On pensait ce millésime voué à une certaine stabilité eu égard au calendrier électoral vierge en France et à l’absence d’élections majeures ailleurs : c’est tout l’inverse qui semble se profiler.
L’imprécision rend notre histoire contemporaine excitante. Après des années de léthargie et de morosité, la machine semble s’emballer. Alors qu’en France et dans le monde le jeu politique apparaissait figé, une succession d’événements rebat les cartes. Chez nous, la dissolution initiée par Emmanuel Macron a provoqué un séisme auquel il ne s’attendait probablement pas, le contraignant à former difficilement une majorité tributaire d’oppositions susceptibles. Après un premier gouvernement éphémère mené par Michel Barnier, son successeur François Bayrou, à peine arrivé, semble déjà en difficulté. Ailleurs dans le monde, et sur Internet, les lignes bougent.
L’Europe des contradictions
Chez nos voisins allemands, le chancelier social-démocrate n’a pas su tenir son alliance avec les Verts et les libéraux et le président allemand a dû se résoudre à dissoudre le Bundestag. Les nationalistes de l’AFD et la gauche souverainiste de Sahra Wagenknecht (BSW) sont promis à de bons scores. Ces deux partis partagent un rejet commun de l’Union européenne et de l’immigration et sont favorables à l’arrêt du soutien à l’Ukraine. Si les conservateurs, très atlantistes, de la CDU devraient l’emporter, il sera difficile de ne pas tenir compte de ces aspirations d’une partie des Allemands pour le prochain gouvernement de coalition. En Autriche, le parti nationaliste FPÖ, proche idéologiquement de l’AFD, est chargé de former un gouvernement pour la première fois après son succès aux élections législatives et grâce à l’échec des négociations entre les autres formations politiques. La Slovaquie et la Hongrie suivent, de leurs côtés, une voie assez proche dans des styles différents, mais il semble bien que des aspirations de plus en plus contradictoires traversent les États du Vieux Continent. Si la Tchéquie venait à se tourner vers une majorité « eurosceptique », c’est un véritable bloc austro-hongrois qui verrait le jour, substituant avantageusement l’Autriche à la Pologne, alors que le groupe de Visegrád semble en dormition…
Les États-Unis : quand l’ingérence change de couleur
Perméable à l’influence étasunienne depuis des décennies, la France et l’Europe occidentale avaient même fini par céder aux sirènes des délires « wokistes » nord-américains. Aujourd’hui, l’influence venue d’outre-Atlantique prend résolument un autre chemin et c’est Elon Musk, milliardaire rallié à Donald Trump, qui joue le rôle de savant fou avec un style déconcertant. Le patron du réseau social X a même été suivi par le patron du groupe Meta (Facebook, Instagram…), Mark Zuckerberg, dans ce qui semble être un remodelage de l’espace numérique. En France et en Europe, les élites centristes et de gauche s’insurgent contre le relâchement des contrôles sur les réseaux sociaux… Le Vieux Continent, remorque de l’Empire américain, pourrait tenter de tracer sa propre voie, mais une émancipation de Washington semble bien improbable tant nous avons pris l’habitude de la servitude. Les gouvernants européens devront composer avec cette nouvelle donne, qu’ils le veuillent ou non… De notre côté, doit-on se satisfaire de cette nouvelle influence probablement moins pénible que la précédente ? Il s’agira, pour défendre nos idées, de tirer le maximum de bénéfices de ce changement de cap sans se soumettre pour autant à une influence étrangère, ce qui est complexe tant la politique de notre pays rechigne à toute forme de puissance depuis plus d’un demi-siècle.
Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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