Ce sont les vacances. Nos chères têtes blondes sont à la plage ou en famille, leurs professeurs prennent un repos bien mérité. Cependant, sous les ors des palais de la république se prépare la grande refondation de l’école de la république promise par François Hollande. Son Ministre y travaille.
Polémique et agressif vis-à-vis de l’enseignement catholique durant la campagne électorale, le discours est devenu beaucoup plus apaisant et consensuel depuis le congrès des APEL début juin devant lequel Vincent Peillon s’est exprimé.
Nous ne sommes plus en 81, le monopole de l’enseignement public n’est plus officiellement de saison. La règle entre le Ministère et l’enseignement catholique, doit être juste, transparente, presque amicale. Une grande concertation a été lancée autour de quatre grands thèmes : « la réussite scolaire pour tous », « les élèves au cœur de la refondation », « un système éducatif juste et efficace » et enfin, « des personnels formés et reconnus ». Il est évident que l’enseignement catholique va y participer.
L’objectif depuis Alain Savary en 1981 n’a guère changé, « amélioration sensible des résultats scolaires, égalité plus grande dans la réussite des élèves, réduction de moitié des sorties sans qualification et diversité dans les parcours qui favorise leur insertion professionnelle ». Mais le ton n’est plus hostile à l’égard de l’enseignement catholique.
La guerre n’aura donc pas lieu comme en 1981, en tout cas, pas avec l’enseignement catholique officiel. Pour les écoles privées hors contrat il n’est pas dit qu’il en soit de même, nous le verrons rapidement.
Elle n’aura pas lieu parce qu’elle n’a plus de raison d’être. La Gauche n’a pas changé, son objectif est le même, mais sur ce terrain culturel elle n’a pratiquement plus d’adversaire politique. Vincent Peillon peut évoquer les grands maitres du laïcisme devant les parents de l’enseignement catholique, il ne dérange plus personne.
Un excellent petit livre écrit par François Brigneau dans les années Mitterrand, tout récemment réédité, vient pourtant rappeler fort opportunément à ceux qui l’aurait oublié ou qui ne le saurait pas, quel est ce but. Ce que veulent les maitres du laïcisme, dont Vincent Peillon se revendique le fils spirituel, consiste à « organiser une société sans Dieu »… « Tenir l’école pour tenir la France »… Ne pas « faire des élections, mais des électeurs ». Or ce qu’il y a de plus constant à gauche, ce qui lui donne sa force et sa cohérence, c’est cet objectif idéologique, culturel et politique.
Or, depuis longtemps, la droite libérale a cessé de livrer ce combat culturel contre l’idéologie d’une gauche qui a pour projet d’organiser la société sur la base d’une religion républicaine (cf. le dernier livre de Vincent Peillon). Quant au catholicisme, il est devenu un « libre catholicisme » à l’instar du « libre protestantisme suisse » sur lequel Ferdinand Besson toujours déclarait s’appuyer, dans une lettre à Victor Hugo. Gambetta déclarait : « le cléricalisme voilà l’ennemi ». Au sens où l’entendait Gambetta, Jules ferry, Paul Bert, Jules Simon, Waldeck Rousseau ou le petit Père Combes, il n’existe plus. Une page est tournée.
L’Eglise de France a aussi rendu les armes sur ce terrain. Faut-il le regretter ? Non, mais prenons en acte. Profitons de cette paix scolaire - Provisoire ? Vincent Peillon, lui, parle de « pacification », terme plus militaire et colonial - pour fonder des écoles ayant un vrai projet éducatif et préparer la société de demain, une société qui fasse droit à l’aspiration spirituelle de l’homme et soit ouverte à la bonne nouvelle du salut. A cette mission, nous ne renoncerons pas.
Thierry Boutet