Source [Boulevard Voltaire] Valérie Pécresse a donc décroché de haute lutte, après quatre débats télévisés et un vote des militants, le droit de participer à la course présidentielle sous l’étiquette Les Républicains. Le résultat est sans appel : la candidate obtient 60,95 % des suffrages militants. À 54 ans, la présidente de la région Île-de-France triomphe : « Pour la première fois de son histoire, notre famille politique va se doter d’une candidate à l’élection présidentielle, déclarait-elle. Je pense à toutes les femmes de France. » Valérie Pécresse a tenté de chauffer la salle. « La droite républicaine est de retour », lançait-elle sous les acclamations des militants rassemblés au siège des LR. « Un système, ça se change et un président, ça se change aussi », poursuivait Pécresse, qui veut porter « un projet de franche rupture ». Elle évoque « le combat d’une vie » et rode quelques « punchlines » : « Macron a une obsession, c’est plaire. Moi, j’ai une seule passion, c’est faire ! »
La candidate LR part donc aujourd’hui à la conquête de l’Élysée avec un défi pas simple : se faire une place entre le marteau des quelque 30 % à 35 % du tandem Zemmour-Le Pen et l’enclume des 25 % de Macron. Être une femme ne suffira pas. Pour franchir l’obstacle, elle a quelques boulets aux pieds.
Le boulet de sa légitimité, d’abord. Certes, Valérie Pécresse l’emporte nettement, mais Éric Ciotti, parti avec 5 % des intentions de vote, obtient 40 % des voix au terme d’une campagne très dynamique, poussée par des idées nettement à droite. Arrivé en tête du premier tour, le député des Alpes-Maritimes a encore gagné, au second tour, 15 % des voix qui s’étaient portées vers les candidats Barnier, Juvin et Bertrand. Pécresse n’a pas écrasé le match et finit loin des 75 % qu’elle aurait mathématiquement pu espérer. Quoi qu’en disent les grands discours, elle n’a pas, pour l’instant, créé de vraie dynamique. Elle devra se défendre des affections d’Eric Zemmour qui, dès les résultats connus, s’est fendu d’une longue lettre aux électeurs de Ciotti : « Je partage la déception d’Eric (Ciotti) et de ses sympathisants et c’est à eux que je veux m’adresser particulièrement ce soir », écrit Zemmour en mettant en avant leur proximité d’idées.
Deuxième boulet, sa personnalité. Cette Versaillaise qui fait tout pour cacher son lieu de résidence – trop conservateur et bourgeois, sans doute –, réservée, empruntée en public, conserve auprès d’une partie du public de la droite une image de démagogue prête à suivre tous les vents porteurs. La mouvance de la Manif pour tous n’a pas oublié ses reculades.
Troisième boulet, son image parisienne. Car Paris n’a jamais représenté une étiquette enviable. Le reste de la France se méfie avec raison de la déconnection des Parisiens par rapport aux idées et aux réalités vécues ailleurs. Dans son discours à l’issue du scrutin, la « boboïtude » perce sous le costume patriote enfilé depuis peu : « Notre grand défi, ça va être de refaire nation », lance Pécresse. Imagine-t-on, pour rester dans le mémorial de la droite, le général de Gaulle impatient de « refaire nation » ? Le Président Pompidou, auteur de la célèbre Anthologie de la poésie française, aurait-il enfilé cet effroyable déguisement verbal ? Chirac lui-même ?
Quatrième boulet, les sondages. Dans toutes les études d’opinion parues jusqu’ici, Valérie Pécresse n’était pas le meilleur cheval pour porter les couleurs de la droite durant la présidentielle. Selon le dernier sondage Harris Interactive-Challenges du 30 novembre dernier, Bertrand aurait obtenu 14 % des suffrages au premier tour de la présidentielle, contre 11 % pour Valérie Pécresse. Un handicap à remonter.
Cinquième boulet, Valérie Pécresse hérite de LR une stratégie de second tour claire comme une nuit dans un tunnel. Ciotti avait clairement exprimé qu’il choisirait Zemmour contre Macron au second tour, Pécresse n’a rien dit de tel. Or, les questions ne manqueront pas sur ce thème et les électeurs LR patriotes ne comprendront pas que ce choix ne soit pas net. Pécresse godillera sans doute longtemps pour éviter de répondre en expliquant qu’elle sera au second tour, mais cette inconnue risque de peser sur la campagne LR.
Enfin, sixième boulet, le passé de LR qui a déçu au point de ne représenter, aujourd’hui, que la quatrième force politique en présence, toujours selon Louis Harris-Challenges, derrière Macron (25 %), Le Pen (20 %) et Zemmour (13 %). Il faudra montrer sans le dire que LR s’est trompé d’analyse et de discours hier, notamment sur l’immigration, tout en attaquant ceux qui avaient raison comme Le Pen et Zemmour, pour convaincre que la droite fera mieux demain ce qu’elle a raté quand elle était au pouvoir. Bon courage, Valérie !
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