Source [Boulevard Voltaire] : Un problème de faux billets, c’est tout. En conférence de presse, ce lundi après-midi, Gérald Darmanin persiste et signe. Il dénonce « une fraude massive, industrielle de faux billets ». Dans le viseur, les mêmes supporters anglais qui, pour 30.000 à 40.000 d’entre eux, n’avaient pas de billet ou un billet falsifié. « Il n’y a que dans le football et seulement avec des clubs anglais qu’on a ce genre d’événements », martèle le ministre de l’Intérieur, ce 30 mai, à propos du match Real Madrid-Liverpool qui a mal tourné au Stade de France.
Le préfet de police de Paris Didier Lallement demande au procureur de Paris l’ouverture d’une enquête pour cette « fraude massive de billets ». Darmanin s’enfonce.
Car les faux billets des supporters anglais pour la finale de la Ligue des champions, ce samedi soir, n’expliquent pas tout. Dès dimanche, de très nombreux titres de la presse internationale, et pas seulement de la presse anglaise, ont désigné les coupables : 300 à 400 jeunes pilleurs qui n’ont pas traversé la Manche en TGV. Les médias ont même inventé, pour les désigner, une de ces litotes dont l’époque a le génie : les « riverains » ! Le « riverain » est merveilleux : il fleure le jardin fleuri, l’éternel café-tabac, la balade du chien, matin et soir, sous les platanes et le coup de main au voisin pour installer le barbecue. Hélas, le profil des « riverains » de la presse ou des « supporters anglais » de Darmanin est assez évident. Selon Valeurs actuelles, sur 48 gardés à vue, deux seulement étaient britanniques… dix-huit étaient algériens, deux marocains, deux tunisiens. Certains Anglais seraient bien venus en France avec de faux billets, mais ce souci concerne davantage la sécurité du stade que la police de Darmanin. Une façon de botter en touche...
Les autres Anglais, qui avaient fait le déplacement munis d’un billet, bousculés, gazés, détroussés parfois, ont peu apprécié d’être rendus responsables du fiasco. Le ministre de l’Intérieur a donc délibérément choisi une ligne politique suicidaire, celle du mensonge. Tant pis si cette version provoque des éclats de rire sur les réseaux sociaux : les internautes ironisent sur ces Anglais bilingues qui imitent si parfaitement, dans leurs vidéos, le phrasé de nos banlieues. Et tant pis si les autorités anglaises s'émeuvent de ce traitement.
Le message est clair : tout va bien dans nos banlieues, l’assimilation à la française est un modèle du genre, l’immigration est une chance, etc. Sans les Anglais, la France aurait des airs de paradis terrestre. Maudits Anglais !
L’entêtement de la France par la voix de Darmanin a quelque chose de pathétique. Perseverare diabolicum... Comment assumer le bilan de quarante ans de politiques d’immigration et de sécurité délétères, accélérées ces cinq dernières années ? Le pouvoir peut stigmatiser l’Anglais sans risque : le fameux « riverain », lui, a droit à bien plus d’égards. Pour Mélenchon, le problème est encore plus simple, il vient exclusivement… de la police. Mais tout mensonge se paie un jour. Ce qui restait de crédibilité de l’État sur ces thèmes ressortira considérablement affaibli de cette affaire. Sur ce sujet comme sur d’autres, Macron aura joué, plus encore que ses prédécesseurs, les syndics de faillite.
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