2027, rien ne sert de courir, il faut partir à point

La dissolution de l’été 2024 a précipité le crépuscule du macronisme.  L’horizon 2027 semble envisageable pour de nombreux candidats qui sortent du bois. Peut-être un peu trop tôt.

Tournée de promotion de François Ruffin, tournée de promotion de Jordan Bardella, duel entre Laurent Wauquiez et Gabriel Attal… en quelques jours, des prétendants plus ou moins déclarés à la présidentielle de 2027 se sont mis en scène. Le chemin demeure pourtant très long avant le scrutin présidentiel.

 

À gauche, quelles divisions ?

 

Les Insoumis semblent déterminés à présenter Jean-Luc Mélenchon qui aura tout de même 76 ans en 2027. Un âge qui peut être un atout après dix ans de jeunisme effréné. Notons par ailleurs que le président des États-Unis Donald Trump a 78 ans.

La candidature Mélenchon, si elle se confirme, entraînera nécessairement des divisions puisqu’une partie de la gauche s’oppose fermement au père fondateur de La France Insoumise.

Un ancien camarade de route, François Ruffin, s’est confié sur ses ambitions en début de semaine. Sans grand parti derrière lui, il devra convaincre chez les socialistes, les écologistes voire chez les communistes - ce qui n’est pas impossible. Un ticket avec Raphael Glucksmann, galvanisé par son bon score aux Européennes, n’est d’ailleurs pas à exclure et recentrerait considérablement sa candidature. Ruffin, communicant incontinent et touche à tout, est une sorte de Macron sorti d’une MJC et peut se montrer rassurant pour un électorat de gauche modéré tout en touchant un public plus radical avec ses petites saillies anticapitalistes.

Il s’agira aussi de surveiller l’attitude de François Hollande qui pourrait se placer en juge de paix et qui voudra placer une partie de la garde sociale-démocrate dans l’entourage du candidat socialiste ou apparenté.

La bataille à gauche pourrait être très rude avec des LFIstes toujours très remontés et prêts à en découdre et une gauche « modérée » qui ne veut plus entendre parler de Mélenchon.

 

Un candidat du « socle commun » ? La droite orpheline ?

 

Mercredi, le Premier ministre Michel Barnier a plaidé pour une candidature unique du « socle commun », terme pudiquement usité pour faire référence à la coalition entre le centre macroniste et les LR. Le chef du gouvernement plaide pour une telle candidature pour éviter un duel entre lfiste et le RN. Un tel scénario n’est pas à l’ordre du jour alors que les nouveaux alliés peinent à cohabiter comme l’a montré le récent accrochage entre Laurent Wauquiez et Gabriel Attal, deux candidats putatifs du centre et des LR. Côté Rassemblement National, l’hypothèse d’une peine d’inéligibilité pour Marine Le Pen prend un peu d’épaisseur. Dans un tel cas, le RN tentera-t-il une candidature Bardella ? Peu de solutions de rechange semblent envisagées. Quant à l’allié ciottiste, envisage-t-il une candidature de premier tour ? En remplacement hypothétique de Marine Le  Pen ? Enfin, Éric Zemmour, sensation de la présidentielle de 2022, arrivé en quatrième position retournera-t-il en campagne ? Les dissensions internes à son parti semblent rendre une nouvelle tentative compliquée mais il apparaît néanmoins improbable que l’ancien journaliste reste les bras croisés.

 

À droite comme à gauche la partie est très ouverte. Et pour cause : il faudra encore attendre trois ans avant le prochain scrutin présidentiel. Reste que la question est dans tous les esprits du fait de la situation inédite de l’Assemblée et de la mise hors-jeu d’office d’Emmanuel Macron qui ne peut pas postuler à un troisième mandat. 

Gare aux candidats précoces, la course s’annonce longue et les rebondissements nombreux. La question ne manquera en tout cas pas de parasiter l’actualité comme en témoignent ces modestes lignes…

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique