Philippe de Villiers : “Saint Louis tire sa surhumanité du plus profond de son humanité”

"Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d’action." Philippe de Villiers a fait sienne la formule de Bergson. Candidat à l’élection présidentielle en 1995 et 2007, le député européen continue, comme écrivain, son combat contre l’effacement de la France. Un an après son Roman de Charette, le créateur du Puy-du-Fou fait paraître une biographie à la première personne de saint Louis, roi d’honneur dont on fête en 2014 le 800e anniversaire de la naissance.

Liberté politique. — Louis IX, expliquez-vous, a été canonisé pour sa sainteté vécue à travers son « métier » de roi. En quoi son action politique était-elle celle d’un saint ?

Philippe de Villiers. — Saint Louis a été canonisé pour deux raisons. La première, c’est qu’il a fait des miracles après sa mort — on en compte 67 — notamment à la basilique de Saint-Denis. La seconde, c’est que son comportement comme chef d’État a été considéré comme absolument exemplaire.

Il fut à la fois un roi d’apogée et un roi d’échec. Comme roi d’apogée, il a porté tout son siècle vers les cimes. Dans l’ordre du Beau, il enlumina son royaume de moutiers, d’abbayes et de maladreries d’une facture architecturale admirable. Aujourd’hui encore, la Sainte-Chapelle est indépassable. Dans l’ordre du Vrai, il favorisa les maîtres de sapience de l’Université de Paris selon la formule du dominicain Vincent de Beauvais : « La science éclaire la foi ». Il favorisa aussi la parole de vérité d’Albert le Grand, de saint Thomas d’Aquin et de saint Bonaventure.

Dans l’ordre du Bien, il anticipa le message des ordres mendiants, les frères mineurs et les frères prêcheurs, c’est-à-dire les dominicains et les franciscains dont il comprit la double pauvreté évangélique et savante. Il assura à son royaume la tranquillité et la prospérité — le monde entier l’appelait le « roi apaiseur ».

Voilà pour l’apogée. Mais en même temps, il fut un roi d’échec et de souffrance. Il connut, comme tout homme, les contrariétés, la trahison, le doute, la jalousie et naturellement la défaite de la croisade. Comme roi d’apogée il ne ressemble à personne et, comme roi d’échec tout le monde lui ressemble. En ses ascensions royales, il nous tire vers les sommets et, quand il traverse la vallée des larmes, il nous prend par la main. Il tire sa surhumanité du plus profond de son humanité.

« LA VOCATION DE LA FRANCE : LE BOUCLIER DE LA CHRISTIANITAS »

PV-sign

Saint Louis est selon vous le roi qui incarne le mieux la France, « un mur porteur » qu’il faut rappeler quand « la maison s’écroule ». Est-ce parce qu’à l’image de la France, « qui va de déclin en renouveau » comme le disait de Gaulle, saint Louis va d’échecs en succès ?

Saint Louis a été le premier de tous les chefs d’État à comprendre la vocation de la France : elle est la fille aînée de l’Église et donc, selon son expression, le « bouclier de la christianitas ». Elle ne doit accepter aucune instruction extérieure, fût-ce de l’Empereur ou du pape. Saint Louis ne cesse de répéter à Innocent IV : « Le roi de France ne connaît aucun supérieur au temporel en son royaume. »

La France a donc une double mission, à la fois spirituelle et temporelle, ce qui lui donne une primauté dans l’ordre des protections artistiques et du secours de tous les peuples victimes des puissances injustes.

Le monde entier regarde la France. Saint Louis a compris que la grandeur n’a rien à voir avec la taille et que le gouvernement est bien autre chose que la gestion.

En fait, il reprend l’harmonie des anciens à partir de la distinction entre la potestas et l’auctoritas. La potestas, c’est le simple pouvoir de commander, de légiférer et de punir, mais l’auctoritas, c’est l’aura, la symbolique où se logent l’estime et la confiance. Pour saint Louis, la grandeur est une disposition de l’esprit qui touche à l’honneur beaucoup plus qu’au revers et au succès.

« UN SAVANT MELANGE D'OSTENSION ROYALE ET DE DEPOUILLEMENT CISTERCIEN »

La mère de saint Louis, Blanche de Castille, grande régente, était très dévouée à l’éducation de son fils, qu’elle préparait à être un roi juste. Dans quelle mesure fït-elle la grandeur du saint roi ?

Saint Louis a un charisme exceptionnel. Au sens physique : il mesure six pieds de haut, il a le chef inondé de blondeur. Au sens moral, sa personnalité a été façonnée par sa mère. Coulent dans ses veines le sang froid du Hainaut et le sang chaud de la Castille.

Il reçoit de sa mère, la reine Blanche, tous les enseignements du creuset royal. Elle lui apprend notamment que le métier de roi repose sur un savant mélange de dérobée et de monstrance, d’ostension royale et de dépouillement cistercien.

Elle lui apprend aussi que le péché des rois, c’est la superbia, l’ubris des Grecs. Elle lui enseigne surtout, à partir de saint Augustin, l’égalité des enfants de Dieu : « En tant que membre de la cité terrestre, vous serez un suzerain qui aura des vassaux et des sujets mais, en tant que membre de la cité céleste, vous serez le serviteur des serfs du royaume. »

Saint Louis comprend, en écoutant sa mère, qu’entre un roi et un sujet, pauvre ou riche, il y a une ligne de distance mais qu’entre Dieu et un roi – le suzerain des suzerains – il y a l’infini.

Proche des pauvres, inspiré par les dominicains et les franciscains, Louis suivait aussi la leçon de Bouvines de son grand père Philippe Auguste : « Protège les faibles, ils te protègeront. » Est-il le roi populaire par excellence ?

Il est effectivement le roi populaire par excellence : il a voulu être à la fois un roi mendiant et un roi de sapience. Un roi mendiant comme les frères mendiants. Chaque samedi, il quittait sa demeure royale pour rejoindre l’abbaye de Royaumont. À la porterie, il troquait sa vesture royale contre une simple chape de laine, et, le lendemain matin, il servait à table. Il prenait son tour en apportant les écuelles aux moines. Et il allait visiter, dans une petite maison séparée, le frère Liger, un moine lépreux sur lequel voyageaient toutes les répugnances de la nature. Il l’appelait le prince de Royaumont.

Il fit confectionner des chausses avec des avant-pieds sans semelle et multiplia partout les maisons-Dieu.

Avec saint Louis, le prince vit dans le cœur du peuple. Il créa un tribunal de plein air, sous un chêne capétien, pour mettre fin à l’esprit de chicane des cours baronniales et ecclésiastiques. Pour lui, le droit ne doit jamais être le complice de l’injustice et des puissants du pilori médiatique. Il juge tous ses peuples en équité.

« LE FONDATEUR DE L'ETAT MODERNE »

Saint Louis est un roi juste en son royaume. Mais, à l’extérieur aussi. Vous démontrez que ses deux croisades sont légitimes. Pourquoi ?

Pour saint Louis, l’Orient précède l’Occident, car c’est l’Orient qui a engendré l’Occident.  L’Orient, c’est le berceau du christianisme, le lieu sacré de l’Incarnation, la demeure du Christ ressuscité, les premières communautés d’apôtres, de la première Pentecôte. Les chrétiens d’Orient sont les premiers chrétiens. Tout naturellement, Saint Louis tourne son royaume vers le Golgotha où est le saint Graal. Il veut que son royaume soit « orienté ».

La frontière de la chrétienté latine, c’est le Jourdain. Dans cet esprit, la croisade n’est aucunement une guerre d’agression, de colonisation. Une guerre de conquête. Elle est une guerre de reconquête, une guerre de « légitime défense » répondant à trois urgences : rétablir la liberté de la route des pèlerins, rétablir la liberté du Saint-Sépulcre,  répondre à l’appel de détresse des chrétiens d’Orient – les maronites, les coptes et tous les autres. Ne pas répondre à cet appel de détresse, pour saint Louis, c’eût été considéré se déshonorer.

Dans la lignée de ses prédécesseurs, saint Louis a renforcé l’autorité royale face aux féodalités, sur le plan administratif et monétaire notamment. Est-il exagéré de le considérer comme le fondateur de l’État moderne ?

Selon moi, il est incontestablement le fondateur de l’État moderne. Il fait passer le royaume de l’idée de suzeraineté à l’idée de souveraineté. En affirmant les quatre attributs de la souveraineté moderne : il soustrait la monnaie aux seigneuries et crée une monnaie royale sur toute l’étendue du royaume, l’écu d’or ; il sait qu’il n’y a pas de monnaie sans nation et pas de nation sans monnaie. Il affirme la loi comme supérieure à la coutume avec son ordonnance de 1254 sur la réformation des mœurs, des baillis et des prévôts. Il crée la justice royale comme un recours en appel au-dessus des justices baronniales et ecclésiastiques.

Et enfin, il affirme le monopole royal du droit de déclarer la guerre en interdisant les guerres privées entre les vassaux. Les légistes n’auront plus qu’à compléter le travail : l’État est né.

Louis IX est très érudit, comme le souhaitait sa mère pour laquelle « un  roi illettré est un âne couronné ». Il protège le savoir et les arts. Quel a été le rayonnement culturel de son règne ?

Il a fait de l’Université de Paris, établie sur la montagne Saint-Geneviève, la plus grande université du monde. Il a créé la Bibliothèque royale pour réunir tous les savoirs de son temps. Selon lui, la sapience permet le discernement et donne au peuple un accès précieux et irremplaçable aux compréhensions supérieures.

Il pense la Sainte-Chapelle pour abriter la couronne d’épines comme une architecture renversée où ce n’est plus la pierre qui commande à la lumière, mais la lumière qui commande à la pierre. Et puis naturellement, il enrichit de tapis historiés les cathédrales qui répondent au secret d’un peuple : saint Louis compose le nombre d’or d’un peuple croisé qui donne des ailes à la pierre.

Tous les jours, une file d’attente s’agglutine aux portes du palais du Louvre, les ambassadeurs de tout l’Occident font la queue pour réclamer au roi de France un de ses architectes : Malmö, Cologne, Tolède, etc.  La cathédrale est, avec saint Louis – comme dirait Montebourg – le premier produit d’exportation de la France.

Un mot revient souvent lorsqu’on évoque saint Louis, c’est celui de sagesse. En plus d’un roi-chevalier, serait-il un roi-philosophe ?

Un roi philosophe ? Au sens thomiste et non pas voltairien ou droit-de-l’hommiste.

Lors de l’entrevue de Cluny où le roi Louis a convoqué le pape Innocent IV, il lui fait de vives remontrances. Un concile à Lyon vient de déposer l’Empereur et le pape Innocent IV nourrit une querelle avec Frédéric II, qu’il appelle le serpenteau, ce qui est vraiment hors sujet par rapport à la croisade, alors que Jérusalem vient de tomber aux mains des Sarrazins.

Le conflit porte sur le spirituel et le temporel. Saint Louis explique au pape : « Même s’ils doivent s’irriguer mutuellement, le temporel et le spirituel ne se confondent pas. » Le pape réplique par l’allégorie des deux luminaires : «  Le sacerdoce est comme le soleil qui brille de sa propre lumière, la lune n’a qu’une vertu et une lumière empruntées. » Saint Louis lui répond en souriant : « Ce n’est pas parce que la grâce existe que la nature n’existe pas. La grâce sublime la nature mais elle ne la remplace pas. »

« J’AI VOULU CE LIVRE COMME UN RETOUR A LA SOURCE PRIMORDIALE »

Vous dites vouloir montrer un saint Louis de notre temps. Quels enseignements peut-on tirer de son exemple pour aujourd’hui ?

L’idée que nous nous faisons aujourd’hui de la justice, de l’autorité, de la légitimité, du service public, de l’art de gouverner lié aux arts, tout ce patrimoine de valeurs abimé par tous les analphabètes de notre temps qui prônent la barbarie civilisée, nous vient de très loin. En cela saint Louis est un point culminant, la fleur des fleurs, un lys de chrétienté.

J’ai voulu écrire ce livre comme un retour à la source primordiale où allait boire l’Europe quand, croyant en elle, elle se construisait sans se mépriser. Hier, la chrétienté ne cherchait pas à aller au monde, elle cherchait à le convertir et non pas à se laisser convertir par le monde et ses délicieux poisons médiatiques.

Très rares sont les hommes politiques capables d’écrire des essais historiques comme le vôtre, mis à part quelques exceptions (Dominique de Villepin, Jean-Pierre Chevènement). Est-ce parce que, justement, ils ne considèrent plus le pouvoir, comme vous le dites, que comme une consommation ?

Oui, c’est vrai : au XIIIe siècle, le pouvoir était un service et, avec saint Louis, un sacrifice. Aujourd’hui, il est une consommation. Nous sommes passés de la politique sacrificielle à l’hédonisme politique.

Saint Louis cherchait à faire le bien ; les politiciens aujourd’hui, trop souvent, cherchent à faire carrière. La politique est devenue une marchandise, une posture. Elle n’est plus soumise à la loi du bien commun, mais à celle du marketing. On a tranché les deux liens qui reliaient le pouvoir au sacré et à la durée par la famille. La politique est devenue un bien de l’instant et de l’opinion : on conduit le peuple en suivant la foule.

Sans doute, le pouvoir est-il devenu trop lourd pour ceux qui n’osent plus l’assumer dans notre pays. Aujourd’hui, la potestas est partie à Bruxelles et l’auctoritas dans les media. Le roi est nu. Il ne reste plus que le casque et le scooter !

Propos recueillis par Laurent Ottavi.

 

Le Roman de saint Louis
La bande annonce
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Saint Louis, artiste du pouvoir

SL-liv

Le Roman de saint Louis n’est pas seulement une biographie, c’est un essai sur l’art politique français. Philippe de Villiers nous invite à retrouver le meilleur de la science du bien commun à travers la figure d’un roi d’honneur et de justice.

Alors que la France s’enlise dans le déclin et la corruption, Philippe de Villiers ne cède pas à la fatalité. Sa démarche est gaullienne : « Quand la maison s’écroule, il faut chercher le mur porteur » ; l’ancien ministre tire du règne glorieux de saint Louis, au commencement de l’histoire de France, des enseignements propres à rallumer la flamme de l’espérance.

Nous les découvrons en même temps que le roi les apprend de sa mère Blanche de Castille, régente jusqu’à sa majorité, ou les met en œuvre. Le choix de saint Louis comme narrateur lui-même permet au lecteur de vivre ses doutes, ses souffrances, sa foi. De nous plonger dans la tragédie du pouvoir. L’auteur les transmet avec d’autant plus d’humanité qu’il restitue brillamment le contexte et les mots de l’époque, plus mélodieux et surtout plus expressifs.

Affirmation de l’autorité royale

Le contexte est celui d’un basculement. Louis IX accélère l’unité du royaume, commencée par son grand père Philippe Auguste et par sa mère. Il sait qu’un État fort est le meilleur garant de la paix, cette « tranquillité dans l’ordre » dont parlait saint Augustin. Il impose sa légitimité aux grands féodaux, qu’il a vu se révolter pendant son enfance, et au pape. Saint Louis pose ainsi les bases de l’État moderne :

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« Je veux tirer les quatre cordons du dais de souveraineté. Car l’autorité royale doit pouvoir se doter des droits régaliens essentiels à son exercice : le droit de déclarer la guerre, retiré aux barons ; le droit de faire la loi, soustrait à la coutume ; le droit de battre monnaie, enlevé aux seigneuries ; le droit de rendre la justice, retranché aux cours baroniales. »

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Roi des humbles

De cette puissance, saint Louis fait un instrument au service de la justice, « le premier besoin du royaume » et elle-même condition de l’ordre. Il reproche à la justice ecclésiastique d’excommunier pour des raisons étrangères à la religion et impose l’équité aux grands seigneurs. On pense à saint Augustin : « Si la justice vient à manquer, que sont les royaumes sinon de vastes brigandages ? »

Celle-ci manque beaucoup de nos jours. Ne gouvernent plus que les désordres, dont tirent parti les plus puissants et laissent à la misère les plus faibles. C’est à cette injustice, au cœur de biens des problèmes actuels (de la délinquance à l’évasion fiscale en passant par la négation des droits de l’enfant), que s’est opposé Philippe de Villiers pendant des années.

La maîtrise absolue des symboles

L’auteur décrit un roi qui se dote des moyens nécessaires à son action de paix et de justice. Plus encore, il nous montre sa maîtrise parfaite des symboles. Ils sont pour lui des images à la fois représentatives et constitutives de son action. Saint Louis est un artiste du pouvoir.

La classe politique a jeté le bébé avec l’eau du bain, les attributs du pouvoir avec l’exercice du pouvoir. Les gestionnaires froids qui nous dirigent ou prétendent nous gouverner aujourd’hui n’ont plus cette aura si nécessaire à l’incarnation de l’État. « Le pouvoir est devenu une consommation » regrette Villiers, alors qu’il était « sacrifice et honneur » sous le règne du saint roi.

Lorsqu’il part en Orient, pour la première croisade, saint Louis se dépouille de ses fastes vêtements pour n’être plus qu’un « pèlerin parmi les pèlerins », au service de Dieu et de la France. Il combat aux côtés de ses hommes malgré sa santé fragile et soigne les pestiférés.

La mort de Louis elle-même est un immense symbole. Très affaibli, il fait signe pour recevoir l’hostie à genoux, avant de mourir « configuré en roi des rois » sur un lit de cendres. Ses derniers mots sont pour le peuple français et pour la « promesse de sa vie » : « Ô Jérusalem. Ô Jérusalem… »

Louis IX bâtit également sa légitimité et son autorité sur le gouvernement des arts. Il fait briller son royaume à travers l’Europe, par la construction des maisons-dieu, des cathédrales et de la Sainte-Chapelle, dans laquelle sont entreposées la Couronne d’épine et les reliques de la Passion. En offrant du rêve au peuple, il veut chasser la misère que sont les « tentations de l’argent » et les « convoitises ». La paix doit aussi permettre le développement du savoir. Sous son règne, l’Université de Paris accueille ainsi des escholiers venus de toute l’Europe. « La lumière doit dominer la pierre », écrit Villiers.

Roi de lumières

 Philippe de Villiers nous rappelle au bon temps de Monseigneur saint Louis pour nous indiquer le chemin, éclairé par le phare d’un roi de dignité, de sapience et de sacrifice. Il nous invite à retrouver cet art du gouvernement qu’a transmis Blanche de Castille à son fils, roi juste parce que fort et fort parce que juste. Pour tirer la France des abysses dans lesquelles elle s’efface chaque jour un peu plus.

Laurent Ottavi

Le Roman de saint Louis
 Albin Michel, 2013
 448 p., 21 €