La dérive de l'évêque de Strasbourg

LES EVEQUES FRANÇAIS N’ONT PAS A PRENDRE PARTIE DANS L’ELECTION PRESIDENTIELLE  

 

On espérait, au vu de la déclaration mesurée de la Conférence épiscopale du 23 avril,  que les évêques de France s’abstiendraient de prendre parti dans l’élection présidentielle.

Hélas,  la prise de position de Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg en faveur de Macron vient rompre cet équilibre.

Il y déjà longtemps que les évêques de France ont pris la mauvaise habitude de s’ingérer dans les votes  les plus importants de France.

C’est ainsi qu’au tout dernier moment, peut-être à la demande de Mitterrand, ils avaient fait pencher pour le oui le référendum ratifiant le traité de Maastricht et instituant l’euro (1992). Seul un vrai expert pourrait dire à quel point cette décision (qui n’a rien à voir avec la nécessaire solidarité des peuples d’Europe) fut et reste, sur le plan technique, calamiteuse pour l’économie européenne : l’euro entraine des déséquilibres irrémédiables et excite la haine des peuples qui pâtissent du dispositif pour ceux qui en profitent, celle des Italiens pour les Allemands, par exemple. Il est cause de récession. Mais les évêques n’étaient pas des experts (et n’en avaient que de mauvais autour d’eux), seulement de braves gens pensant que l’union vaut mieux que pas d’union et qu’elle ne pouvait entrainer que plus de fraternité. Faute de connaitre l’économie, ils auraient du au moins  savoir que l’enfer est pavé de bonnes intentions. 

A la dernière élection présidentielle, personne n’obligeait tel ou tel prélat à prendre parti pour Macron à la veille du second tour, donnant la bénédiction de l’Eglise de France au gouvernement le plus corrompu de la Ve République, celui qui est allé le plus loin, sans que personne ne l’y oblige, dans le sens de la « culture de mort »,  allant jusqu’aux les transgressions les plus graves.

Bénédiction qui se concrétisa par la honteuse réception des Bernardins où ledit Macron prononça un discours très applaudi dans lequel il assura les évêques qu’il ne tiendrait aucun compte de leur avis. Il ne leur reconnaissait même pas le droit de l’exprimer, seulement d’« interroger».

La suite a montré l’hostilité sournoise du président à l’héritage chrétien  : l’acharnement contre la Pologne, la nomination d’une ministre,  Marlène Schiappa, auteur pornographique, qui avoue  crument et sans plaisanter son intérêt pour la sorcellerie, une loi bioéthique dont on connait toutes les extrémités qu’elle atteint dans la malfaisance ,  reconnaissant  non seulement la le droit de procréer artificiellement des enfants sans pères, mais encore de faire des expériences génétiques homme-animal. Le Covid a justifié l’élimination de centaines  de pensionnaires des Epads. De manière significative, le dernier acte du gouvernement Macron a été d’allonger   sans aucune nécessité et contre l’avis du corps médical, de 12 à 14 semaines le délai d’avortement légal ; pour suivre quel agenda ?

Après les Bernardins, les évêques se déshonoreraient encore une fois si tel ou tel aidait à sa réélection.

Se fier aux apparences est dangereux.  Trump si vilipendé par tous n’a commencé aucune guerre et en a terminé deux ; Obama, Prix Nobel de la Paix est responsable de quatre guerres et a couvert l’installation en Ukraine, à la frontière russe, de dizaines de laboratoires destinés à produire des armes bactériologiques. Il a couvert aussi les évènements de la place Maidan de 2014, appelés par Valéry Giscard d’Estaing un « coup d’Etat de la CIA », qui sont à l’origine de la guerre actuelle.

Tout ce qui pourrait toucher à la construction européenne est, pour la plupart des évêques, mauvais. C’est ignorer    les abimes de corruption dans lesquels sont tombées  les institutions de Bruxelles et les souffrances que la plupart de leurs décisions, inspirées par un dogmatisme inhumain, causent au peuple – le vrai. Quand on connait la sociologie des électeurs des candidats du second tour, l’évêque de Strasbourg se met clairement du côté des riches : beau moyen de faire progresser la fraternité ! 

Loin de tendre à l’apaisement, Bruxelles et Strasbourg, plus même que Washington, sont pris d’une dangereuse hystérie antirusse.

L’épiscopat   considère   que tout contrôle un peu strict de l’immigration serait un péché : c’est ignorer la vieille distinction entre l’éthique de conviction l’éthique de responsabilité. Arbitrage difficile qu’il revient aux hommes politiques seuls de faire.  Comment croire que celui, qui, par sens des responsabilités et lucidité, veut éviter que la France ne tombe dans des troubles civils graves, est inférieur moralement à tel démagogue prêt à ouvrir les portes aux migrants tout en donnant dans l’affairisme le plus éhonté. Beaucoup de discours politiques, favorables aux exclus, aux immigrés, ne sont que de l’idéologie. Beaucoup de politiques généreux en paroles mènent des politiques qui sont cause d’exclusion.

Il faut enfin que les évêques aient une conscience  géopolitique plus éclairée.  Nous ne sommes plus dans les années trente, où les hommes les plus dangereux étaient aux extrêmes et les plus pacifiques au centre.  Les mêmes qui semblent, dans leur pays, témoigner de la bonne vieille  modération de type centriste, et qui semblent donc  plus respectables, sont ceux là même qui ont cautionné la dizaine d’expéditions militaires dont les Etats-Unis ont pris l’initiative au Proche-Orient et qui ont mis à feu et à sang au moins six pays – expéditions fatales aux chrétiens d’Orient qui savent très bien tout cela – mais leur demande-t-on jamais leur avis ?  A l’inverse,  les supposés   extrémistes de droite et de gauche, ostracisés sur la scène intérieure par tous ceux qui suivent de manière moutonnière les injonctions des médias dominants, sont aussi ceux qui combattent les agressions multiples commises au nom de la démocratie libérale.

C’est pourquoi on ne saurait sous-estimer le danger que ferait courir à la paix un président idéologue, supposé centriste et libéral, qui , chargé d’appliquer les accords de Minsk , les a plutôt sabotés.

Il s’est produit depuis trente ans comme une inversion des pôles. « Les fascistes de demain s’appelleront eux-mêmes antifascistes » (Churchill). Il serait temps que les gens d’Eglise  en prennent  conscience

 

Roland HUREAUX