Source [Le blog de Jeanne Smits] Stupeur. Les grands médias dans les pays où le politiquement correct est le plus avancé ont crié à la « douche froide » après la parution d’un Responsum – une réponse à une question posée – sur la possibilité ou non pour l’Eglise de proposer une bénédiction des paires homosexuelles. Sans véritable surprise, la Congrégation pour la Doctrine de la foi a dit « non », étendant d’ailleurs sa réponse à toutes les unions qui impliquent une « pratique sexuelle hors mariage », seul cadre légitime pour l’union qu’en d’autres temps on appelait encore pudiquement « conjugale ».
La « surprise » du Courrier international dont je tire l’expression rapportée ci-dessus n’est pas une nouveauté qui démontrerait à elle seule la gravité des glissements doctrinaux que l’on impute au pape François. Chaque fois que Jean-Paul II rappelait solennellement que l’avortement est un crime qui tue un enfant à naître on avait droit, il y a déjà plusieurs décennies, à ce type de cris d’orfraie journalistiques ; comme si c’était une nouveauté, comme si c’était inattendu. Il faut comprendre que cela leur est totalement étranger.Si la note a rassuré les milieux plus conservateurs ou traditionnels au sein de l’Eglise, tant ceux-ci s’attendent à tout dans le contexte actuel, et si elle se borne à rappeler l’enseignement pérenne de l’Eglise en matière de morale sexuelle, elle n’en est pas moins ouvertement contestée par des évêques et même, de manière plus subtile, par un cardinal : Kevin Farrell, préfet du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Et d’aucuns vont jusqu’à dire que le pape François a sans doute consenti de manière un peu hâtive à la publication du texte, voire sous pression, et s’attendent à quelque déclaration plus « ouverte » de sa part, si tant est qu’elle n’a pas déjà eu lieu.Voici les passages les plus critiqués depuis les milieux progressistes et « LGBT » :« Pour être cohérent avec la nature des sacramentaux, lorsqu’une bénédiction est invoquée sur certaines relations humaines, il est nécessaire – outre l’intention droite de ceux qui y participent – que ce qui est béni soit objectivement et positivement ordonné à recevoir et à exprimer la grâce, en fonction des desseins de Dieu inscrits dans la Création et pleinement révélés par le Christ Seigneur. Seules les réalités qui sont en elles-mêmes ordonnées à servir ces plans sont donc compatibles avec l’essence de la bénédiction donnée par l’Église.
« Pour cette raison, il n’est pas licite de donner une bénédiction aux relations ou partenariats, même stables, qui impliquent une pratique sexuelle hors mariage (c’est-à-dire hors de l'union indissoluble d’un homme et d’une femme ouverte en soi à la transmission de la vie), comme c’est le cas des unions entre personnes du même sexe. La présence dans ces relations d'éléments positifs, qui en eux-mêmes doivent être appréciés et valorisés, n'est cependant pas de nature à les justifier et à les rendre ainsi légitimement susceptibles d’une bénédiction ecclésiale, puisque ces éléments se trouvent au service d’une union non ordonnée au dessein du Créateur.
« En outre, les bénédictions sur les personnes étant liées aux sacrements, la bénédiction des unions homosexuelles ne peut être considérée comme licite, car elle constituerait en quelque sorte une imitation ou un renvoi analogique à la bénédiction nuptiale invoquée sur l’homme et la femme qui s’unissent dans le sacrement de mariage, étant donné qu’“il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille”.
« (…) En même temps, l’Église rappelle que Dieu lui-même ne cesse de bénir chacun de ses enfants en pèlerinage dans ce monde, car pour Lui “nous sommes plus importants que tous les péchés que nous pouvons commettre”. Mais Il ne bénit pas et ne peut pas bénir le péché : Il bénit l’homme pécheur, afin que celui-ci reconnaisse qu’il fait partie de son dessein d'amour et se laisse changer par Lui. Car Il “nous prend comme nous sommes, mais ne nous laisse jamais comme nous sommes”. »Plus loin, le Responsum précise que les « personnes à tendance homosexuelle » qui manifestent le désir de vivre en fidélité aux desseins révélés de Dieu » peuvent recevoir une bénédiction à titre individuel.Ce fut assez pour « décevoir » certains, comme Mgr Johan Bonny d’Anvers qui est allé jusqu’à se dire « très en colère » à cause de la note de la CDF, qu’il juge incompatible avec ce qui a été mis en avant au cours du deuxième synode sur la famille à Rome en 2015, auquel il avait participé. Et de dénoncer la « qualité théologique défectueuse » des membres de ce « département romain ».Au lendemain de la parution du Responsum, une soixantaine de prêtres allemands avaient déjà publié une lettre ouverte annonçant leur refus de se conformer aux consignes données par la CDF : ils continueront de bénir les couples homosexuels comme ils le faisaient déjà… En Autriche, pas moins de 350 prêtres ont signé un « appel à la désobéissance 2.0 », protestant avec « véhémence contre la supposition selon laquelle des couples aimants de même sexe ne font pas partie du dessein de Dieu ». « Dans cette affaire, on essaie de saper la réalité de la création au moyen de présomptions dogmatisantes », ajoutaient-ils.Le cardinal américain Blase Cupich a souligné que la note de la Congrégation pour la Doctrine de la foi ne faisait que répéter l’enseignement traditionnel de l’Eglise sur le sacrement de mariage, ajoutant qu’elle allait pourtant provoquer de la « déception » chez un grand nombre. A ceux qui soutiennent la cause LGBT de « redoubler nos efforts afin d’être créatifs et résilients pour trouver des moyens d’accueillir et d’encourager toutes les personnes LGBTQ dans notre famille de foi », a-t-il déclaré. II faut lire la note « dans le contexte des enseignements du Catéchisme et des déclarations encourageantes du pape François aux personnes LGBTQ quant à leur relation avec l’Eglise », a-t-il insisté, s’arrêtant sur le fait qu’elle souligne « les nombreux éléments positifs » au sein de relations de couples de même sexe « qu’il faut en eux-mêmes valoriser et apprécier ».Retrouvez l'intégralité de l'article sur le blog de Jeanne Smits en cliquant ici
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