Journalistes : agressions à répétition dans la profession

Source [Marianne] Après l'agression d'un photojournaliste à Reims ce 27 février, Christophe Deloire, directeur général de Reporter Sans Frontières revient pour "Marianne" sur la défiance envers les journalistes et le climat de tension dans lequel s'effectuent certains reportages.

Ce samedi 27 février, un photojournaliste du quotidien régional L'Union a été grièvement blessé, alors qu'il couvrait des regroupements de jeunes dans le quartier prioritaire Croix Rouge à Reims. Un suspect a depuis lors été interpellé et placé en garde à vue. Mais cette agression n'est pas un fait isolé et la multiplication des attaques contre les journalistes témoigne d'un climat de défiance sur lequel Christophe Deloire, directeur général de Reporter Sans Frontière, a accepté de revenir.

Marianne : Quel est l'état de santé de Christian Lantenois ?

Christophe Deloire : Son pronostic vital est engagé depuis le premier jour. Les dernières nouvelles que nous avons datent d'hier matin. Un proche nous a dit que Christian était toujours dans le coma et que les heures suivantes seraient critiques.

Comment analysez-vous la multiplication attaques envers des journalistes ?

La sécurité des journalistes s'est dégradée ces dernières années en France. Tout le monde se souvient de la pire des agressions, celle de Charlie Hebdo, où des Français ont débarqué dans une rédaction avec des kalachnikovs. On sent aujourd'hui qu'une certaine violence est en train de monter sur le terrain ; elle est notamment apparue dans les manifestations, avec une acmé au moment des gilets jaunes où des grands reporters de guerre habitués à Kaboul ou à Bagdad disaient se sentir en danger dans les rues de Paris, du fait de la vindicte d'une partie des manifestants qui s'en sont pris à eux. On a observé des agressions très violentes, avec la tentative de viol d'une journaliste de La Dépêche du Midi à Toulouse ou la tentative de lynchage d'une équipe de LCI à Rouen, à la suite de quoi l'un des gardes du corps a dû être hospitalisé. Ces violences des manifestants ne sont pas propres aux gilets jaunes : on a aussi observé de l'hostilité lors des manifestations contre le mariage pour tous.

Parallèlement à la vindicte populaire, les journalistes qui couvrent des manifestations sont aussi victimes de violences policières inadmissibles. C'est très alarmant. Enfin, ce n'est pas la première fois que des quartiers difficiles refusent la présence de journalistes. En juillet dernier, lors d'un reportage dans le quartier des Grésilles à Dijon, une équipe de France 3 Bourgogne a vu sa voiture caillassée. Dans son édition d'hier, L'Union évoque cette montée des tensions.

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