La vieillesse malheureuse : voir au-delà du conflit de générations

L’association Petits Frères des Pauvres a publié lundi 30 septembre son rapport annuel consacré aux anciens la veille du 1er octobre, journée internationale des personnes âgées.

Un document éclairant sur une tranche d’âge non épargnée par la pauvreté alors que la question des retraites revient sur le devant de la scène et que les conflits de générations sont à la mode.

La France compte 2 millions de personnes de plus de 60 ans vivant sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec 1 012 € par mois. Une somme dérisoire pour se loger et vivre dignement en 2024. Les chiffres chocs du rapport 2024 de plus de 150 pages de l’étude de l’association Petits Frères des Pauvres réalisée avec l’assurance retraite nous apprennent que 69 % des personnes âgées pauvres ont connu au moins une privation au cours de l’année écoulée (lien social, chauffage, alimentation, santé) mais aussi que 37 % des personnes âgées pauvres se sentent abandonnées, un sentiment particulièrement fort en dehors des agglomérations. Enfin, le document affirme que plus d’une personne âgée pauvre sur deux ne bénéficie d’aucune aide et s’estime mal informée. Cette situation paradoxale est parfaitement évoquée par le directeur de la Caisse nationale de l’Assurance retraite Renaud Villard qui souligne « plus on est pauvre, moins on sollicite ses droits ».

 

Guerre des âges ou solidarité intergénération ?

 

Derrière ces chiffres alarmants se trouvent des réalités économiques diverses, des parcours de vie multiples, parfois chaotiques. Reste qu’une fois la personne incapable de produire et de subvenir à ses besoins, il est inimaginable de ne pas tout faire pour lui venir en aide. 

 

De leur côté, les jeunes générations dénonceront des aînés dits « boomers » qui ont joui sans entrave, profitant de prix de l’immobilier très accessibles alors qu’eux peinent aujourd’hui à se loger.

La perspective pour des jeunes travailleurs de devoir cravacher pour payer des retraites alors qu’ils peinent à se loger et à loger leur famille quand leurs voisins, retraités dès l’âge de 60 ans, mènent grand train, n’est pas admissible.

Les jeunes dénoncent ainsi des anciens hédonistes qui payent désormais l’addition. Une critique partiellement juste qui n’est pas nécessairement la réalité des vieux pauvres d’aujourd’hui et qui manque fondamentalement de respect à la piété filiale due à nos aînés.  

Si l’État français a mis en place un système beaucoup trop généreux en matière de retraites, nombreux sont ceux passés entre les filets qui aujourd’hui n’ont rien ou presque. Les Trente Glorieuses ne l’ont pas été pour tout le monde comme le décrit amèrement Elsa Triolet dans son roman Rose à Crédit.

Par ailleurs, ceux qui ont la retraite heureuse, au moins financièrement, n’ont pas toujours démérité, loin de là.

 

Les plus âgés dénigreront les jeunes générations biberonnées au 35 heures, qui datent déjà de 2000, ou encore des travailleurs adeptes d’une certaine forme de nomadisme professionnel, changeant d’entreprise au gré de leurs humeurs. Là encore, difficile de généraliser les comportements de générations entières.

 

Pragmatisme et don de soi

 

Une chose en revanche apparaît certain : le système actuel de retraite ne pourra pas durer. Bénéficier d’une retraite pendant 30 à 40 années n’est pas viable à grande échelle. Sur ce sujet, le Républicain David Lisnard semble être l’un des plus lucides, loin des démagogies de droite et de gauche.

Des solutions non vexatoires pourraient être trouvées, notamment en permettant une transmission plus facile entre les générations. Supprimer les frais de transmission du vivant des donateurs pourrait ainsi permettre aux jeunes générations de mieux envisager l’avenir et délesterait des parents et aïeuls d’une trésorerie dont ils n’auront souvent plus besoin.

Inversement, la mise en place, de mécanismes de solidarité intergénérationnelles permettrait de venir en aide financièrement mais aussi humainement à des personnes âgées, pauvres et isolées. Une démarche qui n’a pas d’ailleurs besoin d’être étatisée et qui peut consister en un engagement dans une structure comme les « Petits Frères des Pauvres », qui propose de venir visiter des personnes âgés habitants près de chez vous… L’abandon de nos Anciens dans nos propres familles illustre bien souvent très concrètement l’ampleur de l’abandon d’une partie de la population âgée. 

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique