Nous allons donc déposer nos bulletins dans l’urne, le 22 avril puis le 6 mai. Avec des pincettes ! Sans enthousiasme, sans illusion, peut-être même après une ultime hésitation…Mais nous n’irons pas grossir le taux sans doute record des abstentionnistes – le premier parti de France ? – parce que quand bien même nous voterions sans le moindre espoir, nous ne laisserons pas s’éteindre la flamme de l’espérance ! Nous voterons pour accomplir notre devoir de citoyens, mais avec la longanimité que nous tenons de notre foi chrétienne. Etre longanime, c’est littéralement « avoir l’âme longue » plutôt que de rester le nez collé sur l’obstacle. C’est se doter, pincettes ou pas, d’une longue-vue.

Oh, bien sûr, on ne voit pas grand chose de bon à attendre de ce scrutin. Il est même hautement probable que le prochain quinquennat marquera un nouveau déclin de la France, une nouvelle descente dans la démagogie, la logorrhée, le clientélisme, le piétinement des valeurs humaines les plus sacrées, la famille, le mariage, le respect de la vie de la conception à la mort naturelle, et jusqu’à l’identité sexuelle elle-même, comme l’annoncent avec gourmandise les programmes du PS et de ses alliés. Quant à l’économie, si les mesures annoncées par les deux principaux candidats étaient réellement mises en œuvre (à vrai dire, personne n’y croit), ce serait au mieux cautère sur jambe de bois, et plus vraisemblablement un bon lest pour accélérer la chute vers les abysses… (Hollande, plombé par Mélenchon, étant le grand favori pour nous entraîner promptement au fond).

Philippe Oswald

Aucun espoir à court terme, donc, mais une espérance tenace, résolue, renouvelée  guidant une volonté affermie par l’adversité. Quelle espérance ? Celle de poursuivre, de relayer et d’amplifier le lent et patient travail en profondeur accompli ici même par les contributeurs de Liberté Politique, et dans toute la France par nos amis d’Ichtus, par ceux des Associations Familiales Catholiques, par ceux de l’Alliance Vita qui se dépensent actuellement sans compter pour mener le combat de la vie contre l’euthanasie, par ceux de la Fondation Lejeune pour soigner et défendre la personne blessée dans son intelligence mais à jamais intacte dans sa dignité, par l’Office Chrétien des Handicapés et par les foyers de l’Arche qui rendent un témoignage permanent à cette dignité, par les membres de l’Association des juristes catholiques et par tous ceux qui revisitent la doctrine sociale de l’Eglise et œuvrent à réhabiliter l’engagement politique trop délaissé pendant des décennies par des chrétiens tentés de se réfugier dans une spiritualité quelque peu désincarnée…Qu’on songe, pour ne citer que ces deux exemples, à l’investissement remarquable de membres de l’Eglise, clercs et laïcs, chacun à sa place, dans les « états généraux de la bioéthique », ou à la réappropriation de l’écologie – mais une écologie au service de l’homme – par la pensée chrétienne, le pape ouvrant la voie, là-aussi.

Oui, les temps ont changé. Plus question de ravauder ! Tous, nous avons appris à nos dépens ce qu’il en coûte politiquement d’avoir déserté le combat culturel, de nous être contentés pendant des décennies de saluer de loin nos racines chrétiennes au lieu de prendre la peine d’en puiser la sève, de nous en pénétrer et de la communiquer. Au travail donc, jour après jour, « goutte à goutte, heure par heure » (V. Hugo), travail personnel et collectif, travail relationnel et de présence accrue sur l’immense forum contemporain des réseaux sociaux.  Et que surtout ne fasse pas défaut à cette mobilisation intellectuelle un désir sincère d’unité dans la diversité, en un mot sœur Charité sans laquelle nous ne serions que des cymbales discordantes… Les zizanies, les querelles de chapelle, les combats d’ego, non merci, pas de ça, pas chez nous, plus chez nous, on en a soupé !