Source [Le Figaro] Le premier ministre a reçu les représentants des partis politiques pour écouter leurs propositions sur l’organisation des scrutins.
La scénographie est celle d’un retour relatif à la normale. Mercredi soir, les représentants des partis politiques ont été reçus par Édouard Philippe à Matignon, pour la première fois depuis le déconfinement. Finies les visioconférences. Place aux échanges sous les ors de la République - dans le respect de la distanciation physique. Mais c’est la question du second tour des municipales qui marquera le vrai retour à une vie démocratique normale. Sur ce point, «Édouard Philippe ne veut pas abattre ses cartes trop tôt», glisse son entourage. Il tient à montrer une position d’écoute, sans se dévoiler. Il a pour le faire jusqu’au 27 mai, date limite pour présenter un décret permettant un scrutin à la fin juin.
Si Édouard Philippe est mutique en public, ses intentions sont en revanche connues. Le premier ministre plaide pour un second tour le 28 juin. «Il est candidat au Havre, il a fait 43 % alors qu’il était embourbé dans le chantier des retraites. Aujourd’hui, il est porté par sa gestion de crise. Il veut pousser son avantage», décrypte un conseiller gouvernemental. Selon Le Point et Le Parisien, un dîner politique en petit comité s’est tenu mardi soir à l’Élysée, au cours duquel les deux têtes de l’exécutif ont prôné ce scénario. «Cela permettrait d’enclencher une initiative politique derrière, en prenant acte du résultat des urnes, poursuit un autre conseiller. Il faut convaincre maintenant tout le monde pour éviter les polémiques.» Car plusieurs macronistes sont contre, notamment le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand. En cas de report, Emmanuel Macron jugerait plus opportun de reporter alors tout le cycle municipal au printemps 2021.
De son côté, l’opposition avance prudemment, en posant ses conditions. Le président des Républicains Christian Jacob est favorable à la tenue d’un second tour des municipales dès que possible et en fonction des conditions sanitaires. Il défend cette solution au nom d’une relance économique qu’il juge urgente mais il estime que le gouvernement doit décider sans passer par un vote au Parlement. «S’ils ont peur de gouverner, qu’ils le disent», a déclaré le député de Seine-et-Marne sur LCI. Mercredi, le président du groupe LR à l’Assemblée, Damien Abad, a confirmé que son groupe n’y participerait pas. «On a déjà voté et je ne suis pas pour le vote gadget, ni pour le vote bégaiement. Ensuite, nous voyons bien la manœuvre politique consistant à ouvrir le parapluie pour se défausser de ses responsabilités», a-t-il argumenté.
De son côté, le parti d’Hervé Morin, les centristes, prône la «différenciation territoriale». Cette formation estime que l’organisation du vote en juin dans les zones rouges n’a pas de sens mais qu’elle peut se tenir éventuellement dans les zones vertes. Ce qui entraînerait un report d’une partie des seconds tours en septembre ou même plus tard, si la situation sanitaire l’exige.
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