Source [Causeur] Entretien avec l'ancien juge d'instruction au pôle antiterroriste. Pour l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, la France a progressé dans la lutte contre l’islamisme. Malgré cette prise de conscience, l’État peine à organiser la mobilisation générale face au nombre de radicalisés.
Causeur. À chacune de vos interventions médiatiques, vous dénoncez des décennies d’aveuglement sur l’idéologie islamiste. Depuis cinq ans, la société, les politiques, les médias et la justice se sont-ils dessillés face à la menace ?
Marc Trévidic. Depuis cinq ans, l’angélisme s’est beaucoup amenuisé. Quand j’ai commencé l’antiterrorisme en 2000, tout un discours de la magistrature et de la presse niait la menace de la radicalisation islamiste et estimait que le salafisme avait plutôt pour effet de calmer les jeunes en les détournant de la délinquance. Libération avait ainsi titré un dossier sur le GIA « Ils voient des islamistes partout ! ». Un premier tournant dans la prise en compte du danger islamiste s’est opéré le 11 septembre 2001. Les attentats aux États-Unis ont montré que la radicalisation pouvait mener au terrorisme, alors même que ce risque était visible depuis le début des années 1990, avec le départ des troupes soviétiques d’Afghanistan. Le développement d’une idéologie qui prenait la suite du marxisme-léninisme et allait nous poser de graves problèmes est alors devenu manifeste.
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