Source [Valeurs actuelles] Réhabilitation du cours magistral et des exercices d’application, remise en cause de la longueur des journées de nos écoliers, réflexion intelligente sur l’obligation scolaire, prise de conscience des dangers du numérique : l’école pouvait tirer de bonnes leçons de la crise sanitaire. C’est le contraire qui va se produire, déplore Ingrid Riocreux, agrégée de lettres modernes, spécialiste de rhétorique et chercheur associé à l'Université Paris IV.
La question de la continuité pédagogique durant la période de crise sanitaire aura fait l’objet de différentes approches. On a insisté sur la difficulté pour les parents de se substituer aux professeurs. On a loué les merveilles de la technologie qui ont permis de mettre en place des « classes virtuelles ». Quand les premiers retours à l’école ont été envisagés, on a longuement développé le thème des « protocoles sanitaires » : assez stricts ou trop restrictifs ? Le dernier thème à la mode est celui des « enseignants décrocheurs », qui ont tout bonnement disparu pendant deux mois. Il n’est qu’une resucée de l’idée explicitement formulée par Sibeth Ndiaye selon laquelle, les écoles étant fermées durant le confinement, les professeurs « ne travaill[aient] pas ».
Certains sujets n’intéressent pas, allez savoir pourquoi, peut-être parce qu’ils heurtent de front des évidences trop profondément ancrées en nous ou des idéaux auxquels nous nous accrochons désespérément comme des solutions possibles à la débâcle de notre système d’instruction. En voici quelques-uns.
La période de confinement nous aura fait prendre conscience que, dans les classes du primaire, les contenus essentiels peuvent être enseignés efficacement en trois ou quatre heures par jour. La « journée d’école » est une ineptie qui rend trop d’enfants malheureux et que rien ne justifie sinon la nécessité d’assurer une garderie assez longue pour permettre aux parents de travailler. La phase de réouverture des écoles s’est d’ailleurs déroulée en toute transparence sur ce point : il fallait permettre aux gens de reprendre leur activité professionnelle et peu importaient les conditions calamiteuses dans lesquelles on se proposait d’accueillir leurs enfants.
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