source [Boulevard Voltaire] Il n’y a pas à dire, l’espoir fait vivre ; à droite, surtout.
Après s’être laissé berner – liste non exhaustive – par Jacques Chirac, Charles Pasqua, Philippe de Villiers, Charles Millon, Nicolas Sarkozy, François Fillon, voilà désormais qu’elle fait tapis sur le rouge impair et passe avec Laurent Wauquiez. Combien de fois la mise ? Pour l’instant, c’est le zéro qui pointe.
Avec lui, « manifpourtoussistes », fillonistes et autres chiens perdus sans collier tenaient enfin leur champion. « On ne lâchera rien ! », piaillait-il de concert avec cette France bien élevée, mais pas toujours bien éveillée à la politique. Ça ne coûtait rien de le promettre, et encore moins d’y croire, Laurent Wauquiez ayant, c’était prévisible, presque tout lâché depuis. Mieux que de faire vivre, l’espoir peut aussi faire rêver, tel Christophe Billan, chef de file de Sens commun au sein des Républicains, d’une éventuelle grande union des droites : « Si Marion Maréchal-Le Pen vient demain avec ses idées rejoindre une plate-forme, cela ne me posera aucun problème. »
De l’audace, toujours de l’audace ! À condition, toutefois, que l’ancienne députée ne soit pas « plus Le Pen que Marion »… Déjà que ce coup de génie tactique consistant à inviter une personne à faire de la politique alors qu’elle a décidé de ne plus en faire avant longtemps a de quoi laisser dubitatif, voilà que l’heureuse élue ne serait tolérée qu’à condition de s’amputer de moitié.
Inutile, pourtant, de s’appesantir davantage sur le sujet, le généralissime Wauquiez a déjà empoigné le clairon pour sonner l’heure de la retraite, sur les ondes de RTL, ce mercredi matin : « Si je suis élu, notre ligne sera très claire. Il n’y a aucune alliance avec des élus du Front national et tous ceux qui ne partagent pas cette ligne ne feront pas partie de mon équipe. S’il y a le moindre passage à l’acte, ils n’auront plus leur place. Notre famille a besoin de retrouver de la clarté. » Voilà qui est donc clair : on ne change pas une équipe et une ligne qui perdent depuis plus de trente ans.
Dire que certains, à droite comme à gauche, s’inquiétaient de voir Laurent Wauquiez prôner une « droite dure ». Qu’ils se rassurent, elle ne sera « dure » qu’à l’endroit des malheureux têtards de Sens commun. Les mêmes s’alarmaient encore des lectures buissonnières de ce nouvel « homme fort » en devenir. Qu’ils reprennent leur souffle, tant il est possible de lire Patrick Buisson sans rien y comprendre. La preuve par les références culturelles de Laurent Wauquiez, qui ne paraît pas avoir tout saisi du « capital immémorial » de la France, mis à l’honneur par l’ancien hémisphère droit de la cervelle sarkozyenne.
Ainsi n’est-ce pas du Guesclin ou Ronsard qu’il cite à l’occasion d’un entretien accordé à L’Opinion, mais Will Smith, mi-flic mi-rappeur, dans le Bad Boys de Michael Bay, summum de crétinerie cinématographique : « Dans ce film, Will Smith domine un couple de flics [référence au mariage pour tous ? NDLR] qui démantèle des truands. Je ne suis pas opposé à ce type de figure de héros qui franchit la ligne rouge à condition que ça soit pour le bien. »Hormis les privautés prises avec la langue – on démantèle une bande de truands et non point les truands eux-mêmes –, un petit rien de ne je sais quoi nous empêche de voir ce jeune premier, de la classe seulement, se transformer en tête brûlée capable de franchir ne serait-ce qu’un début de « ligne rouge ». Mais peut-être sommes-nous cruels.
Laurent Wauquiez en Will Smith dans Bad Boys ? Allez savoir pourquoi, mais le costume de Rowan Atkinson dans Mr Beanparaît mieux correspondre à sa stature de chef né.