Lors du deuxième concile du Vatican, certains évêques français défendirent le principe d'un apostolat des laïcs focalisé sur l'Action catholique mais cette idée n'aboutit pas. À leur retour en France, ceux-ci imposèrent pourtant leur point de vue.

Les mouvements d'Action catholique, alors dominés par la pastorale de l'enfouissement, furent privilégiés, mais cette politique ne dura pas, en raison de la fin du " mandat " en 1975. Cette année-là, l'exhortation apostolique de Paul vi Evangelii nuntiandi encourage une annonce sans détour de la Bonne Nouvelle, et favorise un renouvellement de l'apostolat des laïcs .

 

I- Les errements de la politique pastorale française

 

Durant le Concile, le cardinal Suenens prône une Action catholique élargie à toutes les organisations de laïcs. En revanche, le cardinal Liénart milite pour une Action catholique limitée à des mouvements spécifiquement mandatés par les évêques pour exercer une mission en leur nom. La conception la plus large l'emporte dans le décret sur les laïcs Apostolicam actuositatem. En 1967, les évêques de France réunis en assemblée plénière renouvellent " l'option pastorale ferme pour le type de présence que représente, en France, l'Action catholique sous toutes ses formes. " L'expression vise l'interprétation du prélat lillois. En 1969, le Conseil permanent de l'épiscopat publie une note qui durcit le texte de 1967 et indique les mouvements " authentifiés officiellement comme mouvements d'Action catholique ".

 

Influences idéologiques

Où en est alors l'Action catholique ? Au cours de la période 1965 à 1975 marquée par une agitation politique, sociale et culturelle, certains mouvements se laissent séduire par des idéologies en vogue. En 1990, le cardinal Decourtray évoquera cette page douloureuse de l'Église de France en parlant de " connivence " avec l'idéologie marxiste. Ces choix particuliers appartiennent à l'histoire, et il convient de les rappeler non pour entretenir telle ou telle rancœur, mais pour tirer parti de l'expérience (un exercice de santé intellectuelle) et confirmer la nécessité d'une juste harmonie dans l'Église entre charismes et institution. D'ailleurs, la repentance critique du primat des Gaules sera partagée ; des responsables nationaux du M.r.j.c. reconnaîtront à propos du marxisme : " On en a peut-être fait un absolu . "

En 1970, à son conseil national, la J.e.c. se définit comme " un lieu de confrontation entre une pratique marxiste et une pratique chrétienne toutes deux vécues par les mêmes militants ". En juillet 1972, la J.o.c. et la J.o.c.f. approuvent la signature du Programme commun de la gauche ; l'A.c.o. appuie la candidature unique de la gauche lors de l'élection présidentielle de 1974 ; le 1er juillet 1974, Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste, est invité au rassemblement " Objectif 74 " de la J.o.c.-J.o.c.f. ; l'organisation Chrétiens marxistes est créée en janvier 1975 ; quatre mois plus tard, à l'issue de son conseil national, Vie nouvelle affirme que " la critique marxiste purifie et affine l'expression du personnalisme et de la foi en Jésus-Christ " ; en 1976, pour la première fois, deux nouveaux membres de l'équipe nationale de l'Action catholique des enfants (A.c.e.) et deux autres de celle de l'A.c.o. appartiennent au parti communiste ; en 1983, le rapport d'activité de l'A.c.o. s'intitule " Être croyant et au Parti communiste " et affirme : " Il est possible de vivre et de lutter comme chercheurs de Dieu et comme marxistes. "

 

Distances à l'égard des intuitions originelles

En 1973, à l'époque où le Conseil permanent de l'épiscopat se pose la question de supprimer le sigle " Action catholique " pour certains mouvements, Mgr Roger Tort constate à propos des dirigeants du M.r.j.c. : " En poursuivant longtemps le dialogue, on arrive à faire réapparaître de temps en temps à leur conscience quelques traces de ce que nous appellerions "l'orthodoxie catholique". Lors du congrès de 1978 de l'A.c.g.f., Mgr Louis Simonneaux prononce une homélie. L'évêque de Versailles est hué quand il dit : " Vous êtes un mouvement d'Action catholique... Au nom de mes frères évêques, et sur leur invitation expresse, je vous recommande d'être "catholiques". " Marquée par une atténuation de son message chrétien, l'A.c.e. passe de 170.000 membres en 1979 à 70.000 en 1985.

En 1985, Mgr Georges Rol qui accompagne le Mouvement eucharistique des jeunes (M.e.j.), intervient pour rappeler l'importance de l'adoration eucharistique à ce mouvement qui la néglige. Les 60.000 membres de l'époque ne sont plus que 8.500 en 1999. L'hémorragie s'explique en partie par sa crainte manifestée, à l'échelon national, à présenter explicitement son identité. En 1991, membre de l'équipe nationale de la J.e.c., Pierre Laurent déclare à des évêques et d'autres responsables de mouvements : " La J.e.c. a toujours soutenu la pluralité confessionnelle au sein de son mouvement, voire même en y associant des gens qui se disaient athées, nihilistes, incroyants — aujourd'hui on se rend compte que c'est important ; [...] la notion d'évangélisation nous gêne. " À cette même rencontre, un membre de l'équipe nationale des Guides de France, Brigitte Clermont-Chardot, déclare : " C'est très clair, les musulmans ont leur place chez nous. "

 

Privilèges financiers

Malgré la fin du mandat (1975), le soutien financier s'accentue en faveur des mouvements d'Action catholique. Ils bénéficiaient de 74,3 % des subventions ordinaires prévues pour 1974. En 1981, les mouvements d'enfants et de jeunes d'Action catholique obtiennent 95,8 % des subventions ordinaires. En 1982, le rapport à un membre d'un mouvement donne la situation suivante : M.e.j. (0, 31 F) ; J.o.c. (10 F) ; J.o.c.f. (20 F) ; J.I.C. (40 F) ; J.e.c. (100 F). Cette année-là, les évêques revalorisent certaines subventions qui augmentent, en un an, de 50 % pour la J.i.c. et la J.i.c.f., 90 % pour la J.o.c.f., 100 % pour la J.o.c. et 118,2 % pour le M.r.j.c. Les évêques sauvent l'A.c.e. après son coûteux rassemblement national de 1993 qui risquait d'entraîner sa faillite. En 1995, les subventions épiscopales représentent 48,7 % du budget de la J.i.c.f. Depuis plus de vingt ans, seuls le M.e.j. et les mouvements de jeunes de l'Action catholique reçoivent ces subventions. Cette politique de soutien financier étonne car elle concerne les mouvements les plus réservés ou critiques à l'égard de l'Église .

 

II- Hors de toute planification officielle

 

Au début des années 1960, des mutations pédagogiques et doctrinales traversent les Scouts de France dont le scoutisme se " sécularise " . S'y opposent les Guides et Scouts d'Europe qui veulent un scoutisme ouvertement catholique et transcendant. D'autres respectent l'institution des Scouts de France où subsistent des troupes unitaires mais leur marge de manœuvre qui se réduit les conduit à fonder les Scouts unitaires de France (S.u.f.) en 1971. En juin 1975, les Scouts de France redéfinissent leur projet pédagogique. Leurs effectifs remontent à partir de 1978. L'épiscopat confie aux Scouts de France et aux Guides de France le service d'ordre de l'eucharistie célébrée au Bourget par Jean-Paul ii (1980). Les deux mouvements participent au Congrès eucharistique international de Lourdes (1981). Ces deux faits sont perçus comme des signes de reconnaissance de l'épiscopat. Scouts de France et Guides de France envisagent l'union de leurs forces. Craignant pour leur identité féminine, les Guides de France cessent les pourparlers en 1981. Dès lors, les Scouts de France s'ouvrent plus largement aux filles qui représentent 30 % de leurs 117.700 membres (1997). Dans l'intervalle, une hémorragie frappe les Guides de France . Guides et Scouts d'Europe et Scouts unitaires de France poursuivent leur croissance.

 

Le succès des initiatives d'origine protestante

En août 1940, le pasteur suisse Roger Schutz se rend à Taizé. Il y fonde une communauté. Des catholiques s'y joignent en 1969 . À partir de 1978, des rassemblements européens annuels s'organisent. Simplicité et dépouillement dominent à Taizé et caractérisent le " pèlerinage de confiance " auquel invite celui qu'on appelle désormais frère Roger. En 1974, deux protestantes lancent l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture.

L'influence protestante se révèle aussi par le Renouveau charismatique issu du pentecôtisme américain. Au début des années 1970, deux ouvrages favorisent son arrivée dans l'Hexagone : la Croix et le Poignard du pasteur David Wilkerson et le Retour de l'Esprit - le Mouvement pentecôtiste catholique de Dorothy et Kevin Ranaghan. Des personnalités appuient le Renouveau dans l'Esprit : Marthe Robin, stigmatisée à l'origine des Foyers de Charité ; le père Henri Caffarel par son école de prière à Troussures (Oise) ; Lanza del Vasto par la non-violence. Deux courants favorisent les premières implantations en France : l'un américain avec des témoignages et des voyages outre-Atlantique pour l'Emmanuel (1972), le Chemin neuf (1973), la Communauté chrétienne de formation à Poitiers (1974), le Puits de Jacob (1977) ; l'autre communautaire avec le passage par l'Arche de Lanza del Vasto des fondateurs de la Théophanie à Montpellier (1972), de la Sainte-Croix à Grenoble (1972), du Lion de Juda et de l'Agneau immolé (1973) qui prend comme nom Les Béatitudes en 1991, du Pain de Vie en Normandie (1977).

En 1977, à Holy Trinity Brompton, paroisse anglicane de Londres, s'organisent des enseignements sur la foi appelés depuis " cours Alpha ". D'autres chrétiens et des non-croyants rejoignent cette initiative. Elle démarre en France en 1998. Chargés d'y assurer sa diffusion, Marc et Florence de Leyritz obtiennent l'aide de l'Emmanuel, du Chemin neuf et de la communauté Saint-Jean du père Marie-Dominique Philippe. La méthode n'en reste pas moins au service des paroisses, comme dans les " cellules paroissiales d'évangélisation " fondées sur l'adoration eucharistique. Leur origine est due à don Pegi Perini, curé de Sant'Eustorgio à Milan, qui s'est inspiré d'un pentecôtiste, le pasteur coréen Yonggi Cho.

 

Percée des fondations latines et catholiques

Apparu en France en 1947, l'Opus Dei y compte 100 membres en 1965, 800 en 1975 et 1.400 en 1998. Actuellement, foyers d'étudiants, récollections et cercles existent dans plus de 30 grandes villes. La Légion du Christ et Regnum Christi s'implantent en France en 1987. Un petit séminaire est inauguré à Méry-sur-Marne en 1996 avec 15 jeunes. Ils sont 41 en 1999. Cette année-là, les Légionnaires du Christ reprennent le patronage parisien Le Chantier à la demande du cardinal Lustiger. La première implantation des Focolari se situe à Grenoble en 1956. Actuellement, 3.000 personnes appartiennent au mouvement en France. Communion et libération gagne la France à la fin des années 1960 avec le dominicain italien Dino Quartana. Des Français se rendent aux meetings de Rimini à la fin de chaque été. Fondés en 1959 à Tenerife (Espagne) par Fernando Rielo Pardal, les Missionnaires identes du Christ crucifié arrivent en France en 1975-1976. Leur spiritualité se fonde sur l'appel à la sainteté, la conscience filiale à l'imitation du Christ et l'union mystique avec Dieu. Le Chemin néocatéchuménal franchit les Pyrénées en 1973, neuf ans après sa création en Espagne. En 1989, une quarantaine de communauté existent. Dix ans plus tard, l'effectif a doublé.

En 1939, se forme une équipe de foyers à l'origine des Équipes Notre-Dame. La spiritualité conjugale de ce mouvement repose sur le dialogue dans le couple illustré par le " devoir de s'asseoir " mensuel. Fondés en 1969 à Dijon pour approfondir Vatican ii, les groupes diocésains Foi et Vie sont implantés dans huit diocèses en 1977 et près de 30 en 1990. En juin 1973 à Nantes, Madeleine Hardy lance les Équipes familiales de formation apostolique. En 1975, Clothilde Duquesne, Louis et Françoise Lucrot créent l'Action familiale pour l'évangélisation et l'apostolat de l'enfance. Domus Christiani , qui se constitue en 1978, s'attache à la sanctification de la famille.

Sous l'impulsion de Mgr Maxime Charles, des groupes de jeunes s'organisent à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre : en 1961, Saint-Jean puis les foyers Résurrection et les équipes Rencontre ; en 1964, Saint-Paul puis le Buisson ardent. Nommé à la basilique, le père Michel Gitton lance Aïn Karem (1985). En 1969, avec des jeunes liés au scoutisme, Michel Menu organise un premier raid goum. Frère de l'Instruction chrétienne de Ploërmel, Joseph Quéhé offre à des adolescents une éducation spirituelle exigeante appelée Foi et Prière en 1980. En 1975 à Lisieux, pour aider séminaristes et prêtres dans leur vocation, l'abbé Bruno Thévenin lance les prémices de la Mission thérésienne où des enfants prient quotidiennement et nominalement pour 10 % des membres du clergé français. En 1976, des étudiants fondent les Équipes Notre-Dame jeunes. En 1979, une quinzaine d'organismes liés à l'éducation de la jeunesse proposent une formation reconnue par l'État, pour l'animation des loisirs, et fondent l'Association pour la formation des cadres de l'animation et des loisirs : elle comptera 2.500 stagiaires en 1990. Constitué en 1985 par la communauté Saint-Jean, Saint-Jean Éducation organise des camps d'été, un en 1985 et 11 dès 1988. Des créations locales, comme Jeunes chrétiens Europe dans le Nord (1989) ou Jeunes pour une Foi à Saint-Étienne (1990), dispensent un enseignement fidèle au magistère de l'Église.

S'inspirant de Pauline Jaricot, le dominicain Eyquem crée les Équipes du rosaire (1955). Depuis 1959, des Français se rendent à Thun-Saint-Martin près de Cambrai . Fidèle réplique de celle de Schönstatt , une chapelle y est érigée en 1964-1965. L'œuvre est fortement implantée dans le Cambrésis, en Alsace et autour de Valence. Depuis 1985, à Guer en Bretagne, les époux Haentjens proposent une chaîne de prière lors du Carême. Annuellement, près de 2.000 personnes y prient chaque jour 15 à 30 minutes. L'année suivante, à Marseille, deux mères de famille, Jeanne Avignon et Monique Fayolle, fondent Prière et Lumière. Ces deux oblates encouragent la prière de chrétiens isolés qui ne peuvent guère se déplacer. Ils sont 2.500 dix ans plus tard.

En 1967, les Communautés d'accueil dans les sites artistiques (C.a.s.a.) se constituent sur trois pôles : histoire, esthétique, spirituel. Fondée en 1984, Ars et fides fédère des associations qui assurent des visites d'édifices religieux dans une perspective chrétienne. Le Groupement d'activités catholiques internationales favorise la connaissance de hauts lieux de la chrétienté en Europe. En 1968, pour aider les parents d'enfants handicapés, Marie-Hélène Mathieu publie Ombres et Lumière. Avec Jean Vanier, elle organise un premier pèlerinage à Lourdes pour 4.000 handicapés mentaux et leur famille (avril 1971). En 1990, le père Thierry de Roucy de l'abbaye Notre-Dame de Chiry-Ourscamps (Oise) fonde Points-Cœur pour des enfants en difficulté. En 1991, est créée l'Association médicale saint Côme et saint Damien pour diffuser la pensée de l'Église sur le respect de la vie humaine.

 

III- Un souffle qui vient de Rome, la " nouvelle évangélisation "

 

Le 9 juin 1979 à Nowa Huta (Pologne), Jean-Paul ii emploie pour la première fois l'expression " Nouvelle évangélisation " . À l'époque, ce propos ne suscite pas de réactions en France. En revanche, à l'approche des Journées mondiales de la jeunesse à Saint-Jacques-de-Compostelle (1989), la contestation surgit et s'enfle (1989-1991). Un ancien jésuite est à l'origine des textes qui dénoncent l'expression " Nouvelle évangélisation ". Leurs auteurs craignent un discrédit de la pastorale incarnée par l'Action catholique et le retour d'une chrétienté médiévale. Or, nombre de critiques reposent sur des faits erronés ou partiaux communs à la plupart des textes : mêmes erreurs de datation ou de lieu ; omission du discours originel prononcé à Nowa Huta et, par conséquent, de son contexte. Leur analyse repose ainsi sur des éléments peu fiables.

Mgr Gérard Defois corrigera en affirmant à propos de la Nouvelle évangélisation : " Elle vise simplement à réintégrer l'existence chrétienne dans un tissu social. Aucune reconquête là-dedans : on n'est plus au temps de Charlemagne ! " René Rémond ne peut s'empêcher d'observer : " Quel pape serait celui qui se désintéresserait de l'avenir du catholicisme ? [...] Rien n'autorise à penser que Jean-Paul ii conçoit cette évangélisation comme la restauration d'une chrétienté archaïque. " Le pape lui-même s'étonne de la contestation : " Des voix se sont élevées pour soutenir que le Rêve de Compostelle appartenait au passé, et que l'Europe chrétienne n'était plus qu'une donnée historique à classer dans les archives. Que certains milieux, qui prétendent représenter l'opinion publique, soient pris d'une telle panique à la simple idée d'une nouvelle évangélisation ne peut que donner à réfléchir . "

 

Les Journées mondiales de la jeunesse : de la méfiance au ralliement

 

Parmi les pèlerins venus à Rome pour la Pentecôte de l'Année sainte de 1975 figurent ceux du Renouveau charismatique chaleureusement reçus par Paul vi. Si, tous les trois ou quatre ans, des responsables nationaux de la J.o.c. vont à Rome, tel n'est pas le cas pour d'autres mouvements critiques à l'égard de l'Église. En 1990, pour la première fois depuis 1958 avec la Jeunesse agricole catholique, une délégation du M.r.j.c. qui lui a succédé se rend dans la Ville éternelle. Le M.e.j. rivalise avec ces trente-deux années. Il part à Rome en 1987, soit vingt-sept ans après le pèlerinage de 1960 de la Croisade eucharistique. À Rome, à la veille de la Pentecôte 1998, dans le cadre de l'année de l'Esprit Saint préparatoire au jubilé de l'an 2000, 280.000 membres des communautés nouvelles et des mouvements ecclésiaux se rassemblent pour la première fois autour du pape. Les Français sont peu nombreux.

À l'invitation de Jean-Paul ii, 200.000 jeunes viennent à Rome lors des Rameaux en 1984 et 250.000 en 1985. Peu de Français participent à ces préludes des Journées mondiales de la jeunesse. En 1987, pour Buenos Aires, des invitations du Conseil pontifical pour les laïcs renforcent la maigre délégation officielle prévue par la Commission épiscopale enfance-jeunesse française. En 1989, de nombreux mouvements boudent la rencontre de Saint-Jacques-de-Compostelle. Plus du tiers des inscrits français viennent par l'intermédiaire de l'Emmanuel (2.000) et de Jeunes chrétiens services (J.c.s.-6.150). En 1991, vingt jocistes se rendent à Czestochowa. La J.o.c. est ainsi le premier mouvement d'Action catholique à se joindre à une telle rencontre. Malgré l'éloignement, 2.500 Français se rendent à Denver (1993) et 280 à Manille (1995). Pour la rencontre de Paris (1997), le 17 août, veille de la venue des jeunes à Paris, l'Emmanuel compte le plus grand nombre d'inscrits. Suivent dans l'ordre : Regnum Christi, le Chemin neuf et le Chemin néocatéchuménal. Seul le M.r.j.c. refuse de se rendre à Paris. L'A.c.o. qualifie les groupes présents de " composantes les plus rétrogrades de l'Église " . Ces critiques restent marginales au regard du succès.

 

Naissance de la pluralité apostolique

Du concile Vatican ii à 1975, prédomine une Action catholique mandatée. Cependant, devant l'urgence de l'évangélisation, la pastorale de l'enfouissement n'est plus de mise. Les pesanteurs hexagonales restent marginales face aux impulsions romaines qui favorisent ouvertement l'évangélisation, perspective à laquelle se rallient nombre de créations récentes ou non. Leur foisonnement constitue une réalité désormais incontournable. Situé dans un cadre élargi, l'apostolat des laïcs devient plus conforme à l'esprit de ce concile attaché à la pluralité apostolique.

l. l.
. Cf. LALOUX (Ludovic), Les étapes du renouvellement de l'Apostolat des Laïcs, en France, depuis le Concile Vatican II, thèse de doctorat en histoire, Université de Lille III, juin 1999, 850 p.

. Action catholique des milieux indépendants, Action catholique ouvrière (AC.O.), Chrétiens dans le monde rural, Jeunesse indépendante chrétienne (J.I.C.), Jeunesse indépendante chrétienne féminine (J.I.C.F.), Jeunesse ouvrière chrétienne (J.O.C.), Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (J.O.C.F.), Jeunesse étudiante chrétienne (J.E.C.), Jeunesse étudiante chrétienne féminine, Action catholique universitaire, Jeunesse maritime chrétienne, Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (M.R.J.C.), Cœurs vaillants - Âmes vaillantes (Action catholique de l'enfance), Action catholique générale des hommes, Action catholique générale féminine (A.C.G.F.), Mouvement des cadres chrétiens, Action catholique des membres de l'enseignement chrétien, Action catholique des milieux sanitaires et sociaux.

. Dans J.A.C./F. - M.R.J.C., 1929-1979 : 50 ans de notre mémoire, supplément à La Mèche, 1980, 283 p., p. 201.

. Avec 20 jeunes, la J.O.C. est le seul mouvement subventionné à venir aux Journées mondiales de la jeunesse de Czestochowa (1991). Tous les autres (J.E.C.., J.I.C., J.I.C.F., M.E.J., M.R.J.C.) refusent de s'y rendre.

. Selon LANEYRIE (Philippe), Les Scouts de France - L'Évolution du mouvement des origines aux années 80, Paris, Cerf, 1985, 456 p., p. 325-387.

. Les troupes unitaires reposent sur le système de la patrouille (jeunes de 12 à 17 ans). Leurs partisans veulent en conserver " l'unité " d'âge.

. 70.000 au début des années 1980 puis 23.000 en 1996.

. 26.400 en 1985 et 32.000 en 1998.

. 10.000 en 1981 et 22.000 en 1997.

. Frère Max Thurian, pasteur de l'Église réformée, est ordonné prêtre catholique (1987). Actuellement, seul un frère célèbre la Cène à Taizé.

. Au Mexique, Marcial Maciel crée la Légion du Christ (1941), congrégation qui compte le plus grand nombre de vocations sacerdotales depuis Vatican II. Sa branche laïque, Regnum Christi, date de 1968.

. En 1954, aumônier d'étudiants à Milan, Luigi Giussani lance Jeunesse étudiante appelée Communion et Libération en 1969.

. Pour la prononciation, la transcription pour les francophones est souvent Missionnaires identès du Christ crucifié.

. 100 familles en 1990, 400 en 1995 et 800 en 1997.

. Où, en octobre 1918, était tué le soldat allemand Josef Engling, membre d'une congrégation mariale.

. Localité proche de Coblence. Dans un esprit marial, y a été fondé le Mouvement apostolique de Schönstatt.

. Située près de Cracovie, cette localité ouvrière voulue sans Dieu par le régime communiste connut beaucoup de difficultés pour l'érection d'une croix et d'une première église consacrée par l'archevêque Karol Wojtyla en 1977. Jean-Paul II, homélie prononcée à Nowa Huta le 9 juin 1979, la Documentation catholique, n° 1767, 1er juillet 1979, p. 637-639.

. JEAN-PAUL II, entretien avec Vittorio Messori, Entrez dans l'espérance, Paris, Plon / Mame, 1994, 336 p., p. 182.

. Association fondée en 1988 par Philippe de Saint-Germain. JCS est à l'origine de la Fondation de service politique qui poursuit son œuvre depuis 1992 dans le domaine de l'apostolat politique en menant une activité d'études, de recherche et de communication avec ses universités d'automne et la revue Liberté politique lancée en 1997.

. MARTINEAU (Pascal), rédacteur en chef, " J.M.J. ", dans Témoignage - A.C.O., n° 439, octobre-novembre 1997, 20 p., p. 2.