, assez révélateur de la soumission à un concept dépourvu de sens concret.
Vivre ensemble, fraternité, solidarité, tous ces « mots-valises » se retrouvent dans le texte. Sans jamais le citer, l’orateur se livre à de savantes contorsions pour condamner le Front national.
« [La fraternité] qui se transforme en engagement concret en faveur des plus défavorisés, des chômeurs et aussi des migrants, des réfugiés venus en France en fuyant les conditions de vie devenues dangereuses ou misérables dans leur pays d’origine. Heureusement, au ras du terrain, cette fraternité se vit dans un tissu associatif généreux, engagé, durable, qui mérite d’être encouragé et soutenu. Nous ne pouvons pas penser notre avenir, chacun replié sur soi-même. Certains le pensent. C’est un leurre. »
Puis, à propos des musulmans auxquel un long passage est consacré : « Interdire de s’exprimer à certains les désigne comme de dangereux citoyens et fracture la société. »
On saura gré à Mgr Pontier d’avoir rappelé, brièvement, les exigences fondamentales du respect de la vie et de la famille, et souligné qu’« il n’y a pas de droit à l’enfant et [que] brouiller les repères de la filiation devrait apparaître comme une limite à ne pas franchir ». Avant de revenir au politiquement correct à propos de l’Europe, vue comme un horizon sinon indépassable, au moins souhaitable, sans réserve face à l’ultralibéralisme de Bruxelles.
Le moins que l’on puisse dire est que le discours manque de nerf et ne semble pas partagé par tous les prélats. Certains, prudents, estiment qu’il est contre-productif de condamner certains suffrages, alors que 25 % des catholiques votent Le Pen. Mais, une fois encore, si l’Église est totalement dans son rôle en appelant à la miséricorde, à l’accueil et à la charité, ses représentants semblent déconnectés de la réalité et d’une attitude prudentielle et pragmatique face au principal défi que notre Vieux Monde doit relever : l’offensive de l’islam au sein de notre société déchristianisée.
Entendent-ils les cris des chrétiens d’Orient ?