Bordeaux: de Sylviane Agacinski à Action directe

Source [Causeur] : « Il n’y a que la première honte qui coûte »

 

Dans sa préface au livre de Song Yongyi, Les massacres de la Révolution culturelle, Marie Holzman[1] observe à propos de la jeunesse alors radicalisée de Pékin: « Les jeunes… découvrent avec enthousiasme qu’ils peuvent déjà jouer un rôle décisif dans la vie politique de leurs établissements scolaires, de leurs familles ou du pays. Ils se ruent aussitôt, Le Petit Livre Rouge en main, sur les cibles qui leur sont explicitement désignées par le centre : les grands intellectuels… »[2]. Il me semble que la France de 2023 commence à avoir un arrière-goût de cette « terreur rouge » qui en Chine en 1966 consista à traquer les enseignants « dans les campus universitaires au nom de ce qu’ils nommaient « la lutte critique »[3].

Un mur de la honte

Les pratiques célèbres de Gardes rouges gagneraient-elles le pays de Voltaire, de Victor Hugo, d’Albert Camus ? Qui n’entrevoit ces nuages lourds qui commencent à obscurcir l’horizon de la France de 2023 ? Des noms d’étudiants opposés à l’ultra-gauche radicale sont affichés à Science-Po Lille le 3 avril sur un « mur de la honte », par un de ces groupes qui se pensent investi d’une mission rédemptrice. Le mot « fasciste » est ici l’équivalent de l’anathème « quatrième catégorie puante » qui servait à désigner les intellectuels lors de la persécution politique appelée « Purification de Pékin » en 1966.

Song Yongyi qualifiait ces bandes de Gardes rouges de « troupes d’assaut fascisantes ». Seuls ceux qu’un enseignement épuré de l’Histoire a maintenu loin des tragédies des mondes rêvés de Staline, de Mao, des Khmers rouges ignorent encore qu’il peut exister un fascisme de gauche. Sur l’émergence de ce surgeon des utopies rêvant d’un Grand soir, la gauche française (qui fut la mienne lorsque j’étais de gauche) observe un silence assourdissant. On sait hélas depuis longtemps que la gauche, bien que se pensant dans le camp du Bien, recèle la même proportion que le reste de l’humanité en individus dignes et courageux comme en figures pleutres et indignes. « Il n’est que la première honte qui coûte » avait dit Victor Serge à Paul Vaillant-Couturier alors directeur de l’Humanité, lorsque ce dernier, sur les ordres du PCF, avait signé l’article condamnant son ami, conformément aux directives de Moscou[4]. C’était en 1933 lors des procès de Moscou.

Comme à Lille en mars 2023, à Science-Po Grenoble le 4 mars 2021, des professeurs avaient été traités publiquement de « fascistes » et leurs noms affichés sur les murs de l’université. Les Gardes rouges locaux s’intitulaient alors « Union syndicale ». La directrice de cet établissement se gardera de s’engager contre ces méthodes fascisantes et renverra dos-à-dos les auteurs et les victimes des petits Torquemada.

3 avril 2023. Le directeur de Science-Po Lille, amateur de rencontres avec des musulmans douteux, avait censuré la venue du journaliste Geoffroy Lejeune, car la revue que dirigeait le susdit n’était pas « de gauche ». Le directeur de cette université préférait peut-être la fréquentation de l’UOIF, plutôt que celle d’un intellectuel coupable d’appartenir à ce que dans la Chine de Mao on nommait encore « les cinq espèces noires »! La série s’allongeait. Les « Polices de la pensée » de l’IEP de Lille s’étaient déjà opposées en 2020 à la venue de l’eurodéputé François-Xavier Bellamy et à celle de Pierre Moscovici. On mesure le courage de la direction de l’université pour défendre la liberté d’expression. Les brigades de Science-Po (Lille, Grenoble, Toulouse, Paris, etc…) évoquent les « troupes d’assaut fascisantes » dont parle Song Yonyi, qui s’étaient attelées à une épuration politique nommée la « Purification de Pékin », à la fin des années soixante. L’université française est en voie de purification.

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