Bayrou Premier ministre, Emmanuel Macron remet une pièce dans la machine

En nommant François Bayrou à Matignon, le président de la République s’inscrit dans une certaine continuité avec Michel Barnier : un septuagénaire résolument favorable à l’Europe de Bruxelles et d’apparence modérée. Emmanuel Macron pourrait aussi avoir donné un sursis à la coalition des gauches.

Après plusieurs reports, le président Macron a finalement annoncé la nomination de François Bayrou à Matignon. Le nom du maire de Pau circulait comme souvent, mais cette fois-ci aura été la bonne pour le triple candidat à la présidentielle et rallié de la presque première heure d’Emmanuel Macron.

Ancien ministre, ancien député, ancien eurodéputé, élu local mais aussi chef de son parti centriste, le Modem, le personnage n’est pas unanimement sympathique et pourrait agacer plus rapidement que son prédécesseur Michel Barnier, qui cultivait une certaine forme d’élégance.

Les conséquences de l’arrivée de François Bayrou sont multiples. Tout d’abord, il n’y a plus de Haut-commissaire au plan, ce qui n’est pas très grave puisque personne n’a jamais su à quoi servait cette fonction. Ensuite, c’est un pied de nez fait à la coalition des gauches, hors-Insoumis, reçue ces derniers jours à l’Élysée. Emmanuel Macron leur avait confié ne plus vouloir dépendre du Rassemblement national (RN), alors que socialistes, communistes et écologistes réclamaient une personnalité de gauche. Le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, avait même fait savoir deux jours plus tôt son rejet de l’option Bayrou. Tous mécontents, ils n’ont cependant pas encore menacé d’une motion de censure, à la différence des Insoumis.

Quant au RN et à son allié ciottiste, pourtant pas reçus à l’Élysée, ils ont envoyé des signaux plutôt favorables, demandant, à l’image de Marine Le Pen, « d’être écoutés ».

Les relations avec Les Républicains pourraient, en revanche, s’avérer plutôt froides, puisque le maire de Pau n’avait pas soutenu Nicolas Sarkozy en 2007 et avait même défendu François Hollande contre le président sortant en 2012.

Si l’on peut se féliciter de l’absence de Premier ministre de gauche, il convient de relever que la méthode utilisée par Emmanuel Macron est peu respectueuse des oppositions, tout comme son changement d’horaire pour annoncer le nom de son prochain fusible ministériel n’est pas vraiment respectueux des Français.

Alors que les négociations avec le président avaient provoqué des remous au Nouveau Front Populaire, notamment entre les troupes mélenchonistes et les socialistes, l’arrivée de François Bayrou pourrait rabibocher les gauches, au moins temporairement, ce qui peut s’avérer profitable à ce camp en vue des élections municipales de 2026.

Difficile d’imaginer l’apparatchik Bayrou faire des étincelles à Matignon. Sorte de Premier ministre de transition pour un entre-deux qui pourrait durer six mois comme deux ans et demi, il devra faire preuve de ressources pour éviter la censure. Habitué à ne rien faire au Haut-commissariat au plan, il devrait continuer sur la même lancée, sans majorité et sans véritable programme.

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique