L’information vient du Canard enchaîné, mais elle est reprise en boucle par toute la presse : sauf démenti (cf. mise à jour, infra), le pape a signifié personnellement à Laurent Stefanini, l'ambassadeur homosexuel choisi par la France pour la représenter au Vatican, que sa candidature n’était pas agréée.

Le diplomate aurait été reçu « très discrètement » samedi 18 avril. Stefanini, homosexuel affiché, n’a pas le profil du poste pour le Vatican, en dépit de ses états de service diplomatiques, impeccables : premier conseiller à l’ambassade près le Saint-Siège entre 2001 et 2005, responsable des cultes au ministère de l’Intérieur, chef du protocole de l'Elysée sous François Hollande et Nicolas Sarkozy... Mais la règle veut que le Saint-Siège n’accepte pas les lettres de créance d’un ambassadeur qui se trouve en situation d’« irrégularité » au regard des canons catholiques. Il n’est pas difficile de voir que l’envoi d’un diplomate homosexuel déclaré pour représenter un pays important qui vient de légaliser avec éclat le « mariage » entre personnes de même sexe est une provocation.

Pendant trois mois, la candidature de Laurent Stefanini n’a reçu aucune réponse de la part du Vatican, où, selon la tradition, tout silence vaut refus d’agrément. Avec une colossale finesse, l’Élysée a maintenu sa proposition.

Un sommet d’incohérence

On objecte que Laurent Stefanini ne se trouve pas dans une situation matrimoniale irrégulière, puisqu'il est célibataire, et qu’il n’est pas homosexuel militant. Comment un homme public qui se dit catholique pratiquant peut-il se déclarer ouvertement homosexuel, et revendiquer la charge de représentation d’un État qui promeut une législation ouvertement opposée à la doctrine de l’Église dont il se dit membre ? Il y a là manifestement un sommet d’incohérence. Ou de perfidie.

D’après Le Canard, le pape aurait dit à Stefanini « n'avoir rien contre lui mais qu'en revanche il n'avait apprécié ni le “mariage pour tous”, ni les méthodes de l'Élysée qui a tenté de lui forcer la main ».
 
Le 15 avril, le gouvernement français affirmait pourtant que le choix de Laurent Stefanini restait « la proposition de la France ». Il aura fallu une mise au point du pape pour mettre un terme à cette bravade irresponsable, qui vaut leçon de savoir-vivre et de cohérence aux moralistes de tous bords qui ont voulu sermonner l’Église.

En France, la candidature de Laurent Stefanini avait reçu le soutien de personnalités diverses comme François Bayrou (« à l’intérieur de l’Eglise, je ne donne pas de leçon, mais… ») ou Yves de Kerdrel, le directeur général de l'hebdomadaire Valeurs actuelles [1].

Ph. de St-G.

 

Mise à jour, 24 avril

« GENER LE PAPE »

D'après l'agence iMédia (23 avril), le pape a bien reçu Laurent Stefanini, mais ne lui aurait pas formellement opposé un désaccord sur sa candidature, réservant sa décision. Il semble donc qu'il y a bien toujours une difficulté, outre le fait que le candidat français n'a jamais été ambassadeur en titre, contrairement aux usages.
On comprend de moins en moins que M. Stefanini, qui se dit catholique pratiquant, maintienne sa candidature de la France (ou précisément, son accord à l'affectation qui lui est proposée) : s'il voulait embarrasser le pape, il ne se s'y prendrait pas autrement. Que ce soit l'intention de M. Hollande, qui dit "ne pas vouloir céder sur ses valeurs", on le comprend, mais non de la part d'un catholique revendiqué, sa carrière dut-elle en souffrir. PSG 

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[1] Le groupe Valmonde, dont Valeurs actuelles est le fleuron, vient de changer de main. Il est repris par le consortium de l'homme d'affaires libanais Iskandar Safa. Le nouvel ensemble sera dirigé par Etienne Mougeotte, ancien patron de Tf1 et du Figaro. 

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