Le président étasunien Donald Trump a annoncé « une boucherie » s’il n’était pas élu en décembre prochain. Emmanuel Macron se dit quant à lui prêt à envoyer des troupes en Ukraine. Avec les réseaux sociaux et le développement du sensationnel, la parole politique se cantonne à des slogans et des incantations parfois bien éloignés du réel.

Un « show à l’américaine », c’est un peu ce que semble devenir la vie politique en France et en Occident. Les récentes déclarations de Donald Trump s’inscrivent dans cette lignée. Évoquant les projets chinois de construction d’automobiles au Mexique qu’il taxerait avec des droits de douane de 100 % (ce que ne fera pas son adversaire Joe Biden), l’ancien président a prédit une « boucherie » en matière d’économie pour les Etats-Unis s’il venait à perdre.

La riposte du camp du président en place ne vole guère plus haut et Joe Biden a qualifié son opposant de « perdant »…

En France, Emmanuel Macron a défrayé la chronique en se disant prêt à « envoyer des mecs » à Odessa, se démarquant ainsi de ses petits camarades européens et « traçant une ligne » singulière pour le scrutin de juin prochain face aux concurrents de la liste de la majorité. S’il n’enverra certainement pas de « mecs » à Odessa, le président use d’une rhétorique exagérée afin d’attirer l’attention et de se trouver au cœur d’une actualité continentale assez peu changeante ces derniers mois concernant la guerre en Ukraine.

 

Entre gesticulation et paralysie

 

Le slogan et la provocation ont pris une place incontournable à l’heure de l’information en continu et des réseaux sociaux. Le « marketing politique » qui existait déjà auparavant est devenu le cœur de la communication de nos politiciens. Alors que la communication était au service d’idées, les idées sont aujourd’hui reléguées à l’arrière plan d’un vaste plan com’ élaboré par des diplômés d’écoles de commerce et des hauts-fonctionnaires en mal de pouvoir.

L’étude des sondages a remplacé l’étude des idées. Aucun parti ne semble être épargné.

Quand l’hyperactivité des uns leur permet de surnager, le silence des autres les fait grimper. La spirale infernale de l’information/opinion n’en finit pas et ne profite ni au développement d’idées ni à l’action politique. Tout se trouve dans l’ajustement dans un environnement cloisonné par le pouvoir judiciaire et celui de Bruxelles. Paradoxalement, le pouvoir politique national avec Emmanuel Macron n’a jamais été aussi bruyant mais n’a jamais paru aussi impuissant. Ses gesticulations sociétales demeurent aujourd’hui une de ses rares prérogatives exploitables.

Difficile d’imaginer qu’une alternance puisse, à court ou moyen terme, changer la donne tant les électeurs (ou le « public ») se sont habitués à un mode de communication fait de polémiques permanentes, de provocations et de débats au raz des pâquerettes.  

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique