La beauté en héritage

Source [Causeur] : Si la beauté revêt pour chacun de nous une part de subjectivité, elle repose aussi – surtout – sur des critères qui nous ont été transmis depuis l’enfance, sur une culture et des traditions. Loin d’amoindrir notre sensibilité, ce jugement arbitraire aiguise notre regard.

 

Cela pourrait ressembler à ces déjeuners dominicaux où on passe des heures à parler de la beauté des actrices, celles qu’on aime et toutes les autres. Et les échanges sont interminables, qui reposent sur la subjectivité de chacun et le plaisir de n’avoir rien à démontrer de plus que l’affirmation de ses propres goûts.

Il y a une volupté dans cet impérialisme de soi qui, sur la beauté, la laideur, la nature, la diversité des êtres et des choses, se contente de poser dans la vie ses évidences, persuadé qu’il est admis que ces matières infiniment sensibles relèvent au fond de l’indicible et qu’exiger de lui la preuve, par exemple, de la validité de ses choix esthétiques serait trop demander.

« Il faut aller au cœur de l’inconnu qui vous émeut pour tenter de le déchiffrer »

Pourtant il m’a toujours semblé, quand je contemplais, admirais ou me détournais, que dans mon appréciation il entrait une part qui ne dépendait que de moi, de mes critères, de mes humeurs, d’appétences si profondes qu’elles émanaient de l’enfance, mais aussi une autre plus objective que je pourrais tenter de définir à partir d’un certain nombre de paramètres susceptibles d’expliquer pourquoi celle-ci est belle et séduisante, et pas celle-là. Un mélange troublant et délicieux d’arbitraire et de rigueur. Contrairement à ce qu’on croit souvent, s’efforcer d’expliquer le mystère de la grâce, le surgissement d’une apparence parfaite, ne détruit pas la poésie des corps et des visages, mais y ajoute une élucidation qui fait beaucoup de bien. Il faut aller au cœur de l’inconnu qui vous émeut pour tenter de le déchiffrer. Comme pour justifier ses propres inclinations auxquelles il manquerait quelque chose si elles étaient laissées à elles-mêmes.

Retrouver l'intégralité de l'article en cliquant ici