L’intellectuel Alain Finkielkraut a été amené à rappeler fermement des évidences fondamentales à deux membres du Conseil national du Parti socialiste, qui lui reprochaient d’avoir employé l’expression "Français de souche", assimilant celle-ci au "vocabulaire de l’extrême-droite" !

Invité la semaine dernière à l’émission de télévision « Des Paroles et des Actes » lors d’un débat collectif avec Manuel Valls animé par le journaliste David Pujadas, Alain Finkielkraut s’était déclaré d’accord avec le ministre de l’Intérieur pour juger positif le fait que tous trois sont des Français ayant des origines étrangères. Cependant, il avait ajouté qu’il « ne fallait pas oublier les Français de souche », sans que cela ne provoque la moindre controverse.

Mais ensuite, deux cadres dirigeants du PS, Mehdi Ouraoui, ancien directeur de cabinet d’Harlem Désir, et Naïma Charaï, présidente de   l’« Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances », ont écrit une lettre de protestation au président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, qualifiant l’intervention d’Alain Finkielkraut d’ «inacceptable » et « dangereuse »… 

Dans les pages du Figaro, celui-ci répond de façon magistrale : « L’idée qu’on ne puisse plus nommer ceux qui sont Français depuis très longtemps me paraît complètement délirante. L’antiracisme devenu fou nous précipite dans une situation où la seule origine qui n’aurait pas de droit de cité en France, c’est l’origine française. » Rappelant que ses parents sont nés en Pologne, et qu’il a été naturalisé en même temps qu’eux à l’âge d’un an, Finkielkraut se déclare « stupéfait » d’être taxé de racisme au moment où il entonne « un hymne à l’intégration », et il s’inquiète de « voir la gauche choisir une autre voie, celle du refus de toute préséance de la culture française sur les cultures étrangères ou minoritaires ».

Puis il conclut ainsi : « L’hospitalité se définit selon moi par le don de l’héritage et non par sa liquidation ».

Quitte à parler de « cohésion sociale », quant à l’idée d’intégrer les gens d’origine étrangère, autant les intégrer à une réalité existante. Sinon de quoi parle-t-on ? A moins de rêver de marcher sur les nuages de l’utopie, l’u-topie, qui, au sens étymologique du terme, est un lieu qui n’existe nulle part, un   « non-lieu »… En tout cas, il n’y avait pas lieu de s’indigner contre Alain Finkielkraut. Et si par hasard des policiers de la pensée cherchaient à lui faire un procès politique, ce serait un mauvais procès, qui ne mériterait précisément qu’un non-lieu…

Denis Lensel

 

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