Beaucoup d’entre eux sont jeunes, ils sont chrétiens, parfois nouvellement convertis, Ils ont la foi et revendiquent leur fidélité au Magistère et à la doctrine sociale de l’Eglise.
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Ils ont pris le nom des « indignados » espagnols eux-mêmes inspirés du manifeste « Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel. Ils récusent le clivage entre catholiques qui se disent de gauche, souvent par adhésion au socialisme ou au communisme plutôt qu’à la doctrine sociale de l’Eglise et chrétiens qui votent à droite souvent par adhésion implicite à l’individualisme libéral. Pour eux la conversion du cœur et des comportements n’exclue pas une profonde réforme des structures ; la foi mais pas sans les œuvres.
Nous ne partageons pas nécessairement toutes leurs analyses ni leurs réponses mais ils posent de bonnes questions et ils sont libres, comme nous. Nous partageons avec eux la conviction que la vision libérale de l’homme qui sous-tend la conception de la société et la vie politique depuis deux siècles n’est pas compatible avec l’anthropologie chrétienne. Nous regrettons comme eux que la culture dominante ait dans une large mesure émoussé la capacité critique des chrétiens et de l’Eglise. Nous déplorons comme eux que les concepts de la modernité politique, diffus dans la société conduisent un grand nombre à se fourvoyer dans des idéologies de gauches comme de droites dont le caractère meurtrier et contraire au respect de la personne n’est hélas plus à démontrer.
Les papes n’ont cessé de dénoncer ces idéologies avant même Rerum Novarum de Leon XIII en 1891. De ce Magistère, nous avons reçu depuis 120 ans un « corpus » et des principes d’actions pour construire la société sur des bases plus justes. Cet enseignement social nous invite au nom de la foi et de la raison à changer nos comportements et notre regard sur le monde. Il inspire notre démarche commune et peut nous conduire, parfois, à une critique radicale et prophétique du fonctionnement de notre système économique politique et sociale.
La crise est aujourd’hui mondiale. Sa dimension financière n’est que la conséquence de transgressions éthiques et de dysfonctionnements politiques, économiques et sociaux beaucoup plus profonds. Nous estimons que les débats qui préparent, en France les élections du printemps sont l’occasion de réfléchir aux causes de la crise que nous traversons, et plus encore à l’avenir de notre société et de notre civilisation fondés sur le respect de la dignité de la personne et de la liberté religieuse.
Le mouvement des chrétiens indignés nous invite à une remise en cause des idées reçues et à envisager lucidement les changements nécessaires dans nos modes de vies collectifs et personnels. C’est la raison pour laquelle nous sommes heureux de les accueillir. Nous partageons leur zèle et leur espérance à défaut de souscrire à toutes leurs propositions quand celles-ci relèvent d’un légitime débat et d’un discernement prudent, au sens de la bonne règle de l’action, ou encore de « la règle droite de la raison » éclairée de la foi.
Thierry Boutet
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