Source [franceculture.fr] Au micro de Marie Sorbier, l'essayiste et critique d'art Annie Le Brun revient sur son analyse de notre monde saturé d'images, qu'elle a développée dans un essai paru chez Stock en mars 2021 intitulé "Ceci tuera cela. Image, regard et capital", co-écrit avec Juri Armanda.
Si quelqu'un passait 80 années de sa vie sans dormir à visionner Instagram uniquement, il ne pourrait voir que l'équivalent de ce qui est diffusé sur la plateforme en 7 minutes. Au micro de Marie Sorbier, l'essayiste et critique d'art Annie Le Brun revient sur le vertige que provoque cette avalanche d'images. Si l'image est une arme, entre quelles mains est-elle aujourd'hui ?
Selon Annie Le Brun, l'image aujourd'hui a été investie par le nombre : ce qui importe n'est plus le contenu de l'image, mais le nombre de fois où elle a été visionnée. Cette occupation de l'image par le nombre maintient l'illusion que l'image est l'instrument de pensée qu'elle était autrefois. Aujourd'hui, explique Annie Le Brun, elle est un agent des structures dominantes de générer des profits exponentiels tout en contrôlant les individus à chaque instant de leur vie.
Face à ces images distributives dont le contenu est neutralisé, comment un artiste contemporain qui a recours à l'image peut-il se détacher de cette tyrannie du nombre ? Est-il encore possible de revenir à un acte de création ? Le statut de l'image a radicalement changé au début du 21ème siècle à partir du moment où un changement s'est opéré dans la distribution de l'image. Du statut de reproduction de l'image, courant dominant du 20ème siècle notamment analysé par Walter Benjamin, nous sommes passés dans l'ère de la distribution, comme l'expliquent Annie Le Brun et Juri Armanda dans leur essai Ceci tuera cela (Stock, 2021).
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