[Source : DICI]

Il y a sur la place Saint-Sulpice, à Paris, une fontaine où sont représentés quatre évêques : Bossuet, Fénelon, Fléchier et Massillon. Elle est appelée cum grano salis« fontaine des quatre point cardinaux », car les prédicateurs illustres qui l’ornent ne furent jamais cardinaux. C’est ce qui a failli arriver rétroactivement – et hypothétiquement – à quatre prélats romains…

Le 28 novembre 2016, Mgr Pio Vito Pinto, doyen du Tribunal de la Rote qui juge en appel de la nullité des mariages, a violemment réagi à la décision des cardinaux Brandmüller, Burke, Caffarra et Meisner de rendre publics les doutes sur Amoris lætitia, qu’ils avaient soumis au pape François il y a deux mois, sans recevoir de réponse. Il les a accusés d’avoir causé un grave scandale qui pourrait leur faire perdre le chapeau cardinalice. Puis il a rectifié, disant qu’il n’avait pas dit cela, tout en redisant : « C’est insensé. Il ne saurait exister un conseil de cardinaux qui puisse demander des comptes au pape »… Mais l’essentiel n’est pas là.

Mgr Pinto a évoqué cette hypothétique sanction : les quatre cardinaux pourraient perdre leur chapeau, alors qu’ils ne veulent pas perdre la tête ! Une tête réaliste qui ne peut pas penser que le vrai est faux, que le mal est bien, et qui ne peut pas affirmer oui et non en même temps. Une tête théologique qui ne croit que ce qui a été révélé par le Fils de Dieu ne saurait se plier aux exigences d’une modernité biodégradable, aujourd’hui bien dégradée. Une tête catholique qui se refuse à déclarer que ce qui est vrai et bien doctrinalement pourrait devenir faux et mal pastoralement, au nom d’une miséricorde particulièrement élastique.

Ce que ne comprend pas Mgr Pinto est pourtant bien simple : à quoi sert de garder un chapeau, même cardinalice, si la tête qui le remplit est vide ?

Abbé Alain Lorans