Dans une tribune de la rubrique Opinions du Figaro (édition du mardi 21 février) Tugdual Derville, délégué général de l’association Alliance VITA et auteur de La bataille de l’Euthanasie : Enquête sur les 7 affaires qui ont boulversé la France » constate le caractère clivant de l’Euthanasie dans le débat présidentiel et rappelle les enjeux.
Un enjeu présidentiel
La mesure 21 du candidat Hollande le positionne de manière explicite en faveur de l’euthanasie bien que ce dernier se défende d’avoir jamais mis ce terme dans son programme (ce qui est vrai mais ne prouve rien). Nicolas Sarkozy s’est quant à lui explicitement positionné contre : « L’euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et serait contraire à nos conceptions de la dignité de l’être humain. »
Si les positions des candidats ne sont pas forcément celles de leurs troupes (Jean-Marie Le Méné rappellait ici-même la semaine dernière que la plupart des transgressions des lois de bioéthique sont le fait d’une « trahison » de la droite) et si donc le clivage droite-gauche sur cette question n’est pas évident, il faut tout de même reconnaître que ce point sera indéniablement une clef de discernement pour les électeurs – notamment chrétiens.
Le poids des mots
Mais le propos de Tugdual Derville n’est pas partisan. Il n’invite pas les lecteurs à voter en faveur de l’un ou de l’autre en raison de son positionnement sur cette question. Au contraire, il met de manière générale en garde contre un « débat empoisonné » : « une guerre des mots qui alimente le trouble ». Le poison ici est le pire qui soit : le mensonge de l’homme !
A titre d’exemple, il remet premièrement en cause la « formulation ouatée » de la proposition 21 du programme du candidat socialiste qui n’emploie jamais les mots « euthanasie » ou « mort » mais associe par ailleurs le mot « dignité » à la pratique de l’injection létale. « comme si certaines personnes en fin de vie ne pouvaient compter que sur l’empoisonnement pour éviter l’indignité » commente le délégué général de l’Alliance VITA. En cause également les termes « phase avancée » (d’une maladie incurable) qui sous entend « qu’un certain degré d’autonomie est nécessaire pour qu’une vie soit digne d’être vécue », et le critère de la « souffrance psychique » qui « ouvre la porte à de multiples situations invérifiables ».
Tugdual Derville dénonce ainsi tout une sémantique qui n’est pas propre à la seule proposition de François Hollande mais parasite tout le débat comme par exemple le qualificatif « insupportable » de la souffrance qui justifirait le recours à la pratique de l’euthanasie. Un « terme piégé qui interdit la contradiction ».
Confusion orchestrée
Enfin, il fait état d’une manipulation qui consiste à confondre soins paliatifs et euthanasie. Conséquence des mesonges répétés aux Français et des « vagues d’émotions savamment orchestrées »
Il remarque par exemple que souvent les promoteurs de la pratique de l’euthanasie « veulent la faire passer pour l’ultime soin paliatif ». Il déplore que « beaucoup de Français croient encore que l’euthanasie constitue l’alternative à la souffrance en fin de vie » alors même que « ce sont les soins paliatifs qui constituent la véritable assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. » « La seule réponse digne de l’homme » ajoute Tugdual Derville tandis que la mise à mort, quelle qu’elle soit, est un acte d’une « grande violence ». « Un acte indigne de l’humanité. »