Le projet de légalisation du travail du dimanche peine à aboutir. Nicolas Sarkozy veut forcer la main des parlementaires qui se font tirer l'oreille, en obtenant l'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale la proposition de Richard Mallié avant Noël.
Après le sondage Ipsos pour Famille chrétienne, Radio Notre-Dame et la CFTC, donnant une large majorité de Français hostile à vouloir travailler le dimanche, le Figaro riposte en annonçant deux tiers de Français favorables à l'ouverture des commerces le dimanche (Opinion Way-LCI). Deux résultats à vrai dire pas contradictoires, mais qui replacent le législateur devant sa responsabilité : où est le bien commun ?
De leur côté, les évêques parlent, car il s'agit de la protection du travailleur, des familles et du rapport de la société avec l'argent. Après Mgr Marc Aillet (Famille chrétienne, 4 décembre), nous avons remarqué l'intervention de Mgr Levert, évêque de Quimper, le 7 décembre dans sa splendide cathédrale Saint-Corentin restaurée.
A l'issue d'une catéchèse de l'Avent, l'évêque s'est prêté au jeu du débat avec les nombreux fidèles présents. A la question : "Quelle est la bonne façon d'évangéliser ? ", l'évêque a admis n'être pas politiquement correct , en proposant une bonne façon de donner un réel témoignage de chrétien heureux... le dimanche. Outre le fait qu'il y ait des raisons sociologiques, économiques, on y rajoute des raisons religieuses. Si vous ne voulez pas qu'un État supprime le dimanche, encore faudrait-il que les chrétiens ne se comportent pas ce jour-là comme tous les autres jours de la semaine.
L'évêque réaffirme alors à Quimper ce qu'il avait dit à Brest dans une homélie à propos d' un des tout premiers commandements de Dieu :
Je pense ici tout spécialement à la menace qui plane aujourd'hui de permettre le travail le dimanche. Si nous voulons qu'une telle loi ne voie pas le jour, encore faut-il que nous soyons, non seulement convaincus de l'importance du dimanche, mais que nos manières de vivre soient cohérentes avec ce que nous croyons.
Le débat qui s'ouvre doit être l'occasion pour nous tous, chrétiens, de réfléchir sur la place du dimanche dans notre vie, et sur la manière dont nous le vivons. Que faisons-nous le dimanche ? Le vivons-nous différemment que le reste de notre société ? Avons-nous intégré qu'un certain nombre de choses sont incontournables chaque dimanche, à commencer par le rassemblement eucharistique ? Dois-je rappeler que c'est une faute grave, pour un chrétien croyant, de manquer volontairement la messe du dimanche, parce qu'il est grave de ne pas répondre volontairement à l'amour de Dieu ? Que disons-nous aux jeunes sur le dimanche ? Une manière forte d'empêcher qu'un État fasse n'importe quoi le dimanche, c'est que sa population vive ce jour-là réellement de manière différente aux autres jours, et pas simplement pour se reposer. Sinon, il n'y a aucune raison d'en faire un jour différent. Les chrétiens ont là un rôle prophétique à jouer pour le reste de notre société, et les enjeux ne sont pas que sociologiques.
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