La droite est souvent individualiste et égoïste. C’est vrai. La gauche, trop idéologique, ne sait pas gouverner, on le voit bien. Les partis de l’un et l’autre bord sont des machines à conquérir le pouvoir puis à distribuer les prébendes. Le peuple, au milieu, ne sait plus à qui se vouer. Il ne peut que se réunir au gré de ses intérêts particuliers autour de responsables syndicaux ou politiques qui lui chantent le petit air de la rupture, de la révolte et même du « grand soir ».

THB

Rares sont ceux qui gardent la tête froide et une vraie indépendance d’esprit. L’Association pour la Fondation de Service politique fait partie de ces très rares instituts totalement libres qui ne saluent personne. S’y côtoient des intellectuels et des personnalités du monde politique ou de la société civile qui écrivent et parlent en toute indépendance et liberté. L’AFSP a ainsi acquis une place originale et non négligeable. Placée à droite sur la médiasphère mais beaucoup consultée par la gauche comme une enquête du journal Le Monde l’a montré au printemps dernier, son poids n’est nullement négligeable dans les débats de société actuels.

Un enjeu « véritatif »

Mais son modèle économique fondé sur la générosité d’un grand nombre de petits donateurs est fragile. Le concept de l’AFSP qui est à la fois un think tank à la manière de Terra Nova, un institut de lobbying à la manière de l’Institut Montaigne et un media à la manière de Media Part est trop lourd pour être financé par un public trop restreint. De plus, ce modèle hybride est difficilement compréhensible par un public catholique qui trop souvent fonce comme un taureau sur tous les chiffons rouges que l’on agite sous leur nez. Mobiliser des ressources suffisantes pour conduire une réflexion fondée sur une anthropologie chrétienne dans le but de contribuer à long terme et en toute liberté à une modification de la culture politique de notre société est devenu économiquement difficile. L’AFSP conduit un combat sur une problématique large qui nécessite un large soutien. Beaucoup de chrétiens demeurent généreux mais sur des causes bien identifiables et limitées. L’enjeu n’est pas « grand public ». Le caritatif fait davantage recette que le « véritatif ».

Le besoin

En dépit de ces contraintes, le besoin existe pourtant chez un public pas si restreint que cela qui a conscience de l’importance de la présence d’un courant de pensée chrétien inspiré par la doctrine sociale de l’Eglise et l’enseignement du Magistère dans les débats contemporains. La philosophia perennis qui est le socle intellectuel de la pensée économique, politique et sociale de l’Eglise, et qui est le nôtre, permet en effet de repenser à nouveaux frais toutes les grandes problématiques actuelles. A une triple condition que l’AFSP a réunie. En premier lieu, une bonne maîtrise de ce cadre intellectuel et donc de la philosophie grecque, des Pères de l’Eglise et des commentateurs du Moyen Age qui se sont confrontés à la pensée de l’antiquité païenne. En second lieu, une bonne connaissance des référents idéologiques de la modernité politique. En troisième lieu,  une très bonne connaissance des dossiers techniques forts complexes auxquels notre époque est confrontée dans tous les domaines. C’est cette compétence et cette originalité que beaucoup de nos lecteurs apprécient et qu’ils souhaitent que nous puissions pérenniser.

Aujourd’hui et demain

Un million de personnes ont visité notre site depuis un an. Le nombre de donateurs qui nous soutiennent a doublé de janvier à juin dernier. Le nombre d’abonnés à notre lettre hebdomadaire dépassent à ce jour 30 000. Mais nous avons besoin d’un flux constant et surtout sécurisé de petits dons. Après les élections présidentielles, comme cela s’était passé en 2007, ce flux s’est tari. La banque qui nous avait consenti alors une autorisation de découvert nous a refusé cette fois la souplesse de trésorerie dont nous avions besoin pour poursuivre notre activité.

Nous serons définitivement et officiellement fixés le 9 octobre prochain sur notre avenir. Nous sommes depuis le 27 août en cessation de paiement. Trois personnes vont être mises au chômage. Les abonnés à la revue ont reçu cette semaine le N° 58 de Liberté Politique qui vient tout juste de paraître. Nous avons jusqu’ici maintenu malgré les difficultés la parution de cette lettre hebdomadaire. Nous avions des projets pour l’année qui vient. Des groupes de recherche s’apprêtaient à se mettre au travail sur des thèmes aussi différents que la famille et le mariage, la médecine et la santé, l’éducation, l’environnement, la géopolitique et la défense, l’économie et la fiscalité, la question de l’immigration et des banlieues. Notre programme de conférences et de colloques est arrêté. Tout cela est-il fini ?   

Combat  pour l’espérance

Vos réponses très nombreuses à mes deux derniers appels, plus encore au second qu’au premier laisse une petite porte ouverte. Rien n’est encore certain, ni François martin, ni Antoine Besson  ni tous ceux qui ont activement et bénévolement contribués à ce site ne veulent que cela soit fini. Dès que nous le pourrons nous vous tiendrons au courant des suites possibles. Mais je tiens d’abord dans ce moment très difficile à remercier très chaleureusement chacun de ceux qui depuis un an se sont investis pour écrire, publier, diffuser des centaines de travaux sur ce site et dans la revue. En premier lieu, les salariés de l’AFSP qui ont travaillé sans compter leur temps, les nombreux contributeurs du site ou de la revue qui ont apporté avec un immense désintéressement leurs compétences et leurs temps, les experts qui avaient commencé à nous envoyer des notes. Les nombreux donateurs qui nous ont fait confiance depuis plus de dix ans.  Enfin, tous ceux qui depuis quinze jours nous envoient des messages émouvants de sympathie. Si demain nous pouvons reprendre le travail entrepris c’est à tous ceux qui nous soutiennent aujourd’hui dans cette délicate étape que nous le devrons. Au-delà de cette situation de faillite,il nous reste un espoir de franchir le cap.

A tous ceux qui nous ont témoigné leur amitié et qui nous ont fait confiance, je veux dire que je ne renonce pas à l’ambition qui nous a réunis. Nous continuerons de témoigner de la fécondité d’un courant de pensée politique inspiré par une anthropologie chrétienne. Notre combat est celui du cœur et de l’intelligence, ce n’est ni celui de l’argent, ni du pouvoir. Toute institution humaine est périssable mais pas le combat pour l’espérance. Ce combat, nous allons le poursuivre ensemble avec votre soutien. Beaucoup d’entre vous nous ont manifesté leur volonté que cela continue. Si vous ne l’avez pas encore fait mais que vous croyez à la nécessité d’une voix comme celle de Liberté politique, n’attendez pas pour nous le dire. Répondez à l’e.mail que je vous ai envoyé cette semaine.  Il est encore temps.