L’identité vue par Samuel Huntington et Alain de Benoist

Source [Polémia] : Alain de Benoist vient de publier au Rocher un nouvel ouvrage Nous et les autres : l’identité sans fantasmes. Polémia présentera prochainement une analyse de ce livre approfondissant une étude préalable publiée sous le titre Nous et les autres : problématique de l’identité. Sans attendre, nous remettons à la disposition de nos lecteurs une critique croisée Huntington-de Benoist, parue en 2006 sous la signature d’Andrea Massari.

L’identité est la problématique centrale du XXIe siècle. Par-delà l’Atlantique, les interrogations du géopoliticien conservateur Samuel Huntington et du philosophe Nouvelle Droite Alain de Benoist se font écho.

Explications :

1. Les approches de Samuel Huntington et d’Alain de Benoist sont différentes. Dans « Nous et les autres – Problématique de l’identité »,
(https://s3-eu-west-1.amazonaws.com/alaindebenoist/pdf/nous_et_les_autres.pdf)
l’essayiste Alain de Benoist propose une approche ontologique du concept et de son évolution au cours des trois derniers siècles conduisant de la prémodernité à la postmodernité.

L’approche de Samuel Huntington est plus sociologique et plus concrète, plus engagée aussi : dans Qui sommes-nous ? Identité nationale et choc des cultures le professeur de Harvard défend un point de vue particulier, celui d’un conservateur militant défendant le caractère anglo-protestant de l’identité américaine.

Mais par-delà ces différences, les constats se rejoignent sur un point : « La crise des identités nationales est devenue un phénomène mondial » (Samuel Huntington, p. 24) et plus les repères identitaires s’effacent, plus la problématique de l’identité s’impose (Alain de Benoist).

2. Pour Alain de Benoist, la problématique de l’identité apparaît au XVIIIe siècle avec la modernité qui affranchit les individus des circonstances de leur naissance ; ainsi la philosophie des Lumières arrache la question identitaire à toute « naturalité » au nom du libre choix des individus.

Emerge alors durant tout le XIXe siècle, tout en se poursuivant au XXe siècle, « l’identité collective la plus englobante, l’identité nationale » (Alain de Benoist, p. 34). Celle-ci toutefois est ambivalente : incarnée et concrète, elle reprend l’héritage du passé et valorise un imaginaire historique ; intellectuelle et abstraite, elle est aussi une construction idéologique. Toutefois l’opposition entre « nations civiques » et « nations ethniques » est sans doute excessive car l’une ne va jamais totalement sans l’autre : « le nationalisme contemporain a beau se fonder sur l’idéologie politique de l’Etat et de la citoyenneté, ce serait une erreur de croire que des valeurs politiques abstraites suffisent à exiger des sociétaires les sacrifices auxquels ils doivent parfois consentir » (Alain de Benoist, p. 36).

Les idéologies « républicaines » et « souverainistes » qui dominent le débat politique français trouvent ici leurs limites. D’autant plus que, le mouvement de « modernité » se poursuivant, « l’idéologie du même » continue de se déployer à l’échelle du monde. Les logiques de la globalisation et du marché roi poussent à la déterritorialisation, au délestage des attaches symboliques et à l’apparition d’identités de rechange éphémères (la marque, le club sportif). Dans le même temps la disparition des frontières ne permet plus aux différents territoires et aux peuples qui les habitent d’évoluer à leur rythme.

Ce nihilisme du marché débouche sur une crise majeure des consciences collectives source de nombreux replis identitaires ; ainsi la postmodernité voit le retour du religieux et de la « naturalité ».

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